J’ai lu Soleil vert de Harry Harrison (éd. J’ai lu, rééd. juin 2014, 307 pages), un roman policier dystopique paru pour la première fois aux États-Unis en 1966 sous le titre Make Room! Make Room! dans lequel on suit l’enquête de l’inspecteur Andrew « Andy » Rush pour trouver le coupable d’un meurtre dans un New-York surpeuplé et rationné en eau et en nourritures, en août 1999. Ce policier trentenaire a une vie bien routinière et est un peu mieux loti que les autres new-yorkais compte-tenu de son métier. Il a un toit, louant une chambre à un vieil homme, Solomon Khan avec qui il partage l’appartement modeste et de quoi se nourrir. Chaque jour, avec les collègues de sa brigade, il part disperser les manifestations des Aînés ou les émeutes qui se produisent lors de chaque nouvelle restriction d’eau ou de distribution de nourriture de synthèse pour ceux qui possèdent les cartes d’Allocation.
Mais un jour, il se voit confier une enquête sensible qui lui accapare encore plus son temps et qu’il ne peut classer rapidement comme d’ordinaire, ses supérieurs subissant des pressions politiques: élucider le meurtre de Michael O’Brien « Big Mike », un riche homme véreux habitant de le quartier huppé de Chelsea Park; ce qui l’amène à faire la connaissance de la petite amie du défunt, Shirl Greene, une belle jeune femme de 23 ans dont il tombe amoureux.
De son côté, le coupable de ce cambriolage raté, Billy Chung, un jeune homme d’origine taïwanaise et âgé de 18 ans ne peut que fuir dans les bas-fonds de la ville afin d’échapper aux autorités, parmi la multitude de sans-abris. Il pensait pourtant avoir réussi à se sortir de la pauvreté, après avoir revendu des steaks de Soylent volés et améliorer ses conditions de vie en étant coursier de télégrammes pour la Western Union.
Construit de façon classique, les chapitres alternent entre les points de vue du policier et du meurtrier, ce cambriolage raté ayant des répercussions inéluctables sur leur vie et permettant à l’auteur d’étoffer son univers dystopique, en plein été caniculaire: vieillissement de la population, pauvreté, criminalité, réchauffement climatique, corruption, inégalités sociales, disparition des ressources naturelles, pollution, survie pour l’eau, la peur de l’An 2000, peu d’espoir de vie meilleure pour les jeunes… Il y est d’ailleurs avant tout question d’une réflexion autour des causes de cette surpopulation, l’auteur critiquant vertement le rôle de la religion dans l’interdiction de la contraception. Contrairement à la plupart des récits SF comme par exemple dans L’oiseau moqueur de Walter Tavis, il n’y a d’ailleurs aucun contrôle des naissances qui aurait mal tourné.
Le récit est également bien noir et pessimiste, tant la vie du policier que celui du coupable semblant ne pouvoir aller que de mal en pis, même lorsque des rencontres fortuites pourraient leur permettre une trajectoire de vie différente et meilleure. Quel avenir possible pour la jeunesse? Un bon moment de lecture même si je l’ai trouvé en-deça du film!
Malgré les pénuries alimentaires et une alimentation de synthèse à base de soja, d’algues et de planctons (comme les steaks de Soylent (à base de lentilles et de graines de soja), les biscuits aux algues, bouillies d’avoine et biscuits marrons…), j’ai noté quelques passages « gourmands » avec les plats et boissons préparés par Shirl et partagés avec Andrew et provenant du marché noir (du steak de bœuf, du whisky, du champagne…).
Petit aparté ciné: J’ai trouvé le film réalisé par Richard Fleischer et sorti en 1973 et avec dans les rôles-titres Charlton Heston (Frank), Leigh Taylor-Young (Shirl) et Edward G. Robinson (Sol), vu il y a très longtemps, bien plus percutant que le roman originel qui n’est finalement pas une adaptation si fidèle que cela puisque des idées bouleversantes du film ne sont pas présentes dans le roman notamment la banalisation de l’être humain comme bien de consommation, l’utilisation des dégageuses (et non comme le roman les camions antiémeutes dotés de canons à eau pour repousser les émeutiers) et la victime, William Simonson étant un des dirigeants de Soylent Corporation qui voulait révéler la nature écœurante des derniers aliments de synthèse créés, le policier en charge de l’enquête, Frank Thorn, se retrouvant au cœur d’un complot politico-financier en 2022. Le personnage du garde du corps a totalement été modifié également.

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