Étiquette : inégalités sociales (Page 1 of 4)

Au fil des pages avec Orgueil et préjugés

J’étais curieuse de découvrir la nouvelle adaptation en roman graphique d’Orgueil et préjugés, même si ma tentative précédente, en début d’année, avec le tome 1 de la trilogie Orgueil & Préjugés, Les cinq filles de Mrs Bennet d’Aurore, d’après Jane Austen (éd. Soleil, septembre 2019, 48 pages), une BD jeunesse pour les adolescents avait été décevante. Hésitant à l’acheter, j’ai opté pour une version numérique via ma médiathèque, Orgueil et préjugés de Claudia Kühn et Tara Spruit, d’après Jane Austen (éd. Jungle, octobre 2024, 249 pages), un roman graphique au petit format.

La famille Bennet est en effervescence avec la venue d’un nouveau voisin, riche et célibataire, Mr Bingley accompagné de sa sœur, Caroline et de son ami Mr Darcy. Les 5 filles Bennet auront-elles l’occasion de se marier? Alors que Mr Bingley semble irrésistiblement attirée par l’aînée Jane, la position sociale de la famille Bennet sera-t-elle un obstacle à tout mariage? Elizabeth « Lizzy », la seconde acceptera-t-elle également de se marier sans amour? 

Les illustrations sont à l’image de la couverture. L’adaptation est fidèle au roman même si comme chez Aurore, il me manque la plume ironique de Jane Austen. On retrouve les grands moments clés et même certains dialogues mais tout s’enchaîne vite, avec des transitions parfois abruptes faisant perdre le charme du roman. Tout semble linéaire, fade et sans relief. Les personnages sont croqués de façon un peu trop moderne à mon goût, avec des postures et mimiques un peu trop figées et semblables de case en case, loin de l’étiquette et convenances sociales alors en vigueur à l’époque géorgienne. Les cases sont pourtant dynamiques avec un côté manga dans les « confrontations » de regard. J’ai trouvé plus réussi les décors en extérieur et jeux de lumière, comme lorsque Lizzy se rend auprès de sa sœur malade ou lorsqu’elle découvre Pemberley.

Je conseille de lire avant le roman qui est bien meilleur, la critique sociale et l’ironie étant totalement occultées dans cette adaptation qui s’attache plus aux sentiments entre Elizabeth Bennet et Fitzwilliam Darcy. Le jeu des apparences et des faux-semblants est bien moins marqué ainsi que la rivalité Darcy/Wickham, ce dernier étant peu présent, tout comme la tension entre devoir et amour.  Même les inégalités sociales sont mises de côté, allant jusqu’à montrer Mrs Bennet en train de faire l’argenterie et tisonner le feu de cheminée!

Vous l’aurez compris, cette lecture sera vite oubliée, manquant de piquant et de profondeur, même si le trait de crayon de Tara Spruit n’est pas déplaisant. Je m’en tiendrai une nouvelle fois au roman et à l’adaptation que je trouve la plus réussie (petit côté nostalgique sans doute), la mini-série de la BBC de 1995 découverte lors de sa diffusion sur TMC avec dans les rôles principaux Jennifer Ehle et Colin Firth. J’ai enfin relevé quelques bulles gourmandes pour le challenge Des livres (et des écrans) en cuisine avec les repas de la famille Bennet ou l’heure du thé en compagnie de leur cousin et futur héritier de Lougbourn.

Participation#10 Challenge 2024 sera classique aussi! de Nathalie #Adaptation classique anglais

Participation # (Parcours illustré) Challenge Le tour du monde en 80 livres 2024 de Bidib #Allemagne (scénariste)

Challenge Petit Bac d’Enna #5 Catégorie Sentiments: « Orgueil »

Participation # Challenge Des livres (et des écrans) en cuisine 2024 de Bidib et Fondant #Cuisine anglaise

Au fil des pages avec L’attaque du Calcutta-Darjeeling (T1)

J’ai lu L’attaque du Calcutta-Darjeeling d’Abir Mukherjee (éd. Liana Levi, octobre 2019, 464 pages), un roman policier historique se déroulant à Calcutta, en avril 1919, au temps du Raj britannique. Il s’agit de la première enquête du capitaine Samuel « Sam » Wyndham, ancien inspecteur de Scotland Yard fraîchement débarqué de Londres à Calcutta, après avoir perdu sa femme de la grippe espagnole et été traumatisé par la Grande Guerre. Désormais capitaine dans la police impériale et dépendant des drogues (morphine et opium) et assisté par le sergent indien Satyendra « Sat » Banerjee et l’inspecteur adjoint Digby, il se voit confier une enquête politiquement sensible  puisque cela concerne le meurtre d’un haut-fonctionnaire proche du vice-gouverneur, Alexander MacAuley dont le corps a été retrouvé dans une sombre ruelle près d’un bordel et qui semblait corrompu par un magnat irlandais. Ce meurtre serait-il lié à l’attaque d’un train postal, le Calcutta-Darjeeling?

