Étiquette : rapport Homme/Femme (Page 2 of 3)

Au fil des pages avec Obsolète

J’ai lu Obsolète de Sophie Loubière (éd. Belfond, février 2024, 528 pages), un roman noir d’anticipation dystopique qui se déroule en 2224, les êtres humains essayant de survivre dans différents villages sous la tutelle de la Gouvernance territoriale tout en faisant face aux pénuries de ressources et à l’infertilité qui a amené, depuis le Grand Effondrement de la civilisation fossile et les crises qui ont suivi à mettre en place le Grand Recyclage, les femmes de plus de 50 ans devant se retirer dans le Domaine des Hautes-Plaines pour laisser leur place à des femmes plus jeunes et encore fertiles.

Désormais âgée de 50 ans comme ses amies d’enfance Odette et Hasna, Rachel est sur le point d’être une retirée, lui restant à peine un mois auprès des siens tandis que son époux Keen archéologue tente d’élucider le décès suspect de 3 fillettes de 8 ans, avec l’aide de de leur fils adolescent, ce triple meurtre ayant été étouffé par les autorités du village.

J’ai apprécié l’univers dystopique dépeint dans ce roman, avec l’idée que la femme est un produit sans grand avenir, à obsolescence programmée à 50 ans, loin des dictatures stéréotypées qu’on peut voit d’habitude même s’il faut être en couple pour avoir un enfant et que j’ai trouvé que l’autrice aurait pu plus approfondir la nature humaine, la puissance de l’amour filial/parental face au diktat du bien de la communauté par exemple et la psyché humaine, ce qu’elle fait en toute fin à travers la résolution du triple meurtre des fillettes.

Mais j’ai eu du mal à croire que dans un monde dans lequel les émotions sont contrôlées par un bracelet modérateur d’humeur posé dès 11 ans et Maya, un cylindre connecté d’intelligence artificielle au point de faire disparaître la criminalité, le racisme, l’homophobie par exemple, il puisse quand même perdurer la jalousie, l’adultère et surtout le sexisme et l’âgisme sélectif, seules les femmes âgées de plus de 50 ans faisant l’objet du Grand Recyclage.

Je n’en dirai pas plus pour ne pas spoiler même si lors du départ pour le Grand Recyclage, les événements m’ont paru un peu trop surréalistes voire grotesques tout en comprenant l’idée défendue par l’autrice derrière. Je n’ai donc pas non plus adhéré au fait qu’aucun membre de la famille de la femme retirée (que ce soit le conjoint enjoint à procréer à nouveau, la femme retirée elle-même ou bien ses enfants) n’ait jamais recherché son ancienne vie et ait fait si définitivement un trait sur son amour au sens large (autre époux ou ses enfants par exemple). Tous vivent avec leurs doutes et leurs regrets mais acceptent bon gré mal gré la situation pour sauver l’Humanité.

Un bon moment de lecture, me demandant s’il fallait craindre le pire pour ces femmes retirées (est-ce un nouveau génocide tel que celui de la Seconde Guerre Mondiale ou un nouveau Soleil Vert?) et qui fait malheureusement écho au discours d’Emmanuel Macron du 16 janvier 2024 défendant un « réarmement démographique » face à la baisse de natalité constatée en 2023 et en proposant un plan de lutte contre l’infertilité!

J’ai, enfin, noté quelques passages gourmands pour le Challenge Des livres (et des écrans) en cuisine 2024 avec de la cuisine végane à base d’aliments de demain comme les repas préparés par le père de Rachel, Charlus comme par exemple ce dîner: « une tarte aux carottes-oignons accompagnée d’une salade, et des muffins à la banane et aux amandes pour le dessert. Du cidre et de la bière brassée à partir de pain rassis blanc et gris accompagneraient le repas des adultes » ainsi que de « la crème de betterave » (p.52) ou bien encore le menu de la fête de départ des mères organisée par Hasna: « bouchées de truite fumée à la réglisse de nos jardins, tartines aux germes de poireau vinaigrés et œufs mimosa sur pain de cannabis, sablés de grillons et crottin de chèvre, ravioles aux insectes, aux algues et au pesto, purée de fruits aux agrumes et au miel, crème de fleurs de monarde, houmous au caramel et vers de farine, flan au sésame et bonbons bananes » (p.156) ou bien encore les derniers pancakes préparés par Rachel le matin de son départ accompagné d’un « thé (…) Fort, pour lui. Chaud. Avec du lait d’avoine et du sucre » (….) Casser des œufs. Peser la farine de pomme. Une pointe de levure et de sel. Beurre, lait, cassonade. Remplir la maison d’une odeur de pâte qui chauffe dans la poêle. Ni l’un ni l’autre n’avons faim » (p.203).

