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Au fil des pages avec La Petite Confiserie de l’allée nocturne

J’ai lu, en e-book, La Petite Confiserie de l’allée nocturne de Hiyoko Kurisu (éd. Hauteville, coll. Kibun, mars 2025, 192 pages), un court roman japonais avec une touche fantastique et à la magnifique illustration de couverture au cœur d’une confiserie tenue par Kogetsu. En 6 chapitres, on suit la vie de jeunes gens à un moment-clé de leur vie, alors qu’ils se sentent perdus ou égarés, comme une jeune lycéenne en mal d’amour, un jeune agent immobilier complexé par son apparence, une jeune femme délaissée par son mari après la naissance de leur premier enfant… Et si l’achat de quelques confiseries avait le pouvoir de changer leur vie?

On retrouve la même structure narrative que dans d’autres romans qui ont été publiés ces dernières années autour d’un café, d’un restaurant ou d’une librairie avec des tranches de vie introspectives convenues et déjà-vues. Les cinq clients de cette confiserie particulière remettent en perspective leur vie. Mais est-ce lié à la magie de la confiserie? Ou, comme dans Le Magicien d’Oz, chacun d’eux n’avait-il pas déjà la réponse en eux-mêmes sans oser se le dire? Il y est ainsi question de la nature humaine, de la condition de la femme, de la jeunesse ou de la place du travail, de la vie de couple, d’amitié… Chaque chapitre se termine sur une petite morale à laquelle je n’ai pas forcément adhéré mais qui reflète la société japonaise contemporaine, très inégalitaire et compétitive dans certains domaines. 

Mais ce qui fait le charme de ce roman, c’est bien sa touche fantastique qui permet de réfléchir, aux côtés de Kogetsu, sur la nature humaine, de façon certes assez rapide, compte-tenu du format « nouvelle », ce dernier récupérant des fragments d’émotions. J’ai particulièrement apprécié ce personnage mi-humain mi-renard, inspiré du kitsune, un yokai du folkore japonais. Sa présence énigmatique et pourtant rassurante et bienveillante apporte une touche de douceur et de réconfort. Au fil des pages, j’ai eu envie d’en apprendre plus sur lui, l’autrice ayant (fort heureusement) réservé le dernier chapitre à son histoire. Un bon voire très bon moment de lecture! Je serai bien restée aux côtés de Kogetsu un peu plus longtemps.

Pour d’autres avis sur ce roman: Mélissande qui a eu un coup de cœur comme Carfax.

Participation #9 Un Mois au Japon 2025 de Lou et Hilde #Roman

Participation #1 Challenge Halloween 2025 de Hilde et Lou #Roman fantastique

Participation # Challenge Des livres (et des écrans) en cuisine 2025 de Bidib et Fondant #Friandises japonaises

Participation # (Parcours littéraire) Challenge Le tour du monde en 80 livres 2025 de Bidib #Japon

Participation # Challenge Contes & Légendes 2025 de Bidib #Folklore japonais

Challenge Petit Bac d’Enna #4 Catégorie Lieu: « Confiserie »

Au fil des pages avec Mon mari

J’ai lu Mon Mari de Maud Ventura (éd. L’Iconoclaste, août 2021, 355 pages), le premier roman de l’autrice après avoir lu, en mars dernier, son second, Célèbre. La narratrice, âgée de 40 ans nous parle de son mari depuis 15 ans et de la façon dont elle vit leur relation au quotidien. Son mari passe avant tout et est le centre de son être. Elle se dit passionnément amoureuse au point que cela soit un problème pour elle: elle ne cesse de décortiquer leur moindre interaction, fait et geste, de peur de le perdre à tout instant. Cet amour est-il encore réciproque? Sa vie de famille semble, pourtant, vu de l’extérieur, parfaite, à tout le moins, accomplie: un double emploi de professeur d’anglais et de traductrice pour une maison d’édition, un mari aimant et attentionné et mère de deux enfants. Elle se raconte sur une semaine de leur vie. Serait-ce la dernière avant qu’il ne la quitte réellement? 

Dès les premières pages et sur un ton aussi ironique et grinçant que son second roman, on sent que quelque chose n’est pas sain et ne tourne pas rond pour la narratrice dont on ignorera jusqu’à la fin son prénom tout comme celui de son mari. Contrairement à ce que laisse penser l’illustration de couverture vintage (très année 50/60), cette quadragénaire semble loin de l’image douce et docile d’une épouse modèle qui veut plaire à son mari. Ne dit-on pas « qui aime bien châtie bien »? Cette fois, il est question d’obsession amoureuse, de dépendance affective, d’amour maladif conduisant aux portes de la folie, de la jalousie, le point de bascule entre amour et haine pouvant se rompre à tout moment. Son amour pour son mari ne vire-t-il pas, en effet, à la folie? 

