Au fil des pages avec Une saison à Longbourn

Je lis Une saison à Longbourn de Jo Baker (éd. Stock, 2014, 394 pages), un roman reprenant la trame d’Orgueil et Préjugés de Jane Austen du point de vue des domestiques de la maisonnée Bennet. Tous les exergues sont d’ailleurs des extraits du roman originel. C’est un peu la petite histoire dans la grande Histoire. Selon moi, il vaut mieux avoir lu le roman de Jane Austen avant de lire cette adaptation.

A Longbourg, les domestiques s’activent pour répondre aux demandes et exigences de la famille Bennet sans se faire remarquer plus qu’ils ne le devraient du fait de leur condition. Un jour, Mr. Bennet annonce qu’il a engagé un jeune valet, James Smith, ce qui ravit son épouse et bouleverse la vie bien rangée et rythmée des cinq domestiques. Il y a Mrs. Hill, à la fois gouvernante et cuisinière et son époux âgé, Mr. Hill, Sarah, une jeune femme d’environ 20 ans et qui fait fonction de bonne et enfin une jeune servante de 12 ans environ, Polly. 

Il est très agréable de retrouver les différents grands événements qu’a vécu la famille Bennet: l’arrivée de Mr. Bingley et des ses sœurs avec ici, leur valet métisse, Ptolémée Bingley ou encore celle de Mr. Collins, les domestiques étant aux petits soins avec lui pour lui laisser une forte impression et ainsi espérer continuer à travailler sur le domaine de Longbourn lorsque Mr. Collins en sera le propriétaire au décès de Mr. Bennet. Mr. Wickham est tout aussi détestable que dans le roman originel, en s’en prenant à la jeune et naïve Polly.

L’intrigue se concentre surtout sur la jeune bonne, Sarah dans son trio amoureux avec les deux valets, Ptolémée et James et qui suit également Elizabeth dans ses déplacements à Londres puis dans le Kent. Sarah aura-t-elle aussi droit au bonheur, à l’instar des deux sœurs aînées de la famille Bennet?

Ce roman se démarque avec originalité du roman originel en décrivant les difficiles conditions de vie de domestiques au XIXe siècle, à l’époque géorgienne au service de l’aristocratie britannique. Moyennant le gîte et le couvert, la vie des domestiques est simple et difficile, faite de dures et ingrates corvées que nécessitent la tenue d’une maisonnée, de l’aurore à la nuit tombée, selon le bon vouloir de leurs maîtres. Sans les domestiques, pas de feu dans l’âtre, pas de pots de chambre vidés ni de vêtements propres et raccommodés par exemple. Il y a également ses longues heures d’attente pendant que leurs maîtres s’amusent, comme par exemple lorsque James conduit les jeunes filles Bennet aux bals ou que Sarah est perchée sur un strapontin à l’arrière de la calèche, entre les bagages pendant les longs trajets d’Elizabeth, quel que soit le temps. Et au moindre faux pas, les domestiques peuvent être renvoyés sur le champ, avec leur maigre bagage et sans recommandations et peut-être finir dans les ignobles workhouses. Il est également question du travail de très jeunes enfants comme servants. En effet, pauvres orphelines, Sarah et Mary renommée Polly ont commencé à servir la famille Bennet vers l’âge de 6/7 ans.

J’ai ainsi apprécié cette adaptation de ce qu’aurait pu être la vie des domestiques de la famille Bennet avec sa romance et ses secrets de famille, même si elle écorche le personnage de Monsieur Bennet et que j’aurai imaginé différemment les dernières péripéties arrivant à  la fin heureuse (le vagabondage étant un crime à l’époque) et que j’ai trouvées moins austiennes, un brin trop modernes. Il manque également l’humour de Jane Austen qui donnait ce piquant et ce charme de la relation entre Elizabeth Bennet et Mr. Darcy.

Jo Baker aborde enfin, dans la dernière partie de son roman, de façon sombre et critique la Guerre d’indépendance espagnole (1808/1813) et l’esclavage. Là où les officiers gradés en tenue rouge d’Orgueil et préjugés passent leur temps à parader et à batifoler, d’autres soldats sont au front, en Espagne et vivent l’horreur de la guerre avec son lot de traumatismes pendant les Guerres Napoléoniennes. Un bon moment de lecture qui m’a donné envie de relire Orgueil et Préjugés (comme s’il m’en fallait un nouveau prétexte)!

Participation #13 Challenge A year in England pour les 10 ans du Mois Anglais de Lou, Titine et Cryssilda #Époque victorienne

challenge 2021 lire au féminin

Participation #28 au Challenge Lire au féminin de Tiphanya #Autrice britannique

Challenge Petit Bac d’Enna #9 Catégorie Lieu: « Longbourn »

5 Comments

  1. Chicky Poo

    On l’avait dans mon ancienne médiathèque, j’avais hésité à le lire, mais du coup en lisant ton billet, je regrette de ne pas l’avoir lu avant de partir ! 😉 Je vais regarder dans mon réseau, si ça se trouve il y est aussi 😀

    • Jojo

      Contente que ça t’ait donné envie de le lire. J’espère que tu le trouveras et que ça te plaira… Bonne journée!

  2. Tiphanya

    Je trouve ça super intéressant comme ré-écriture.
    Mais je crois qu’il faut que j’arrête de noter des nouveaux titres car ma PAL ne désemplit pas vu que je ne cesse d’emprunter en bibliothèque.

    • Jojo

      C’est ce qui m’a plu dans le roman. Je te comprends, j’ai le même « problème » alors je note (ou pas) et puis après je me retrouve avec des livres en date limite d’emprunt… Le plus important c’est de se faire plaisir en lisant, non? 😉 Bon début de semaine!

  3. FondantGrignote

    Roman lu il y a quelques années mais j’en ai presque tout oublié malheureusement… Merci de me le remettre en mémoire ^_^

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