Pour d’autres avis bien plus enthousiastes sur ce roman: Sorbet Kiwi, Bianca et Belette.

Challenge Petit Bac d’Enna #3 Catégorie Adjectif: « Obsolète »

Participation #5 Challenge Des livres (et des écrans) en cuisine 2024 de Bidib et Fondant #Cuisine végane du futur

Au fil des pages avec La pire des princesses

Nous avons lu La pire des princesses d’Anna Kemp et Sara Ogilvie (éd. Milan, avril 2013, 32 pages), un album jeunesse à partir de 5 ans et classé au rayon « Halloween » de notre médiathèque. Il était une fois une princesse Zélie qui s’ennuie d’attendre après le prince charmant d’autant que lorsqu’elle finit par enfin le rencontrer, celui-ci la cantonne au donjon du château. Pourquoi ne serait-ce que du ressort du prince d’être aventurier? Et si la rencontre avec un gentil dragon allait permettre à Zélie de gagner son indépendance et de partir à l’aventure comme elle en rêve depuis si longtemps?

Même si nous avions découvert cette princesse intrépide portant robe et baskets dans la suite de ses aventures, Le pire des chevaliers, il y a quelques années, nous avons bien ri en lisant cette histoire pleine d’humour, en rimes et détournant les contes de fées et les idées reçues sur les princesses. Il y est question d’amitié avec un dragon (avec toujours une tasse de thé à portée de main ou de patte), d’aventures, d’indépendance, de confiance en soi et d’émancipation féminine. Mais il est vrai que Zélie ne croise que des princes peu modernes et peu enclins à l’égalité Homme/Femme. Un très bon moment de lecture avec cet album jeunesse!

Participation #13 Challenge Contes & Légendes 2023 de Bidib #Conte de fées détourné

Participation # Challenge Des livres (et des écrans) en cuisine 2023 de Bidib et Fondant #Thé

Participation #35 (Parcours illustré) Challenge Le tour du monde en 80 livres 2023 de Bidib#États-Unis (Autrice) et Royaume-Uni (Illustratrice)

Participation # Challenge Halloween 2023 de Hilde et Lou #Album jeunesse

Au fil des pages avec Les mauvaises épouses

Repéré quelques mois après sa parution, j’ai lu Les mauvaises épouses de Zoé Brisby (éd. Albin Michel, mars 2023, 336 pages), un roman historique se déroulant entre 1952 et 1953, en pleine Guerre Froide et maccarthysme, sur la base militaire fictive d’Artemisia Lane, dans le désert du Nevada, à quelques kilomètres du site des essais nucléaires et de la toute nouvelle petite ville de Las Vegas qui attire de plus en plus de journalistes et de touristes qui viennent assister en famille et sans protection si ce n’est des lunettes de soleil, au lancement de bombes atomiques comme s’il s’agissait de feux d’artifices et sans avoir conscience des conséquences des retombées radioactives.

A Artemisia Lane, Summer Porter est la dévouée et introvertie épouse d’Edward, le chef du Département scientifique de la base NST – Nevada Test Site – qui voue sa vie au projet de la nouvelle bombe atomique en parfait Américain face à la menace communiste. Summer, elle, est plus réservée sur ce spectacle fait aux essais atomiques qui la rendent malade (nez qui saigne, fausses couches à répétition…). Mais malgré ses doutes qui se sont renforcées depuis qu’elle a visité la ville-témoin (mannequins trop semblables aux humains qui fondent à chaque exposition nucléaire ou tests sur les animaux et les militaires pour étudier les retombées radioactives) et au discours rassurant de son époux, grand défenseur de la bombe atomique qui ne voit aucun risque à vivre si près du lieu de lancement (20km), elle n’en dit rien et accepte de jouer le jeu de la parfaite épouse, que ce soit en organisant ou en participant aux événements mondains liés aux essais ou en intégrant les clubs de lecture ou de marche des autres épouses, pendant que les maris partent travailler.