J’ai, une nouvelle fois, apprécié le style d’écriture de l’autrice ainsi que le portrait psychologique sans concessions de la vie de couple qu’elle dresse.  Au fil des pages, le malaise s’installe et la tension monte, chaque jour de la semaine étant associée à une couleur et à une myriade d’émotions qui la submergent tantôt de joie, de tristesse, de jalousie, de peur, de doutes, de surveillance et de punitions… Mais qui manipule qui? Peut-on véritablement parler d’amour dans cette relation de couple basée sur un rapport de force toxique? Un bon voire très bon moment de lecture avec ce roman domestique, proche d’un thriller psychologique sans l’être vraiment et à l’épilogue surprenant! 

Pour d’autres avis sur ce roman: Nathalie et Enna (en version audio).

 

Au fil des pages avec La fin de l’absolumine

J’ai lu, en e-book, La fin de l’absolumine de Coralie Bru (éd. Librinova, février 2025, 392 pages), un roman choral d’anticipation dans lequel l’usage d’une puce (implant cérébral) reliée à une intelligence artificielle afin de réguler et contrôler les émotions des personnes (les douleurs, les peurs comme les joies) est de plus en plus répandu et même favorisé, les sociétés privées comme l’Absolute en vantant les bienfaits et les États légiférant en ce sens. Après avoir perdu leur enfant à naître, un couple se déchire autour de la question de savoir si leurs deux autres enfants en bas âge doivent ou non être dotés de cette puce afin de mieux supporter ce deuil périnatal. Alice y est totalement opposée mais ne peut empêcher son mari de commettre cet acte d’implantation.

Presque deux années plus tard, elle obtient l’aide d’un Comité afin de désimplanter la puce de ses deux enfants et fait ainsi la connaissance de Meriem et Laura. Ces militantes font partie de celles et ceux qui refusent cette nouvelle technologie qui aliène les individus en les privant d’une part de leur humanité et de leur libre-arbitre, en informant et en aidant et accompagnant du mieux possible ceux touchés de loin ou de près par ces puces. Pendant ce temps-là, un groupe anonyme d’opposants revendique des actions plus radicales et brutales. Serait-ce bientôt la fin de l’absolumine?

On suit tour à tour ces trois femmes, Alice, Meriem et Laura, de leur point de vue, en apprenant un peu plus sur chacune d’elle ainsi que sur la société dans laquelle elle vit. Qui ne rêverait pas de ne plus souffrir ou de ne plus voir souffrir ses proches? Sur ce point, cela m’a fait penser à la série Severance

Au-delà de l’aspect d’anticipation, ce roman questionne la nature humaine et les choix parentaux qu’on peut être amené à prendre dans l’intérêt supérieur de son enfant et leur répercussion sur le reste de la fratrie. C’est tout à la fois des questions éthiques, politiques et sociétales qui sont abordées, tant au niveau de l’individu lui-même que de la société toute entière. Qu’est-on prêt à accepter au nom du bien-être et du bonheur? Le débat soulevé par ce roman m’est apparu très actuel, face à l’envie de favoriser le bien-être de ses enfants, que ce soit pour des raisons privées ou familiales comme un deuil, une déception amoureuse, un échec scolaire, la puberté, les conditions de travail ou sociétales comme le changement climatique et l’éco-anxiété, entraînant comme dans le roman, de fortes chaleurs et privations kilométriques… 

Les implants cérébraux existent d’ailleurs déjà, même s’ils sont très récents et au stade de recherches médicales et de premiers essais cliniques, mais dans un cadre strictement thérapeutique, pour soigner par exemple les maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson, maladie de Charcot…), neurologiques (épilepsie…), psychomotrices… Sans parler d’implants cérébraux, de tels questionnements peuvent déjà se poser pour des traitements moins invasifs comme la prise de médicaments (lexomil, ritaline, rispéridone…) pour traiter des dépressions, états suicidaires, troubles de l’attention, anxiété… Des patients, qu’ils soient adolescents ou majeurs, notent d’ailleurs souvent un impact sur leur humeur ou l’impression d’une vie devenue fade, linéaire et sans reliefs, comme « lobotomisé » avec la prise médicamenteuse qui peut aller jusqu’au refus de soin, certains faisant même le choix, en cas de décompensation ayant entraîné un délit de purger une peine de prison.

