Étiquette : couple

Au fil des pages avec Malgré tout

J’avais lu, en mai 2022, Malgré tout de Jordi Lafebre (éd. Dargaud, septembre 2020, 152 pages), un roman graphique avec l’histoire d’un amour à rebours entre Ana et Zeno, l’auteur partant du chapitre 20 au chapitre 1. Désormais sexagénaires, ils arrivent à un nouveau tournant de leur vie. Mais que s’est-il passé depuis 37 ans dans leur vie pour en arriver là que maintenant? Nous remontons ainsi leur fil de leur histoire d’amour.

La structure narrative est, en effet, étonnante, sous forme de puzzle amoureux dans lequel chaque pièce du passé permet d’arriver au dénouement qui n’est pas une fin mais la concrétisation d’un amour. En remontant le cours de leur vie, on se demande ce qui a fait qu’aucun des deux n’a jamais jusque-là sauter le pas vers une relation de couple.

Leur histoire est belle, touchante et romantique même si elle a pris le temps d’une vie pour ce couple aux personnalités bien différentes, à l’instar de leur prénom, chacun à l’extrémité de l’alphabet (A et Z), d’oser afficher au grand jour leurs sentiments tus jusqu’alors, entre occasions manquées, doutes, aléas de la vie privée et professionnelle, non-dits ou peur de sauter le pas dans cet amour fou. Les deux ont une vie bien remplie: elle: mariée, mère et maire de sa ville, aux faux airs d’Audrey Hepburn et d’une autre héroïne de Jordi Lafebre tout aussi espiègle mais blonde, Eva Rojas dans Je suis leur silence et lui, ancien libraire qui a passé sa vie à écrire sa thèse, à voyager à travers le monde, à ne jamais s’engager sentimentalement et à l’esprit bohême.

J’ai aussi bien apprécié les illustrations colorées, expressives (notamment dans les échanges de regard), dynamiques, pleines de pep’s et qui nous entraînent dans le tourbillon des émotions du couple Ana/Zeno, me faisant penser à la chanson de Serge Rezvani, Le tourbillon de la vie chantée par Jeanne Moreau. Un très bon moment de lecture avec cette histoire pétillante et légère d’Ana et de Zeno mais bien plus amère pour Guiseppe, l’époux d’Ana et dont on peut la relire à l’envers, du chapitre 1 à 20!

Pour d’autres avis sur cette BD: Blandine et Eimelle.

Participation #3 (Parcours illustré) Challenge Le tour du monde en 80 livres 2024 de Bidib #Espagne

Au fil des pages avec Edelweiss

J’ai lu l’année dernière Edelweiss de Cédric Mayen et Lucy Mazel (éd. Glénat, coll. Vents d’Ouest, juin 2017, 96 pages), un roman graphique pour les adultes. Lors d’un bal d’après-guerre, à l’été 1947, Olympe, fille de politicien et Edmond, jeune ouvrier chez Renault se rencontrent. Passionnée d’alpinisme, Olympe rêve d’escalader le Mont-Blanc comme son aïeule, Henriette d’Angeville. Au fil des ans, la détermination d’Olympe reste intacte, malgré la routine quotidienne et les aléas de la vie, Edmond lui apportant aide et soutien. Mais pourra-t-elle réaliser son rêve? Ou n’est-ce qu’un projet insensé aussi rare que la fleur d’edelweiss?

J’ai apprécié ce couple amoureux et soudé qui évolue au fil du temps et des aléas de la vie, la transformation la plus importante étant celle d’Edmond qui par amour en vient à adhérer au rêve fou de sa femme. Il y est ainsi question d’amour, de passion, d’émancipation féminine, Olympe tournant le dos à sa famille aisée, devenant couturière, pour aimer qui elle veut et accomplir son rêve, d’inégalités sociales, de condition de la femme dans une société en pleine mutation, de handicap, de dépassement de soi, de libertés…

Graphiquement, j’avais été attirée par l’illustration de couverture et l’intérieur est à son image, en particulier les cases dédiées à la montagne, vaste étendue de libertés. On a envie de s’y évader comme Olympe. Un très bon moment de lecture!

Challenge Petit Bac d’Enna #6 Catégorie Végétal: « Edelweiss »

Au fil des pages avec La passe dangereuse

Pour la journée du 11 juin 2022 du Mois Anglais dédiée à Somerset Maugham, j’ai lu La passe dangereuse de Somerset Maugham (éd. 10/18, rééd. 2019, 183 pages), court roman psychologique paru pour la première fois en 1925. Dans les années 20, après avoir accepté sous la pression familiale et sociétale un mariage sans amour avec Walter Lane, un terne et froid médecin-bactériologue maladroitement amoureux d’elle, Kitty, une jeune femme naïve et frivole de 25 ans part vivre à Hong-Kong et prend un amant séducteur et arrogant, Charles Townsend dont elle tombe très vite éperdument amoureuse. Son mari le découvre et lui pose un ultimatum: le divorce, ce qui provoquerait un scandale dans la haute société anglaise ou un départ immédiat pour un petit village chinois touché par une épidémie de choléra. Repoussé par son amant déjà marié, Kitty suit donc à contrecœur son mari en Chine. Leur couple survivra-t-il?

