Étiquette : marais

Au fil des pages avec La fille qui avait bu la lune

J’ai lu La fille qui avait bu la lune de Kelly Barnhill (éd. S.N. Editions Anne Carrière, 2017, 366 pages), un roman jeunesse fantasy pour les adolescents à la magnifique illustration de couverture. Chaque année, les habitants du Protectorat sacrifient un bébé à la terrifiante Sorcière des bois afin d’échapper son courroux. Or il existe bien une sorcière – la sorcière Xan âgée de plus de 500 ans – qui récupère les bébés pour les confier à des familles aimantes des Cités Franches et qui ne comprend pas pourquoi ces abandons et n’ose jamais s’attarder près du Protectorat sur lequel pèse un gigantesque nuage de chagrin.  Une année, elle recueille un bébé qu’elle décide d’élever comme sa petite fille avec l’aide de Glerk, le Monstre des Marais et de Fyrian, un dragonus minusculus, après lui avoir fait boire par erreur le clair de lune et qu’elle nomme Luna.

Au même moment, la mère du bébé dite « Démente »  est enfermée dans une tour et un jeune adolescent de 13 ans, Antain est fortement marqué par ce jour du sacrifice. L’histoire alterne alors sur plus de 10 ans entre la vie quotidienne d’un côté de Luna et de sa famille adoptive et de l’autre d’Antain et de la Démente afin d’en savoir plus autour de ce troublant jour du sacrifice et ce qui se cache derrière. Il y est ainsi question de quête initiatique et identitaire (la sorcière Xan ayant bridé les pouvoirs de Luna jusqu’à ses 13 ans), d’oubli, de famille, de magie, d’asservissement et de faux semblants pour maintenir dans la peur tout un peuple… Un très bon moment de lecture avec ce roman jeunesse à l’écriture fluide et addictive!

Participation #12 Challenge Halloween 2022 de Hilde et Lou #Roman jeunesse fantasy

Participation #25 Challenge Contes & Légendes 2022 de Bidib #Sorcière

Participation #97 Challenge Le tour du monde en 80 livres de Bidib #États-Unis

Challenge Petit Bac d’Enna #7 Catégorie Verbe: « Avait bu »

Au fil des pages avec Le don de Lorenzo, enfant de Camargue

Hier soir, je finis de lire Le don de Lorenzo, enfant de Camargue de Michael Morpurgo et illustré par François Place (éd. Gallimard Jeunesse, 2019, 320 pages), un roman junior à partir de 10 ans, en vue de la lecture commune autour de Michael Morpurgo du 20 juin.

Dans les années 80, Vincent, un jeune Anglais part l’été de ses 18 ans en voyage en Camargue. Mais une nuit, il est découvert en plein marais salant fiévreux et très affaibli par un homme âgé, Lorenzo Sully qui le recueille chez lui, dans une ferme isolée de Camargue, près d’Aigues-morte, où il vit avec son amie d’enfance, Kezia Charbonneau. Pendant sa convalescence, il écoute patiemment Kezia lui raconter sa vie à partir de sa première rencontre avec Lorenzo, un jeune garçon autiste passionné par les flamants roses dans les années 40. 

Comme Vincent, je découvre la vie de Kezia marquée par les événements survenus pendant la Seconde Guerre Mondiale, ses parents ayant choisi Aigues-Mortes pour installer leur manège en bois en 1942 et inscrire leur fille à l’école communale. Elle subit alors les moqueries et les propos racistes de ses camarades de classe en tant que Rom. Un jour de marché, alors qu’elle s’occupe du manège avec ses parents, elle rencontre Lorenzo attiré par les flamants roses sculptés dans la rosace du manège. Une amitié se noue immédiatement entre les deux enfants mais aussi entre leurs parents respectifs. En échange de tours de manège gratuit pour Lorenzo, la mère de ce dernier accepte d’instruire chez elle Kezia. Mais en tant qu’enfants différents, le danger les guette avec l’arrivée de l’armée allemande dans la ville d’Aigues-Mortes et notamment le Caporal Willi Brenner. 

L’écriture est plaisante et fluide pour de jeunes lecteurs qui pourront ainsi se plonger facilement dans la période sombre de l’Occupation et de la Seconde Guerre Mondiale avec une intrigue au dénouement heureux (peut-être trop) malgré le contexte historique. Il est ainsi question du régime de Vichy, de l’Occupation, de l’arrivée de l’armée allemande dans la zone libre, de la Milice (montrée ici encore plus vile que les Nazis), du camp de Saliers – un camp d’internement réservé aux Nomades (1942/1944), du Débarquement des Alliés en Provence…

J’avais lu en janvier 2021 dans le cadre du Mois consacré aux légendes arthuriennes du challenge Contes et Légendes Le Roi Arthur de Michael Morpurgo et illustré par Michael Foreman (éd. Gallimard Jeunesse, coll. Folio Junior, 1994, rééd. 2007), un roman jeunesse à partir de 9 ans.  Le schéma narratif est le même avec des récits enchâssés, la narratrice Kezia âgée racontant avec son regard d’enfant son passé. Mais je l’ai trouvé plus abouti que dans Le Roi Arthur, le jeune anglais Vincent convalescent dans la ferme camarguaise dans les années 80 étant un personnage secondaire jusqu’à la fin du roman et interagissant avec la narratrice.

Michael Morpurgo évoque d’ailleurs les légendes arthuriennes dans ce roman, les deux jeunes héros en étant passionnés, Kezia en apprenant à lire avec le roman et Lorenzo revivant des aventures arthuriennes dans les ruines d’un château surnommé « Lot » (Camelot), lui étant un Arthur tuant des dragons avec une Excalibur imaginaire devant « Nièvre », Kezia-Guenièvre.