J’ai apprécié cette enquête historique qui se déroule sur une semaine, même si parfois j’aurai apprécié un peu plus de détails historiques. Les courts chapitres s’enchaînent, le lecteur découvrant en même temps que le capitaine Calcutta à l’époque du Raj britannique, dans une ambiance plus sombre que celle par exemple des enquêtes de Perveen Mistry de Sujata Massey, en particulier la troisième, Le Prince de Bombay (éd. Charleston, avril 2023, 489 pages) et avec un personnage principal plus tourmenté, même si j’ai trouvé son attirance pour Annie Grant bien rapide pour quelqu’un qui est dépeint comme ne s’étant pas remis de son deuil.

Il y est ainsi question d’inégalités sociales (avec le plafond de verre des Indiens comme le sergent Banerjee pour toute ascension sociale ou du statut indéterminé de ceux issus d’une relation mixte (indienne et anglaise) comme Annie Grant une Anglo-indienne et secrétaire de la victime, de racisme « ordinaire » (le capitaine Wyndham se reprochant très vite d’être arrogant et méprisant à l’égard des Indiens sans pour autant y mettre un terme et alors même qu’il reconnaît la compétence et l’intelligence du sergent Banerjee), des lois Rowlatt de mars 1919, des prémices du mouvement indépendantiste de l’Inde mené par Gandhi… Un bon moment de lecture qui ne manque pas d’humour indo-british, surtout de la part de Sat Banerjee et malgré quelques longueurs, l’enquête avançant lentement malgré le laps de temps écoulé! J’ai vu qu’il existait d’autres tomes que je lirai volontiers.

J’ai enfin relevé quelques passages gourmands avec des plats anglo-indiens (riz pilaf aux poissons, tourte à la viande et du whisky) même si ce sont ceux ratés de la logeuse du capitaine.

Pour d’autres avis sur ce roman policier historique qui avait fait l’objet d’une lecture commune en février 2022 pour les Étapes Indiennes à laquelle je n’avais pas pu participer, n’ayant pas réussi à l’emprunter à temps: Hilde, Rachel et Pativore.

Participation #4 Les Étapes Indiennes 2024 de Hilde #Roman policier historique

Participation #11 Challenge Des livres (et des écrans) en cuisine 2024 de Bidib et Fondant #Cuisine anglo-indienne

Participation #15 (Parcours littéraire) Challenge Le tour du monde en 80 livres 2024 de Bidib #Royaume-Uni (Angleterre)

Participation #2 Challenge Pages de la Grande Guerre de Nathalie #La fin et les suites de la guerre

Participation #1 Le Mois Anglais 2024 de Lou et Titine #Roman policier historique

Au fil des pages avec Le Prince de Bombay (T3)

En mai dernier, j’ai lu la troisième enquête de Perveen Mistry, Le Prince de Bombay de Sujata Massey (éd. Charleston, avril 2023, 489 pages), un roman policier se déroulant en novembre 1921 avec la venue du Prince Edward à Bombay. Lors du passage du convoi princier à l’université de Woodburn, le corps sans vie de Freny Cuttingmaster, un étudiante faisant partie du Syndicat des étudiants hostile à la venue du Prince est victime d’une chute mortelle. Perveen Mistry avait reçu deux jours avant la jeune femme de 18 ans à son Cabinet, cette dernière voulant connaître les conséquences d’un refus à se rendre à la parade en l’honneur du Prince Edward.

Se sentant coupable de ne pas avoir pu éviter ce drame, elle mène son enquête pour découvrir le coupable, mettant en doute la thèse du suicide, que ce soit sur le lieu du drame, à l’université grâce à l’aide de son amie anglaise, Alice qui y enseigne. Mais celle-ci est rendue compliquée par les émeutiers prônant l’indépendance et les services secrets protégeant le Prince. Pourra-t-elle compter sur ses retrouvailles avec Colin Wythe Sandringham qui se voit confier la mission de rester aux côtés du Prince Edward le temps de sa visite, ayant fait ses études avec lui?

