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Au fil des pages avec Freedom! L’incroyable histoire de l’Underground Railroad

Le mois dernier, dans le cadre de l’AAHM Challenge 2024, j’ai lu Freedom! L’incroyable histoire de l’Underground Railroad de Jennifer Dalrymphe et Justine Brax (éd. Albin Michel Jeunesse, septembre 2021, 91 pages), un documentaire jeunesse grand format à partir de 8 ans selon l’éditeur et qui retrace l’histoire de l’Underground Railroad – le chemin de fer clandestin – était une métaphore d’un chemin d’itinéraires et refuges sûrs emprunté par de nombreux esclaves pour gagner, au-delà de la ligne Mason-Dixon, les États du Nord voire même le Canada, les fugitifs étant aidés en dans leur fuite par d’anciens esclaves, d’Afro-américains libres ou affranchis ou des sympathisants abolitionnistes.

Le fil conducteur du documentaire est celui d’une des grandes figurines historiques de ce mouvement abolitionniste, Harriet Tubman, esclave née en 1820 ou 1822 qui a réussi à s’enfuir puis qui a aidé comme « conductrice » de nombreux esclaves et en étant espionne et infirmière pendant la Guerre de Sécession.

Il y est ainsi question de la construction du réseau, véritable organisation secrète et engagée permettant de venir en aide aux fuyards, de défendre leurs droits et de lutter pour l’abolition de l’esclavage, du gospel, de la loi du 18 septembre 1850 sur les esclaves fugitifs, de la guerre de Sécession et de la victoire des abolitionnistes en 1965 avec la fin de l’esclavage mais qui n’a pas pu empêcher les États esclavagistes d’être ségrégationnistes.

Au détour des pages, nous découvrons d’autres figures historiques qu’Harriet Tubman a ou non rencontrée, comme Mrs Withehall, William Still (fils d’esclaves né libre et gérant la Société contre l’esclavage de Pennsylvanie), Thomas Garrett (un quaker « conducteur » s’étant installé dans le Delaware, un État esclavagiste), des Amérindiens comme les Ottawas sur la route du Canada, Frédéric Douglass (militant abolitionniste), les sœurs Grimké ou bien encore William Lloyd Garrisson (propriétaire du journal The Liberator)…

J’ai beaucoup apprécié la mise en page de ce documentaire. Les illustrations de Justine Brax apportent, en effet, une touche poétique, émouvante et introspective, comme si l’on ouvrait un journal intime avec tout un tas de collages, entre récits s’inspirant essentiellement de la vie d’Harriet Tubman, témoignages et coupures de presse et invitant à poursuivre la réflexion avec les plus jeunes lecteurs.

J’ai également trouvé intéressante la réflexion d’Harriet Tubman sur le parti pris de l’autrice lors de la parution en 1852 de La Case de l’oncle Tom d’Harriet Beecher Stowe et l’impact sociétal que cela a eu dans l’opinion publique. Un documentaire très réussi! Si vous ne l’avez jamais lu, je vous le recommande vivement. De mon côté, j’ai noté les références bibliographiques mentionnées à la fin de l’ouvrage.

Pour d’autres avis: Blandine.

Participation #3 AAHM Challenge d’Enna #Documentaire jeunesse

Au fil des pages avec Underground Railroad

Dans le cadre de l’AAHM Challenge 2024 le mois dernier, j’ai lu Underground Railroad de Colson Whitehead (éd. Albin Michel, août 2017, 416 pages), un roman historique qui a reçu le Prix Pulitzer en 2017 et se déroulant dans les années 1850 aux États-Unis.

Abandonnée quelques années auparavant par sa mère, Cora est une esclave de 16 ans dans une plantation de coton en Géorgie. Elle accepte de s’enfuir avec Caesar, un esclave plus âgé et récemment arrivé de Virginie. Ils tentent de retrouver leur liberté et de gagner un des États du Nord, poursuivis par un chasseur d’esclaves et aidés en chemin par des sympathisants abolitionnistes. Les événements traumatisants s’enchaînent et s’acharnent sur Cora, cette dernière tentant de garder à distance les gens et de ne pas trop vivre les instants de liberté retrouvée, de peur d’une nouvelle déception ou d’accorder sa confiance à la mauvaise personne. L’espoir est-il, en effet, encore possible face à tant d’obstacles et de haine raciale?