En enchaînant de courts chapitres au style épuré mais non dénué de sensibilité, Somerset Maugham décortique la personnalité et les états d’âme de chacun des personnages, en particulier de Kitty qui face aux épreuves qu’elle traverse va se découvrir. Il y est ainsi question de mariage arrangé, de condition de la femme dans les années 20, de relation de couple, du sens du devoir et du sacrifice, du poids des erreurs, des commérages et du pardon, que ce soit à travers Kitty ou des autres personnages gravitant autour d’elle (Walter se dévouant à corps perdu dans son travail, Charlie séducteur et arriviste qui tiendra à son mariage malgré ses infidélités, Waddington vivant avec une Mandchoue ou bien encore les religieuses catholiques s’occupant de l’orphelinat et des jeunes filles chinoises orphelines ou abandonnées à la naissance…).

J’ai apprécié la façon dont l’auteur dissèque psychologiquement ce couple si mal assorti tout en questionnant le sentiment amoureux et en posant un regard acerbe et cynique sur le mariage, institution qui oppresse les époux, la liberté n’étant alors recouvrée que par le veuvage, même si je ne me suis pas attachée à l’héroïne en quête de soi et de paix intérieure, prisonnière de son époque, pleine d’états d’âme et bercée d’illusions. Un bon moment de lecture à remettre toutefois dans le contexte de l’époque, notamment vis-à-vis du racisme et de cette supposée supériorité anglaise à l’égard des Chinois colonisés!

Pour d’autres avis autour d’un livre de Somerset Maugham: Lou et Hélène avec Il suffit d’une nuit, Nathalie avec Le sortilège Malais et qui avait déjà lu et chroniqué La passe dangereuse.

Participation #3 au Mois Anglais 2022 de Lou et Titine #Somerset Maugham

Participation #6 Challenge 2022 en classiques de Blandine et Nathalie #Classique anglais

Participation #43 Challenge Le tour du monde en 80 livres de Bidib #Angleterre

Au fil des pages avec le tome 1 du Poids des secrets

Pour la lecture commune du 8 avril d’Un mois au Japon,  j’ai choisi de découvrir Tsubaki d’Aki Shimazaki (éd. Actes Sud, coll. Babel, n°712, 1999, rééd. 2016, 115 pages), un roman court constituant le premier tome de la première pentalogie Le poids des secrets de cette autrice japonaise.

Dans les années 1990, Yukiko, dans la soixantaine, vient de mourir et laisse à sa fille Namiko deux lettres écrites trois semaines avant sa mort, une à son attention et la seconde qu’elle doit remettre à un certain Yukio Takahashi dont Namiko n’a jamais entendu parlé. Qui était-il pour sa mère? Quel terrible secret familial cachait Yukiko qui avait pourtant survécu à la bombe atomique tombée sur la ville de Nagasaki le 9 août 1945?

En lisant cette lettre-testament, Namiko est sous le choc des révélations de sa mère sur son enfance paisible à Tokyo puis son adolescence de 14 à 16 ans à Nagasaki en pleine Seconde Guerre mondiale mais aussi sur son grand-père paternel qui a certes péri lors du bombardement atomique mais pas de la façon dont elle le pensait. Yukiko y décrit sa vie d’alors, son premier amour impossible avec Yukio, la découverte des mensonges et choix de son père qui se révèle derrière un père aimant bien lâche, égoïste et manipulateur en mari infidèle…

J’ai beaucoup apprécié ce court roman à l’écriture simple, épurée et pourtant rempli d’émotions contenues. L’autrice aborde, de façon pudique et délicate, des thèmes graves et douloureux à travers une histoire de famille centrée sur le père d’Yukiko qui se mélange à la grande Histoire: deuil, poids pesant des traditions familiales dans le Japon du début du XXe siècle et ses conséquences sur la relation de couple (mariage arrangé, adultère…), conditions de vie pendant la Seconde Guerre mondiale (travail des enfants dans l’effort de guerre, difficulté pour se nourrir, cruauté des soldats japonais, racisme à l’égard des Coréens, prisonniers américains, bombe atomique des Américains…), etc.

Un très bon moment de lecture avec Tsubaki qui signifie camélia, la fleur préférée d’Yukiko qui voulait mourir de la même façon que le camélia rouge et qui était l’emblème des Samouraïs! J’ai hâte de pouvoir lire les tomes suivants de ce premier cycle qui permettent d’en découvrir un peu plus sur les personnages et les faits évoqués dans ce premier tome ainsi que les cycles suivants.

Pour le challenge Des livres (et des écrans) en cuisine, j’ai enfin noté quelques passages gourmands comme par exemple un repas du matin japonais (p.65): « du riz, de la soupe miso, des œufs et des nori », le petit déjeuner des parents de Namiko, cette dernière préférant « manger du pain avec de la confiture et du lait ».

Pour d’autres avis avec cette LC autour d’un livre d’Ari Shimazaki: Hilde avec Sémi (tome 2 du cycle 4) et qui avait aussi lu Tsubaki comme Lou, Maggie avec Mitsuba (le tome 1 du cycle 2, Au cœur du Yamato) et Katell avec Azami (tome 1 du cycle 3, L’ombre du chardon).

Participation #2 Un Mois au Japon 2022 d’Hilde et Lou #LC autour d’un livre d’Ari Shimazaki

Participation #10 Challenge Des livres (et des écrans) en cuisine 2022 de Bidib et Fondant #Cuisine japonaise

Participation #24 Challenge Le tour du monde en 80 livres de Bidib #Japon

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