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Au fil des pages avec le tome 1 de la BD Miss Charity

J’emprunte à nouveau à la médiathèque le tome 1 de Miss Charity, L’enfance de l’art de Loïc Clément et Anne Montel (éd. Rue de Sèvres, 2020), l’adaptation en BD du roman éponyme de Marie-Aude Murail, ayant déjà lu les deux l’année dernière.

Ce premier tome reprend la première partie du roman d’apprentissage jusqu’au départ de la gouvernante, la veille des 15 ans de l’héroïne, en ouvrant l’histoire non comme le roman aux 5 ans de Charity mais sur un événement survenu à Londres, en 1886. Alors qu’elle sort furieuse de chez Monsieur Dampf à qui elle a vendu des aquarelles, Miss Charity Tiddler évite de peu l’accident de la circulation et se replonge dans son passé, vers l’âge de 5 ans. C’est à cet âge qu’elle a commencé à élever sa première souris, Miss Petitpas pour rompre sa solitude de fille unique avant d’avoir une véritable ménagerie d’animaux blessés et/ou sauvés (ou non) des mains de la cuisinière. La petite fille est d’ailleurs couverte par sa bonne écossaise Tabitha puis aussi plus tard, à ses 10 ans, à la gouvernante française, Mademoiselle Blanche Legros.

Vivant librement son enfance dans la Nature et les livres, la petite fille grandit selon ses envies, loin des contraintes sociales imposées aux jeunes filles de la haute société victorienne et avec toute une ménagerie d’animaux qui inspireront plus tard ses aquarelles. Nous sommes loin de l’éducation rigoureuse imposée alors aux jeunes filles de son rang. Ici, il est question d’autonomie, de liberté et d’épanouissement personnel qui poseront les fondements de sa vie d’adulte, une jeune femme émancipée.

Comme dans le roman, le thème de la mort est présent et est partie prenante de la vie de l’héroïne et ce dès les premières pages avec une discussion sur la religion entre Charity alors âgée de 5 ans et sa mère. La petite fille a pour amies imaginaires ses petites sœurs décédées avant de les remplacer par sa ménagerie. Les morts nombreuses des animaux recueillis par Charity dans sa nursery sont traitées à hauteur d’enfant et comme objets d’expériences scientifiques, sans l’empathie qu’un adulte y mettrait et bien qu’elle soit effrayée par les histoires terrifiantes de sa bonne Tabitha.

Outre ses recherches scientifiques sur la faune et la flore de son jardin, Charity voue une autre passion aux oeuvres de Shakespeare, les apprenant par cœur.  Il est ainsi aussi question de théâtre, de vie et de passion amoureuse, comme par exemple lorsque Charity s’immisce dans la relation entre sa gouvernante et Herr. Schmal, le précepteur allemand de son cousin.

Je retrouve ainsi dans cette BD jeunesse toute l’espièglerie de la petite fille, sa candeur enfantine tout comme son imagination débordante qui rompe sa solitude et qui assouvit sa curiosité insatiable et sa soif de connaissance, comme cela ressort notamment de sa relation avec Kenneth Ashley qu’elle a rencontré un soir de Noël chez ses cousins et qu’elle croque dans ses dessins sous les traits d’un renard anthropomorphe. Ce n’est d’ailleurs pas le seul à être croqué sous forme d’animaux mais c’est celui qui accapare le plus les pensées de Charity, la relation Charity/Kenneth étant, je trouve, plus appuyée dans cette adaptation en BD.

Les illustrations à l’aquarelle, douces et colorées rappellent celles  naturalistes de Beatrix Potter qui a inspiré cette histoire à Marie-Aude Murail. La mise en page est aérée et dynamique, reproduisant le tourbillon des idées et pensées enfantines de Charity. J’ai trouvé cette adaptation fidèle et réussie au roman originel avec ce petit brin de fantaisie, d’insouciance et de fraîcheur propre au personnage de l’héroïne et aussi avec l’humour déjà présent dans le roman. Un bon moment de lecture avec cet ode à l’enfance, à la Nature et à la lecture et qui appelle à lire les deux tomes suivants, un triptyque étant prévu!

Pour d’autres avis sur ce premier tome: Bidib et Enna.