J’ai été surprise par le parti pris, un brin fantastique, de l’auteur de décrire un véritable réseau ferroviaire souterrain (Cora et Caesar montant vraiment à bord d’un vieux train dans une voie ferrée creusée sous terre pour fuir la Géorgie vers la Caroline du Sud par exemple) alors que dans les faits, l’Underground Railroad – le chemin de fer clandestin – était une métaphore d’un chemin d’itinéraires et refuges sûrs emprunté par de nombreux esclaves pour gagner, au-delà de la ligne Mason-Dixon, les États du Nord voire même le Canada, les fugitifs étant aidés en dans leur fuite par d’anciens esclaves, d’Afro-américains libres ou affranchis ou des sympathisants abolitionnistes.

J’ai apprécié les différents points de vue qui permettent à l’auteur de dresser un tableau de l’époque annonciateur quelques années plus tard de la Guerre de Sécession, les partisans abolitionnistes et humanistes s’opposant aux ségrégationnistes, ces derniers traitant de façon ignoble et inhumaine les Afro-Américains subissant les pires sévices et réduits à des objets, des politiques hypocrites de certains États comme la Caroline du Nord qui utilisent les fuyards ou affranchis comme cobayes pour des essais et expériences médicales ou pratiquer une stérilisation de masse par exemple, même si celui de la mère de Cora n’était peut-être pas nécessaire et même si cela a rendu plusieurs fois le rythme du roman peu fluide et peu romanesque, dans un ton plus documentaire ou cours d’Histoire que fiction (la plupart des chapitres débutant par les récompenses pour la capture des fuyards). Sur le même thème, j’ai trouvé plus bouleversant Beloved de Toni Morrison.

Pour d’autres avis sur ce roman: Enna (en version papier et audio) et qui renvoie à d’autres avis de lectrices.

Participation #2 AAHM Challenge d’Enna #Roman historique

Participation #4 (Parcours littéraire) Challenge Le tour du monde en 80 livres 2024 de Bidib #États-Unis

Au fil des pages avec le tome 1 de L’Empire des Femmes

J’ai lu le premier tome de la duologie, L’Empire des Femmes, Sapienta de Cassandre Lambert (éd. Didier Jeunesse, 2022, 352 pages), un roman young adult à partir de 15 ans. À Sapienta, l’heure du grand tournoi de gladiateurs, le Tournoi de la Procréation, approche. Les hommes qui survivront au tournoi deviendront Géniteurs. Parmi les 200 sélectionnés par les Rafleuses sur Teneros, l’île des hommes, il y a Elios, un jeune homme de 20 ans aux yeux vairons désormais prénommé « Numéro 14 » et son meilleur ami, Nikolaos « Nikos », âgé de 21 ans devenu « Numéro 13 » ainsi que Félix, un adolescent de 16 ans qui a menti sur son âge. Ils ont pour mission de mettre un terme au système politique en place, leur cible étant Adona Katanos qui venant d’avoir 18 ans a été inscrite contre sa volonté par sa mère pour être Future Mère avec sa meilleure amie Cyrène. Arriveront-ils à l’approcher et rester vivants jusqu’à l’issue du tournoi?

J’ai apprécié ce renversement de situation dans un univers de Grèce antique, l’inégalité Homme/Femme étant inversée, les femmes dominant les hommes selon la Bible, l’Homme ayant mangé le fruit défendu et non la Femme et étant par nature violent et bestial. Pour survivre, ces derniers en sont réduits en esclavage: à n’être qu’hommes de compagnie au service des femmes, des Géniteurs ou dans le meilleur des cas selon les femmes, des contremaîtres ou des Oncles qui castrés et portant sur le front la marque O s’occupent des enfants (comme le frère jumeau d’Adona, Adonis qui vient de finir le pensionnat des Hommes modèles).