Hors de cette fiction, des sociétés privées de biotechnologies souhaitent déjà aller encore plus loin en envisageant l’humain augmenté, non plus seulement pour guérir mais pour améliorer les capacités cognitives des individus par exemple, ce qui nous plongerait dans la société fictive imaginée par Coralie Bru et ses possibles dérives et nouvelles inégalités sociales avec des surhumains ou le contrôle d’autres « non augmentés », nécessitant de protéger l’Homme de lui-même, de rester vigilant et de faire évoluer, sans cesse, la législation autour de la bioéthique… Un bon voire très bon moment de lecture avec ce roman à la fin ouverte et dont les thématiques me sont chères, me renvoyant à mon sujet de mémoire de DEA de philosophie ou à des dossiers judiciaires se terminant avec des injonctions de soins!

Pour d’autres avis sur ce roman: Enna (et son fils Bastien).

Au fil des pages avec Comme un grand

Nous avions lu, en août 2021, Comme un grand de Rachel Bright et Jim Field (éd. Deux coqs d’or, septembre 2018, 32 pages), un album jeunesse à partir de 3 ans sans prendre le temps de le chroniquer, ce que je fais cet hiver. Petit Loup se sent fort et grand et veut être le chef de la meute. Il pense pouvoir tout faire tout seul. Mais lorsque la meute part chercher un nouvel abri, le louveteau se perd. Parviendra-t-il à se débrouiller comme un grand et retrouver les siens?

Il est ainsi question d’autonomie, d’entraide, d’amitié, de famille et de vivre ensemble. Grandir c’est aussi compter sur ses amis et sa famille. L’histoire est construite un peu comme un conte-randonnée avec une touche de suspense, Petit Loup faisant la rencontre de plusieurs animaux qui viennent l’aider dans son long trajet pour retrouver les siens, dans un paysage qui rappelle le Grand Nord Canadien (ours polaire, bœuf musqué, loup, oie…). Les jolies illustrations dynamiques et expressives participent à ce suspense et à la tension est palpable face aux dangers auxquels est confronté le louveteau, très expressif dont on ressent les émotions (peur, froid, courage, solitude…). On y croise même un macareux. Le louveteau apparaît tout petit face à l’immensité neigeuse des paysages qui l’entourent. Un très bon moment de lecture avec cette jolie leçon de vie qui parlera aux jeunes lecteurs qui peuvent facilement identifier à ce louveteau courageux et qui a hâte de grandir!

Au fil des pages avec Peureux toi-même!

Nous avons lu et relu Peureux toi-même! de Seth Meyers et Rob Sayegh Jr. (éd. Kimane, août 2022, 40 pages), un album jeunesse à partir de 4 ans. Ours est si peureux qu’il a peur de tout, même de se regarder dans un miroir pour se brosser les dents. Il peut toutefois compter sur Lapin, son son seul ami et qui contrairement à lui, n’a peur de rien. Un jour, le lapin entraîne l’ours dans une aventure dans laquelle tout élément lui paraît un obstacle infranchissable: une rivière trop profonde, une forêt bien trop dense ou bien encore un pont trop délabré. Mais rien ne se passe comme prévu. Et si finalement reconnaître sa peur serait la preuve d’un grand courage?

Il y est ainsi question d’amitié, de peur, de courage et d’entraide. Avec de l’humour, tant dans le texte et que dans les jolies illustrations, cette histoire rappelle que la peur est parfois utile, entre prudence et insouciance et qu’il convient de savoir la surmonter pour grandir et s’ouvrir aux autres et au monde. Il était également rigolo de suivre le petit oiseau qui aura aussi un rôle à jouer dans l’histoire. L’opposition de caractères entre Ours et Lapin, certes classique, fonctionne très bien, avec des illustrations colorées, dynamiques et expressives. Un très bon moment de lecture tendre et rigolo et même un coup de cœur pour mon mini lutin qui n’a eu de cesse, pendant plusieurs semaines d’affilée de le lire avec moi!

Challenge Petit Bac d’Enna #1 Catégorie Sentiment: « Peureux »

Participation #5 (Parcours illustré) Challenge Le tour du monde en 80 livres 2024 de Bidib #États-Unis

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