J’ai passé un bon moment de lecture plein d’optimiste et d’humanité qui permettra aux jeunes lecteurs, plutôt collégiens, d’aborder la Seconde Guerre Mondiale avant de passer à des textes plus douloureux dont certains autobiographiques comme Le journal d’Anne Franck, L’ami retrouvé de Fred Uhlman, Un sac de billes de Joseph Joffo… Ce peut être aussi une façon de parler (malheureusement encore au XXIe siècle) de racisme vis-à-vis des gens du voyage par exemple ou d’antisémitisme.

C’est enfin une histoire marquée par les paysages camarguais avec sa faune et sa flore de toute beauté. La Nature est omniprésente, véritable havre de paix en ces temps de guerre, comme en témoignent les illustrations en noir et blanc de François Place. Le personnage de Lorenzo voue sa passion aux flamants roses mais aussi à tous les autres animaux de Camargue qu’il recueille ou soigne. Il vit parmi eux en en prenant soin et en l’observant tel un naturaliste. D’ailleurs, la Camargue étant une zone humide où se reproduisent chaque année les flamants roses, y sont menées des opérations de baguage. Cela me rappelle mes séjours en Camargue avec par exemple la visite des salins, de la ville fortifiée d’Aigues-Mortes ou encore la station balnéaire de Saintes-Maries-de-la-Mer, encore aujourd’hui lieu de pèlerinage pour les Roms, Manouches, Tsiganes et Gitans…

Pour d’autres avis autour de nos LC autour de Michael Morpurgo: Le Roi Arthur chez Enna (et Bastien) et Jeanne d’Arc chez Nathalie

Participation #11 au Mois Anglais de Lou, Titine et Cryssilda #LC autour de Michael Morpurgo

Participation #27 Challenge A year in England pour les 10 ans du Mois Anglais de Lou, Titine et Cryssilda #Roman jeunesse

Participation #10 au Challenge Cottagecore 2021 de MissyCornish #Au bord de l’eau

Au fil des pages avec Là où chantent les écrevisses

J’ai lu, lors du Mois Américain 2020, Là où chantent les écrevisses de Delia Owens (éd. du Seuil, janvier 2020, 480 pages), un premier roman que j’avais déjà repéré dans les sorties littéraires de 2020 pour sa couverture et son titre intrigant. L’histoire débute par le décès mystérieux d’un jeune homme, Chase Andrews, en 1969 au pied d’une tour de guet dans les marais, à côté de la petite ville ségrégationniste de Barkley Cove, en Caroline du Nord. Puis retour dans le passé, en 1952 avec l’histoire d’une jeune enfant de 6 ans, Kya abandonnée par sa mère Ma et laissée à son père Pa, un homme alcoolique et violent, avec Jordie, l’un de ses frères un peu plus âgé qu’elle et qui ne s’est pas encore enfui, dans une cabane insalubre au fonds des marais. 

Les années passent et à 10 ans, Kya se retrouve définitivement seule, après le départ de son père, trouvant ses seules ressources en elle-même et dans les marais. Petit à petit, grâce à sa rencontre avec un  garçon un peu plus âgé qu’elle, Tate qui lui apprend à lire et à écrire, elle arrive à trouver sa place dans les marais. Elle apprend ainsi les sciences et à percer les mystères de la faune et de la flore des marais, ramassant des plumes par exemple, répertoriant les coquillages ou champignons, observant et notant les comportements des animaux et/ou en faisant des croquis ou des aquarelles, etc.

Mais la solitude continue de lui peser, année après année, avec son lot d’abandons comme lorsque Tate part à l’université pour ses études de biologiste et malgré la présence maternante à sa façon du couple de Noirs, Jumping et Mabel qui a veillé sur elle, d’autant que Kya reste pour la communauté blanche de Barkley Cove, la Fille des marais, cette sauvageonne pauvre et analphabète.

Devenue une jeune femme, Kya cherche, malgré ses peurs et sa timidité, à rompre cette solitude en se laissant alors séduire par Chase, leurs deux vies s’entremêlant irrémédiablement. Y a-t-il un lien entre cette toute jeune fille abandonnée dans les marais et ce décès survenu des années plus tard et qui a tout l’air d’être un meurtre?

L’autrice alterne entre des chapitres suivant le déroulement de l’enquête sur le décès de Chase et ceux consacrés à la vie de Kya dans les marais sur une vingtaine d’années. Je me laisse plongée dans l’atmosphère si particulière des marais, dans cette Nature tour à tour hostile et bienveillante. Kya est une héroïne très attachante, très forte malgré son jeune âge et sa solitude et qui fait preuve d’incroyables capacités d’adaptation en arrivant à trouver des moyens de survivre et de manger, son père lui ayant laissé un moyen de locomotion indispensable, une petite barque à moteur. Kya arrivera-t-elle à avoir ce petit bout de bonheur malgré tout? Coup de cœur pour ce roman mélangeant roman policier, roman initiatique, romance avec un trio amoureux et roman naturaliste! J’aurai pu le choisir tant pour les journées « Nature » que « First Ladies » ou encore « Roman policier », voire même « Désir » de ce Mois Américain.

Pour d’autres avis sur ce roman: Eva, Sabrina et Carine

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Le Mois Américain de Titine #roman policier

Challenge Petit Bac d’Enna #10 Catégorie Animal: « Écrevisses »

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