Il y est question d’égalité des sexes, de nature humaine (les femmes faisant soi-disant preuve de plus d’humanité que les hommes et donc leur seraient supérieures), de sexualité, de libertés, de libre-arbitre… Cette déshumanisation des hommes  m’a d’ailleurs rappelé celle des femmes dans La Servante écarlate de Margaret Atwood. Un bon voire très bon moment de lecture avec ce premier tome même si au vu du jeune âge de l’autrice, certains passages manquent de maturité et de nuances! J’ai hâte de lire la suite, le second tome, Teneros (éd. Didier Jeunesse, 2023, 352 pages) étant paru le 5 avril 2023 mais que ma médiathèque n’a pour le moment pas encore acheté.

Pour un autre avis sur ce roman: Light and Smell.

Au fil des pages avec Blood & Sugar

J’ai lu Blood & Sugar de Laura Shepherd-Robinson (éd. 10/18, 2022, 546 pages), un roman policier historique se déroulant en juin 1781 en Angleterre. Le capitaine Harry Corsham enquête entre Londres et Deptford sur le meurtre de son ami, Tad Archer, avocat et militant abolitionniste qui était sur le point de dévoiler un secret pouvant mettre un terme à la Traite négrière. Qui a tué son ami? Et quel était ce secret?

Entre fausses pistes, mises en garde, silences et difficultés à pouvoir accorder sa confiance, Harry tente de démêler le vrai du faux, en cachant ses propres opinions et faisant fi de mettre en péril sa famille, sa future carrière politique et même sa vie. Mais son enquête dérange jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir soumises au lobby des Caraïbes et bien hypocrites quant au sort réservé aux esclaves noirs considérés comme de simples marchandises dont il ne faut en tirer que du profit, morts ou vivants. En effet, c’est tout le système économique de la ville portuaire de Deptford basé sur le commerce triangulaire et ses nombreux bateaux négriers faisant commerce d’esclaves et de sucre (Afrique, Angleterre et Caraïbes) qui est mis à mal par l’enquête d’Harry. Ce dernier ne peut compter ni sur le juge local, Peregrine Child ni sur le maire, Lucius Stokes, lui-même marchand d’esclaves.

L’écriture est fluide et addictive, les personnages nuancés. L’autrice s’est largement documentée pour écrire ce roman et dépeindre le calvaire des esclaves noirs, s’inspirant de terrifiants faits divers malheureusement bien réels, comme le massacre d’esclaves à bord du Zong en 1781. Elle décrit ainsi une société anglaise corrompue et hypocrite, permettant aux marchands d’esclaves de prospérer et de posséder des esclaves même sur le sol britannique, malgré l’affaire « James Somersett » de 1772.  En effet, il faudra attendre une loi de 1833 pour qu’enfin soit votée en Angleterre l’abolition de l’esclavage. Un très bon moment de lecture qui nous plonge dans un contexte social anglais du XVIIIe siècle dur et éprouvant!

Et je coche au passage la case « La victime en savait trop » du Cherche et Trouve proposé cette année par Hilde et Lou dans le cadre de leur challenge British Mysteries.

Participation #12 Challenge British Mysteries 2022 de Hilde et Lou #Roman policier historique

Participation #84 Challenge Le tour du monde en 80 livres de Bidib #Royaume-Uni

Au fil des pages avec Une saison à Longbourn

Je lis Une saison à Longbourn de Jo Baker (éd. Stock, 2014, 394 pages), un roman reprenant la trame d’Orgueil et Préjugés de Jane Austen du point de vue des domestiques de la maisonnée Bennet. Tous les exergues sont d’ailleurs des extraits du roman originel. C’est un peu la petite histoire dans la grande Histoire. Selon moi, il vaut mieux avoir lu le roman de Jane Austen avant de lire cette adaptation.