Il y est ainsi question de la condition de la femme, non à travers la purdah comme dans les deux premiers tomes mais sous l’angle de l’émancipation féminine: accès aux études supérieures plutôt que le mariage pour Freny ou l’accès à la salle du coroner pour Perveen qui en tant qu’Avocate ne peut toujours pas plaider et qui assiste la famille endeuillée. Il y est, en effet, aussi question du deuil au sein de la communauté parsie avec les rites funéraires à suivre, la famille du défunt se retirant au sein du Doongerwardi, à Malabar Hill et de l’enquête du coroner de Bombay, Mr King afin de déterminer les causes du décès de Freny.

Dans cette nouvelle enquête, l’autrice s’attache cette fois à décrire les inégalités sociales et les empêchements sociaux et moraux à des unions mixtes, que ce soit entre Indiens mais de castes différentes ou entre Anglais et Indiens, Perveen ne pouvant être vue en compagnie de Colin au risque de mettre à mal sa réputation et même plus largement celle de la Maison Mistry et du Cabinet de son père.

Outre la violence à l’égard des Britanniques, des oppositions fortes existent également entre les Indiens, notamment à  l’égard des Parsis, communauté à laquelle appartient Perveen et qui sont considérés comme partisans du Raj britannique en place.

J’ai trouvé ce thème intéressant mais peut-être pas suffisamment approfondi et l’enquête un peu trop confuse, l’autrice s’arrêtant un peu trop à mon goût sur les apitoiements de Perveen et ayant choisi un motif de meurtre classique, d’autant que j’avais encore en mémoire ma lecture L’attaque du Calcutta-Darjeeling d’Abir Mukherjee (éd. Liana Levi, octobre 2019, 400 pages) qui se déroule quasiment à la même période, en avril 1919 et qui traite également de la condition des Anglo-indiens et du mouvement indépendantiste dans une ambiance plus sombre et teintée des conséquences de la Première Guerre mondiale.

De même, pour la romance qui avance bien trop eu à mon goût mais qui s’explique par leur statut différent qui empêche tout rapprochement malgré des sentiments partagés.  Un bon moment de lecture, malgré quelques longueurs et même s’il reste en deçà du premier tome qui est mon préféré et qui pouvait se suffire à lui-même! Si un quatrième paraissait, je continuerai toutefois la série.

Sans oublier les passages gourmands faits de plats indiens parsis ou lors d’un deuil.

Pour d’autres avis sur cette lecture commune du mois de mai des Étapes Indiennes 2024 avec une des trois enquêtes de Perveen Mistry: Hilde, Nathalie (tome 2), Katell (tome 2) et Eimelle. Et aussi mes billets sur le tome 1, Les veuves de Malabar Hill et le tome 2, La malédiction de Satapur.

Participation #3 Les Étapes Indiennes 2024 de Hilde #LC

Participation # Challenge Des livres (et des écrans) en cuisine 2024 de Bidib et Fondant #Cuisine indienne

Participation #13 (Parcours littéraire) Challenge Le tour du monde en 80 livres 2024 de Bidib #États-Unis

Challenge Petit Bac d’Enna #4 Catégorie Personne humaine: « Prince »

Participation #3 Le Mois Anglais 2024 de Lou et Titine #Romance historique

Au fil des pages avec Dolorès ou le ventre des chiens

J’ai lu, en février dernier, Dolorès ou le ventre des chiens d’Alexandre Civico (éd. Actes Sud, janvier 2024, 192 pages), un court roman policier avec le face-à-face entre une tueuse en série présumée d’une dizaine d’hommes riches, âgée d’une quarantaine d’année, Dolorès Leal Mayor et Antoine Petit, le psychiatre chargé de l’expertise psychiatrique, tout juste diplômé sur lequel un juge d’instruction a fait pression pour qu’il rende une expertise concluant à la folie de Dolorès. Au cours des entretiens en maison d’arrêt, l’expert psychiatrique parviendra-t-il à découvrir le mobile de ces meurtres?

J’ai été déçue par ma lecture avec deux personnages bien trop caricaturaux et un propos qui va à contre-sens de la politique pénale actuelle qui retient très rarement les cas d’irresponsabilités pénales, même en cas de mise sous tutelle de la personne poursuivie et même si l’idée de ce face-à-face était séduisante, chacun renvoyant à l’autre son mal-être et sa colère face aux « puissants ». Il y est ainsi question d’inégalités sociales, les deux venant de milieux sociaux modestes, que ce soit Dolorès face aux hommes riches de la société patriarcale qui font peu de cas du sort des femmes, réduites à des objets sexuels pour leur bon plaisir ou Antoine qui évolue parmi des parisiens aisés, comme sa petite amie, qui vivent au-dessus de sa classe sociale qu’il méprise tout en en prenant les codes, travers et addictions (alcool et cocaïne).