Participation #15 au Mois Anglais de Lou, Titine et Cryssilda #Adaptation en BD

Participation #31 Challenge A year in England pour les 10 ans du Mois Anglais de Lou, Titine et Cryssilda #Adaptation en BD

Participation #13 au Challenge Cottagecore 2021 de MissyCornish #Les propriétés et jardins dissimulés

Challenge Petit Bac d’Enna #9 Catégorie Être humain: « Miss »

Au fil des pages avec Miss Charity

Début mars, j’ai emprunté à la médiathèque Miss Charity de Marie-Aude Murail et illustré par Philippe Dumas (éd. L’école des loisirs, 2008, rééd. 2013), un roman jeunesse à partir de 13 ans. Cela faisait déjà quelques temps que j’avais repéré ce roman et dans l’incertitude du confinement qui semblait s’annoncer, je me suis dit que ce roman de plus de 500 pages pourrait rejoindre ma PAL. Je commence à le lire le week-end dernier. Et l’histoire me diriez-vous?

Nous suivons la vie de Charity  Tiddler  dans les années 1880, une petite fille de 5 ans au début du roman, et ce sur plus de vingt ans. Appartenant à la haute société londonienne, Charity apprend très tôt à bien se tenir en société pour ne pas contrarier ses parents tout en se créant son propre imaginaire. En effet, dans la nursery du troisième étage de la maison londonienne, Charity se construit une ménagerie avec une première petite souris sauvée qui sera rejointe par d’autres animaux blessés ou échappant à la casserole. Elle peut compter sur Tabitha, sa bonne écossaise et puis sur sa  gouvernante française, Mademoiselle Blanche Legros qui lui fait découvrir l’aquarelle. 

Quittant Londres chaque été pour la campagne anglaise, à Dingley Bell, auprès de ses cousins – Ann, Lydia et Philip  Beltram et d’un ami de la famille, Kenneth Ashley, Charity peut se consacrer pleinement à l’étude de la Nature, d’abord esthétiquement puis le plus scientifiquement possible, comme l’anatomie des animaux, les champignons… Elle reste toujours une jeune fille puis une jeune femme marginale et solitaire mais qui s’épanouit dans son univers rempli d’animaux et qui continue d’apprendre par cœur l’œuvre de William Shakespeare et de remplir ses carnets de dessins. Arrivera-t-elle à trouver sa voie?

Au fil des pages, cette petite fille qui grandit, d’année en année, avec sa ménagerie me fait de plus en plus penser à une célèbre autrice de livres pour enfants ayant vécu au XIXe siècle: Beatrix Potter. Librement inspiré de sa vie, ce roman est captivant. Il y est aussi question de la condition de la femme au XIXe siècle, Charity détonnant par exemple avec ses cousines qui ne pensent qu’à faire un bon mariage et qui ose, dans la sphère bien pensante de la haute société anglaise de l’époque victorienne, vouloir gagner sa vie en travaillant et être indépendante.

Contrairement à Ma vie a changé que j’avais lu il y a quelques mois et dont je ne garde qu’un avis mitigé, j’ai vraiment apprécié ici le style d’écriture de Marie-Aude Murail, avec cet humour so british qui me rappelle mes lectures de Jane Austen. La narration à la première personne est celle du roman, même si  le texte reprend la forme d’une pièce de théâtre dans ses dialogues (ce qui n’est pas surprenant tant le théâtre est omniprésent dans l’histoire avec Shakespeare, le métier de comédien de Kenneth, Oscar Wilde ou encore Bernard Shaw). Le texte est également ponctué de nombreuses illustrations à l’aquarelle de Philippe Dumas qui complètent la fantaisie de l’héroïne, notamment en donnant vie à ses animaux comme Master Peter ou le canard Cook.

Finalement, j’ai lu en une journée ce roman, laissant dernière moi, presque à regret, la vie de Miss Charity. Quoique, j’ai déjà repéré son adaptation en BD, un premier tome de Loïc Clément et Anne Montel, Miss Charity, L’enfance de l’art, étant sorti en février 2020. Coup de cœur pour ce roman jeunesse!

Pour un autre avis: Missycornish.

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