Un jour, une nouvelle voisine, Charlie, s’installe avec son mari violent et chef de la sécurité à la base, Harry. Les deux femmes se rapprochent, malgré leur caractère opposé, Charlie semblant rebelle, forte et glamour avec ses hauts escarpins rouges et son sourire arrogant, provoquant immédiatement la jalousie et hostilité des autres épouses, en particulier de Lucy qui la prend en grippe en la traitant de vulgaire et d’impolie et qui tente de découvrir ses secrets. Ensemble, elles commencent à rêver à une meilleure vie dans un ranch mexicain, loin de leur mari et des essais nucléaires. Cette soif de liberté leur sera-t-elle salvatrice?

Le duo Summer et Charlie m’a d’ailleurs fait penser à Thelma et Louise, film américain réalisé par Ridley Scott et sorti en 1991 avec dans les rôles-titre Geena Davies (Thelma) et Susan Sarandon (Louise). À l’instar de Thelma, Summer est considérée comme une femme-enfant par son mari qui la rabaisse et l’infantilise sans cesse quand il ne l’ignore tout simplement pas, sa femme n’étant qu’un faire-valoir pour son avancée sociale et professionnelle en tenant son foyer sans faire d’histoire et en organisant, comme les autres femmes de la base militaire, des atomic parties lors des lancements de bombe atomique. Puis, au contact de Charlie, la jeune femme timorée s’émancipe, à tout le moins tente-t-elle de le faire, de son mari (en s’achetant par exemple un jean sans son accord ou en se rendant dans un casino de Las Vegas, en prenant conscience de sa vie terne et ordonnée…) et de la perfidie des autres épouses, en particulier de Lucy, la femme du bras droit de son mari, Mike.

Il y est ainsi question de la condition de la femme américaine dans les années 50, d’inégalités Homme/Femme, d’émancipation féminine, de soif de liberté, de mariage, de maternité, d’homosexualité, de sororité, d’adultère, de violences conjugales, du poids des apparences et du statut social… Un bon voire très bon moment de lecture avec ce roman historique dramatique, à l’écriture fluide, aux courts chapitres rythmés et qui se termine sur une fin ouverte abrupte! 

Participation # Challenge Des livres (et des écrans) en cuisine 2023 de Bidib et Fondant #Cuisine américaine « atomique »

J’ai enfin noté quelques passages gourmands pour le Challenge Des livres (et des écrans) en cuisine avec les « thés trop chauds/fumants » et les « biscuits trop cuits » de Mrs. Burns (et sa belle amitié avec Summer et Penny), les barbecues « atomiques » et soirées cocktails où les épouses rivalisent entre elles pour être la meilleure hôte possible et proposer les meilleurs mets à la mode « atomique » (roulés à la saucisse, cupcakes, petits fours, coktails…) afin que leur mari puisse être bien vu de leur hiérarchie en retour.

Au fil des pages avec Sous les étoiles de Bloomstone Manor

Pendant le Mois Anglais 2023, j’ai lu Sous les étoiles de Bloomstone Manor de Mary Orchard (éd. Casterman, 2023, 310 pages), un roman jeunesse historique à partir de 13 ans. En 1898, Agathe Langley est une jeune femme de 19 ans passionnée par les sciences, en particulier l’astrophysique qu’elle étudie en secret grâce à l’aide de sa gouvernante. Retirée à la campagne avec ses parents, elle fait connaissance de leur voisin, Lord Nathanaël Stone qui l’invite à venir seule dans sa demeure de Bloomstone Manor et à participer à un concours de sciences naturelles organisé par la Royal Society. Contre l’avis de ses parents qui n’envisagent pour elle que le mariage et grâce au patronage de Lord Stone et le soutien d’Adrian Carver, parviendra-t-elle à mener à bien ses recherches sur la découverte d’une nouvelle planète?