Je n’ai pas ressenti « cet ode à l’embrasement, à l’incandescence des révoltes » ni vu « une fable contemporaine sur la violence induite par le poids de l’oppression », comme annoncé par l’éditeur.

J’ai d’autre part relevé bien trop d’incohérences et inepties judiciaires à mon goût comme par exemple le fait que Dolorès aille directement en maison d’arrêt, de façon arbitraire, sans passer par la case « garde à vue puisqu’elle a été menottée lors de son interpellation, déferrement, mise en examen devant un Juge d’Instruction et débat contradictoire en vue de son placement en détention provisoire devant un Juge de la liberté et de la détention » ou bien encore l’improbable évasion finale complètement grotesque… Certes il s’agit d’une fiction mais ce face-à-face aurait été sans doute été plus pertinent s’il ne s’était pas ancré dans une époque contemporaine, renvoyant à la procédure judiciaire actuelle française et donc à un État de droit.

Pour d’autres avis sur ce roman: Katell (qui a été bien plus emballée que moi).

Challenge Petit Bac d’Enna #2 Catégorie Partie du corps: « Ventre »

Au fil des pages avec Tant de nuances de pluie

J’ai lu Tant de nuances de pluie d’Asha Lemmie (éd. HarperCollins, coll. Au gré du monde, octobre 2023, 534 pages), le premier roman de l’autrice dont l’histoire se déroule dans le Japon de l’après-guerre, de 1948 à 1964. Secret honteux et scandaleux de la famille, Nori Kamiza est née d’un adultère de sa mère avec un Afro-américain et du fait de son métissage est abandonnée par sa mère, à 8 ans à sa grand-mère maternelle, une princesse impériale japonaise dans la vaste demeure familiale. Cachée au grenier, elle subit  les coups de sa grand-mère, les piques culpabilisantes et les bains à l’eau de javel afin d’éclaircir sa peau ainsi que le lissage de ses cheveux crépus.

Elle semble résignée à son sort jusqu’à l’arrivée, à l’hiver 1851, d’Akira, son demi-frère aîné légitime, futur héritier de la famille et musicien renommé âgé de 15 ans qui défie leur grand-mère et insuffle un peu de vie, d’espoir et d’amour fraternel à la jeune fille qui en retour lui voue une admiration sans bornes (parfois ambiguë) tout en l’initiant à la musique et en lui apprenant à jouer du violon. Nori laissera-t-elle le poids des traditions familiales l’emporter sur sa soif de liberté et d’amour? Sera-t-elle assez forte pour tenir tête à sa grand-mère comme Akari et comme n’avait pas réussi à le faire leur mère?

Il y est ainsi question de la société japonaise d’après-guerre, les nobles familles impériales comme celle sa grand-mère tentant de maintenir les anciennes traditions face à la modernité et au mode de vie américain, de racisme, d’inégalités sociales, de secrets de famille, du poids des apparences et des préjugés, de la condition de la femme, d’émancipation, de deuil, d’éveil à la musique et à la Nature…

Marcin Piwowarski IG

J’ai apprécié le personnage de Nori dont nous suivons le dur passage à l’âge adulte, combattive et attachante qui, malgré les déceptions et trahisons de personnes en qui elle avait donné sa confiance, cherche sa place dans la société et ne semble pas abandonner l’espoir d’une vie meilleure, malgré les machinations de sa grand-mère, les mois d’absence d’Akari parti en Europe pour ses compétitions de musique, son retour avec des amis anglais, Will et sa cousine Alice ou la découverte des carnets intimes de sa mère…

Un bon moment de lecture avec ce roman choral d’apprentissage malgré une fin abrupte et bien pessimiste, l’histoire s’arrêtant sans que je ne m’y sois attendue! Le passé se répétera-t-il? J’aurai bien continué à tourner quelques pages supplémentaires avec un épilogue plutôt que cette fin ouverte.

Participation # Un Mois au Japon 2024 de Hilde et Lou #Roman historique

Participation #9 (Parcours littéraire) Challenge Le tour du monde en 80 livres 2024 de Bidib #États-Unis

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