Au fil des pages avec La fin de Chéri

Pour une lecture commune avec Isabelle et Nathalie, j’ai lu La fin de Chéri de Colette (éd. France Loisirs, février 1996, 271 pages, à partir de la page 145), un court roman paru pour la première fois en 1926 et se déroulant 6 ans après Chéri, en 1919/1920. Désormais âgé de 30 ans et marqué par la Grande Guerre, Fred Peloux ne sait plus que faire de sa vie. Délaissé par sa femme Esmée qui passe son temps à travailler en temps qu’infirmière auprès du médecin dont elle s’est entichée dans un hôpital de blessés de guerre, il n’a plus goût à rien, pas même à l’argent et décide de revoir son ancienne maîtresse, Léa, la seule dont il se dit avoir été amoureux. Ses retrouvailles lui permettront-elles de mettre fin à sa dépression?

La Grande Guerre a profondément changé la société française, accordant plus de place aux femmes lorsque les hommes sont partis au front. J’ai d’ailleurs apprécié retrouvé le personnage d’Esmée qui a bien mûri et trouvé sa place au sein de son mariage arrangé, même si ce n’est pas auprès de son époux dont elle n’attend plus rien.

Comme dans Chéri, j’ai trouvé surprenantes et incongrues certaines réflexions de Colette sur la féminité et plus largement sur la condition femme, en particulier de la femme âgée, même si la vision retranscrite de Léa est celle de Chéri et est donc bien partiale. Celle-ci est d’ailleurs très peu présente dans cette suite qui s’épanche sur les états d’âme de Fred. 

Le jeune homme, en « pleine crise » des 30 ans se sent vieux et incompris, victime du syndrome du survivant. Il perd complètement pied dans cette société d’après-guerre, ne réussissant pas à trouver sa place parmi des femmes « viriles » qui n’ont plus besoin d’un homme à leurs côtés comme sa mère ou sa femme (ces dernières continuant leurs combines mises en place pendant la guerre par exemple). Il tente, comme il l’avait déjà fait dans Chéri, de retrouver son amour perdu dans les souvenirs d’une Léa jeune et belle, à travers des photos conservées par une amie commune, là-même auprès de qui il s’était déjà réfugié et dont le collier de perles lui rappelait alors Léa.

Il n’a donné aucune chance à son couple, même s’il ne trompe plus Esmée. Son insouciance a laissé place à une méchanceté à l’égard de sa femme, prenant un plaisir malsain à jouer sur sa vulnérabilité, Esmée s’inquiétant à raison pour lui à défaut de l’aimer. Bien que le roman soit court, j’ai trouvé les épanchements du jeune homme bien longs et ne pouvant que déboucher sur un drame. Une lecture en demi-teinte, avant tout pour Esmée et pour le tableau de la société d’après-guerre!

Participation#7 Challenge 2024 sera classique aussi! de Nathalie

Participation #1 Challenge Pages de la Grande Guerre de Nathalie #La fin et les suites de la guerre

7 Comments

  1. Chantal

    Comment Esmée travaille ? Alors mon livre est édulcoré car il n’y a rien de tout çà dedans ! Très drôle ce résumé en aucun rapport avec ma lecture. Bonne soirée.

    • Jojo

      J’ai un doute et j’ai déjà rendu le livre à la médiathèque mais comme elle y passe tout son temps c’est quasi, soit bénévolat soit travail rémunéré… Bonne soirée également!

      • Isabelle

        Je me suis posée la question : Est-ce que la mère de Chéri ne possédaient pas des actions de l’hôpital , y avait un intérêt financier ?

        • Jojo

          Oui pareil, j’ai pensé la même chose, qu’avec Esmée, elle s’est enrichie aussi par l’intermédiaire de cet hôpital avec des combines et reventes sur le marché noir pendant la guerre et qu’elle a gardé une certaine influence sur cet hôpital après-guerre

    • Isabelle

      Chantal , tu parles bien de « la fin de chéri  » la suite de « cheri » ? Parce qu’il n’est question que de ça, Esmée et son Hôpital et son docteur. L’assurance aussi qu’elle a pris pendant la guerre, alors que Chéri n’a pas évolué et regrette sa jeunesse (et celle de Léa).

  2. Isabelle

    J’ai eu l’impression qu’il avait honte de ce qu’il avait fait pendant la guerre. En fait il a été malheureux toute sa courte vie, en permanence insatisfait.

    • Jojo

      Oui, un éternel insatisfait qui n’a pas su vivre

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