Derrière la douce et mignonnette romance slow burn entre Agathe et Adrian, deux jeunes adultes qui ne voient pas que chacun des deux est amoureux de l’autre, il  y est question de la condition de la femme à l’époque victorienne que ce soit au sein de la famille/du couple, de l’accès à l’éducation et aux carrières professionnelles comme les sciences/l’astrophysique (avec des questionnements autour d’une nouvelle planète), des rapports Homme/Femme, d’égalité des sexes, d’homophobie (l’homosexualité étant alors fermement condamnée pénalement), de féminisme ou bien encore de filiation.

L’autrice reprend pour un lectorat adolescent les codes de la romance historique avec des personnages atypiques et attachants. Agathe se révèle déterminée dans sa quête d’émancipation parentale en participant au concours tout en étant timide et incertaine dans ses premiers émois amoureux. Lord Stone est chaleureux et bienveillant à l’égard de tous les êtres qui lui sont chers, que ce soit Adrian, son personnel ou son amour interdit. Un bon voire très bon moment de lecture!

Pour d’autres avis sur ce roman jeunesse: Émilie, Bianca et Belette.

Participation # Le Mois Anglais 2023 de Lou et Titine #Roman jeunesse

 

Challenge Petit Bac d’Enna #3 Catégorie Lieu: « Bloomstone Manor »

Au fil des pages avec le tome 1 de L’Empire des Femmes

J’ai lu le premier tome de la duologie, L’Empire des Femmes, Sapienta de Cassandre Lambert (éd. Didier Jeunesse, 2022, 352 pages), un roman young adult à partir de 15 ans. À Sapienta, l’heure du grand tournoi de gladiateurs, le Tournoi de la Procréation, approche. Les hommes qui survivront au tournoi deviendront Géniteurs. Parmi les 200 sélectionnés par les Rafleuses sur Teneros, l’île des hommes, il y a Elios, un jeune homme de 20 ans aux yeux vairons désormais prénommé « Numéro 14 » et son meilleur ami, Nikolaos « Nikos », âgé de 21 ans devenu « Numéro 13 » ainsi que Félix, un adolescent de 16 ans qui a menti sur son âge. Ils ont pour mission de mettre un terme au système politique en place, leur cible étant Adona Katanos qui venant d’avoir 18 ans a été inscrite contre sa volonté par sa mère pour être Future Mère avec sa meilleure amie Cyrène. Arriveront-ils à l’approcher et rester vivants jusqu’à l’issue du tournoi?

J’ai apprécié ce renversement de situation dans un univers de Grèce antique, l’inégalité Homme/Femme étant inversée, les femmes dominant les hommes selon la Bible, l’Homme ayant mangé le fruit défendu et non la Femme et étant par nature violent et bestial. Pour survivre, ces derniers en sont réduits en esclavage: à n’être qu’hommes de compagnie au service des femmes, des Géniteurs ou dans le meilleur des cas selon les femmes, des contremaîtres ou des Oncles qui castrés et portant sur le front la marque O s’occupent des enfants (comme le frère jumeau d’Adona, Adonis qui vient de finir le pensionnat des Hommes modèles).

Il y est question d’égalité des sexes, de nature humaine (les femmes faisant soi-disant preuve de plus d’humanité que les hommes et donc leur seraient supérieures), de sexualité, de libertés, de libre-arbitre… Cette déshumanisation des hommes  m’a d’ailleurs rappelé celle des femmes dans La Servante écarlate de Margaret Atwood. Un bon voire très bon moment de lecture avec ce premier tome même si au vu du jeune âge de l’autrice, certains passages manquent de maturité et de nuances! J’ai hâte de lire la suite, le second tome, Teneros (éd. Didier Jeunesse, 2023, 352 pages) étant paru le 5 avril 2023 mais que ma médiathèque n’a pour le moment pas encore acheté.

Pour un autre avis sur ce roman: Light and Smell.

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