Étiquette : assassinat

Au fil des pages avec Automne en baie de Somme

J’ai lu Automne en baie de Somme de Philippe Pelaez et Alexis Chabert (éd. Grand Angle, mai 2022, 64 pages), une BD adulte dont l’illustration de couverture inspirée du peintre Mucha m’a attirée et qui s’est révélée être une intrigue policière en un seul tome se déroulant à la Belle-Époque. En 1896, l’inspecteur parisien Amaury Broyan est chargée de l’enquête du meurtre d’un riche industriel, Alexandre de Breucq, retrouvé empoisonné à bord d’une goélette échouée dans la baie de Somme. Très vite, il suspecte sa veuve qui devient l’unique héritière de son entreprise. Mais le défunt avait également une maîtresse, Axelle Valencourt, un modèle ayant posé pour de nombreux artistes. Qui a bien pu l’assassiner? Et pour quelles raisons?

L’affaire paraît bien plus complexe qu’il n’y paraît et entraîne l’inspecteur dans les différents quartiers de la capitale parisienne, des beaux quartiers aux cabarets de la Butte Montmartre par exemple et même dans les parts d’ombre de sa propre vie, ce dernier n’arrivant pas à contrôler sa colère liée au récent décès de sa fille.

Il y est ainsi question de la condition de la femme à la Belle-Époque (comme le droit à l’avortement ou plus exactement son absence de droit puisque pénalement répréhensible et du statut de la femme mariée), de société secrète, des inégalités sociales (anarchistes, milieu artistique, riches industriels), de vengeance, de séduction… D’ailleurs, l’enquête policière bien sombre est découpée en trois parties qui s’ouvre à chaque fois par un extrait de Quelques lances rompues pour nos libertés (1910) de Nelly Roussel – une essayiste militante féministe et de défense des droits des femmes comme le droit à disposer de leur corps, le droit à l’avortement et d’avoir accès au moyen de contraception – et qui renforce, si besoin était, les profondes injustices liées à la condition féminine, quel que soit son milieu social.

Quant aux planches de dessin d’Alexis Chabert, j’ai apprécié cette plongée dans l’ambiance parisienne de la Belle-Époque où l’on croise édifices en construction et personnages historiques, même si j’ai eu un peu de mal avec les traits des personnages assez brouillons et grossiers. Un bon moment de lecture avec ce polar noir, historique et social qui se finit sur une résolution de l’enquête un brin immoral! Il existe un deuxième tome, Hiver, à l’Opéra que j’ai d’ores et déjà prévu de lire puisque je l’ai emprunté en consultation en ligne grâce à ma médiathèque et dans lequel on retrouve l’inspecteur Broyan pour une nouvelle enquête indépendante de celle-ci.

Pour d’autres avis sur cette BD: Eimelle et Nathalie.

Challenge Petit Bac d’Enna #5 Catégorie Lieu: « Baie de Somme »

Au fil des pages avec La huitième reine

J’ai lu La huitième reine de Bina Shah (éd. Actes Sud, 2016, 356 pages) pour la lecture commune du 14 août 2021 des Étapes Indiennes autour de l’Indépendance du Pakistan. Je l’ai d’ailleurs fini le 14 août mais ne le chronique qu’en cette fin du mois d’août.

Ali Sikandar, un jeune étudiant de 25 ans et reporter pour une chaîne de télévision privée de Karachi est envoyé pour couvrir le retour au pays de Benazir Bhutto en octobre 2007. Est-elle vraiment celle qui permettra un meilleur avenir aux Pakistanais? Ali se laissera-t-il à son tour gagner par la ferveur entourant ce retour?

Contrairement à son père qui est un fervent partisan de Benazir Bhutto, Ali s’interroge sur ce retour et sur cette femme politique et aussi sur sa propre vie (ses choix professionnels avec la possibilité d’intégrer une université aux États-Unis, sa relation amoureuse avec une jeune fille hindoue, les rapports avec son père avec qui il a cessé tout contact depuis que ce dernier a épousé une seconde femme…). La petite histoire côtoie la grande Histoire, entre les questionnements du jeune homme et les trois derniers mois de la vie de Benazir Bhutto, grande figure politique de son pays avant son assassinat en décembre 2007 en pleine campagne électorale.

Les chapitres alternent entre le présent (2007) et le passé, le passé permettant d’éclairer le présent tant celui des trajectoires prises par les protagonistes comme Ali que celui du pays ou plus exactement d’une province du Pakistan, le Sindh. Il y est question des attentes, doutes et espoirs de la jeunesse pakistanaise, du poids des traditions tant culturelles que religieuses, de géopolitique (le pouvoir aux mains des militaires, corruption des élites, le PPP – Parti du peuple pakistanais dirigé par Benazir Bhutto et fondé par son père dans une vision socialiste, les féodaux…)… Plus l’histoire avance plus les liens entre les époques et les personnages se tissent jusqu’au dénouement final inéluctable. Une lecture fort intéressante en totale immersion dans l’histoire pakistanaise!

Pour d’autres avis sur ce roman: Katell et Rachel. Et aussi des avis sur Le cri de l’oiseau de pluie de Nadeem Aslam chez Pativore, L’histoire de Malala de Viviana Mazza chez Blandine et une bibliographie pakistanaise chez Hilde.

Participation #6 aux Étapes Indiennes de Hilde et Blandine #LC

Participation #51 au Challenge Lire au féminin de Tiphanya #Autrice pakistanaise

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