A Longbourg, les domestiques s’activent pour répondre aux demandes et exigences de la famille Bennet sans se faire remarquer plus qu’ils ne le devraient du fait de leur condition. Un jour, Mr. Bennet annonce qu’il a engagé un jeune valet, James Smith, ce qui ravit son épouse et bouleverse la vie bien rangée et rythmée des cinq domestiques. Il y a Mrs. Hill, à la fois gouvernante et cuisinière et son époux âgé, Mr. Hill, Sarah, une jeune femme d’environ 20 ans et qui fait fonction de bonne et enfin une jeune servante de 12 ans environ, Polly. 

Il est très agréable de retrouver les différents grands événements qu’a vécu la famille Bennet: l’arrivée de Mr. Bingley et des ses sœurs avec ici, leur valet métisse, Ptolémée Bingley ou encore celle de Mr. Collins, les domestiques étant aux petits soins avec lui pour lui laisser une forte impression et ainsi espérer continuer à travailler sur le domaine de Longbourn lorsque Mr. Collins en sera le propriétaire au décès de Mr. Bennet. Mr. Wickham est tout aussi détestable que dans le roman originel, en s’en prenant à la jeune et naïve Polly.

L’intrigue se concentre surtout sur la jeune bonne, Sarah dans son trio amoureux avec les deux valets, Ptolémée et James et qui suit également Elizabeth dans ses déplacements à Londres puis dans le Kent. Sarah aura-t-elle aussi droit au bonheur, à l’instar des deux sœurs aînées de la famille Bennet?

Ce roman se démarque avec originalité du roman originel en décrivant les difficiles conditions de vie de domestiques au XIXe siècle, à l’époque géorgienne au service de l’aristocratie britannique. Moyennant le gîte et le couvert, la vie des domestiques est simple et difficile, faite de dures et ingrates corvées que nécessitent la tenue d’une maisonnée, de l’aurore à la nuit tombée, selon le bon vouloir de leurs maîtres. Sans les domestiques, pas de feu dans l’âtre, pas de pots de chambre vidés ni de vêtements propres et raccommodés par exemple. Il y a également ses longues heures d’attente pendant que leurs maîtres s’amusent, comme par exemple lorsque James conduit les jeunes filles Bennet aux bals ou que Sarah est perchée sur un strapontin à l’arrière de la calèche, entre les bagages pendant les longs trajets d’Elizabeth, quel que soit le temps. Et au moindre faux pas, les domestiques peuvent être renvoyés sur le champ, avec leur maigre bagage et sans recommandations et peut-être finir dans les ignobles workhouses. Il est également question du travail de très jeunes enfants comme servants. En effet, pauvres orphelines, Sarah et Mary renommée Polly ont commencé à servir la famille Bennet vers l’âge de 6/7 ans.

J’ai ainsi apprécié cette adaptation de ce qu’aurait pu être la vie des domestiques de la famille Bennet avec sa romance et ses secrets de famille, même si elle écorche le personnage de Monsieur Bennet et que j’aurai imaginé différemment les dernières péripéties arrivant à  la fin heureuse (le vagabondage étant un crime à l’époque) et que j’ai trouvées moins austiennes, un brin trop modernes. Il manque également l’humour de Jane Austen qui donnait ce piquant et ce charme de la relation entre Elizabeth Bennet et Mr. Darcy.

Jo Baker aborde enfin, dans la dernière partie de son roman, de façon sombre et critique la Guerre d’indépendance espagnole (1808/1813) et l’esclavage. Là où les officiers gradés en tenue rouge d’Orgueil et préjugés passent leur temps à parader et à batifoler, d’autres soldats sont au front, en Espagne et vivent l’horreur de la guerre avec son lot de traumatismes pendant les Guerres Napoléoniennes. Un bon moment de lecture qui m’a donné envie de relire Orgueil et Préjugés (comme s’il m’en fallait un nouveau prétexte)!

Participation #13 Challenge A year in England pour les 10 ans du Mois Anglais de Lou, Titine et Cryssilda #Époque victorienne

challenge 2021 lire au féminin

Participation #28 au Challenge Lire au féminin de Tiphanya #Autrice britannique

Challenge Petit Bac d’Enna #9 Catégorie Lieu: « Longbourn »

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