Étiquette : années 50

Au fil des pages avec Ava, Quarante-huit heures dans la vie d’Ava Gardner

J’ai lu, en version numérique via ma médiathèque, Ava, Quarante-huit heures dans la vie d’Ava Gardner d’Emilio Ruiz et Ana Miralles (éd. Dargaud, octobre 2024, 112 pages), un roman graphique pour les ados/adultes selon l’éditeur.

Accompagnée de son secrétaire David et de sa dame de compagnie René, Ava Gardner se rend, à Rio de Janeiro, pour la tournée de son dernier film, La comtesse aux pieds nus, en 1954. Mais rien ne se passe comme prévu. Dans un contexte politique instable, l’actrice n’est pas épargnée par la presse qui guette le moindre scandale et frasque de sa part. Elle reçoit un accueil éprouvant et étouffant, réduite à n’être qu’un objet féminin du désir des hommes et des manigances des producteurs du film, elle qui a déjà bien du mal à se remettre de sa séparation d’avec son futur mari, Franck Sinatra et à tenir à l’écart Howard Hugues qui, malgré ses multiples refus, entend bien l’épouser.

Qui se cache derrière l’image iconique d’une belle femme fatale? Comment être soi-même et être libre de sa vie, malgré la célébrité? S’inspirant de la vie de l’autrice, ce séjour semble avoir été un moment déterminant dans la suite de sa carrière et dans son choix de vie puisqu’après ce film, l’autrice s’était éloignée des plateaux hollywoodiens et a vécu quelques années, en Espagne. J’ai apprécié le portrait tout en nuances de cette actrice de l’âge d’or du cinéma hollywoodien ainsi que les liens noués avec David et René, de véritables amis sur lesquels elle peut compter. Elle se révèle, au fil des planches, forte et lucide, face à ceux ne la réduisant qu’à un beau corps, vulnérable face aux humiliations, craquant parfois sous la pression des journalistes au point d’être vu comme capricieuse et violente mais également compatissante et bienveillante envers ses amis et de parfaits inconnus. Était-elle finalement si sulfureuse qu’en disait la presse de l’époque? Il y est ainsi question de la condition de la femme dans les années 50, en particulier pour les femmes dans le milieu du cinéma hollywoodien bien patriarcal.

J’ai également bien apprécié les illustrations d’Ana Miralles, tant au niveau des personnages très expressifs et réalistes permettant de ressentir au mieux les émotions vécues par l’autrice, souvent avec un verre d’alcool ou une cigarette à la main, que des décors, que ce soit la vie des années 50 ou des paysages sur la baie de Guanabara. Un très bon moment de lecture!

Pour d’autres avis sur ce roman graphique: Bianca.

Challenge Petit Bac d’Enna #1 Catégorie Personnes célèbres: « Ava Gardner »

Participation #3 (Parcours illustré) Challenge Le tour du monde en 80 livres 2025 de Bidib #Espagne

 

Au fil des pages avec Les mauvaises épouses

Repéré quelques mois après sa parution, j’ai lu Les mauvaises épouses de Zoé Brisby (éd. Albin Michel, mars 2023, 336 pages), un roman historique se déroulant entre 1952 et 1953, en pleine Guerre Froide et maccarthysme, sur la base militaire fictive d’Artemisia Lane, dans le désert du Nevada, à quelques kilomètres du site des essais nucléaires et de la toute nouvelle petite ville de Las Vegas qui attire de plus en plus de journalistes et de touristes qui viennent assister en famille et sans protection si ce n’est des lunettes de soleil, au lancement de bombes atomiques comme s’il s’agissait de feux d’artifices et sans avoir conscience des conséquences des retombées radioactives.

A Artemisia Lane, Summer Porter est la dévouée et introvertie épouse d’Edward, le chef du Département scientifique de la base NST – Nevada Test Site – qui voue sa vie au projet de la nouvelle bombe atomique en parfait Américain face à la menace communiste. Summer, elle, est plus réservée sur ce spectacle fait aux essais atomiques qui la rendent malade (nez qui saigne, fausses couches à répétition…). Mais malgré ses doutes qui se sont renforcées depuis qu’elle a visité la ville-témoin (mannequins trop semblables aux humains qui fondent à chaque exposition nucléaire ou tests sur les animaux et les militaires pour étudier les retombées radioactives) et au discours rassurant de son époux, grand défenseur de la bombe atomique qui ne voit aucun risque à vivre si près du lieu de lancement (20km), elle n’en dit rien et accepte de jouer le jeu de la parfaite épouse, que ce soit en organisant ou en participant aux événements mondains liés aux essais ou en intégrant les clubs de lecture ou de marche des autres épouses, pendant que les maris partent travailler.

Un jour, une nouvelle voisine, Charlie, s’installe avec son mari violent et chef de la sécurité à la base, Harry. Les deux femmes se rapprochent, malgré leur caractère opposé, Charlie semblant rebelle, forte et glamour avec ses hauts escarpins rouges et son sourire arrogant, provoquant immédiatement la jalousie et hostilité des autres épouses, en particulier de Lucy qui la prend en grippe en la traitant de vulgaire et d’impolie et qui tente de découvrir ses secrets. Ensemble, elles commencent à rêver à une meilleure vie dans un ranch mexicain, loin de leur mari et des essais nucléaires. Cette soif de liberté leur sera-t-elle salvatrice?

Le duo Summer et Charlie m’a d’ailleurs fait penser à Thelma et Louise, film américain réalisé par Ridley Scott et sorti en 1991 avec dans les rôles-titre Geena Davies (Thelma) et Susan Sarandon (Louise). À l’instar de Thelma, Summer est considérée comme une femme-enfant par son mari qui la rabaisse et l’infantilise sans cesse quand il ne l’ignore tout simplement pas, sa femme n’étant qu’un faire-valoir pour son avancée sociale et professionnelle en tenant son foyer sans faire d’histoire et en organisant, comme les autres femmes de la base militaire, des atomic parties lors des lancements de bombe atomique. Puis, au contact de Charlie, la jeune femme timorée s’émancipe, à tout le moins tente-t-elle de le faire, de son mari (en s’achetant par exemple un jean sans son accord ou en se rendant dans un casino de Las Vegas, en prenant conscience de sa vie terne et ordonnée…) et de la perfidie des autres épouses, en particulier de Lucy, la femme du bras droit de son mari, Mike.

Il y est ainsi question de la condition de la femme américaine dans les années 50, d’inégalités Homme/Femme, d’émancipation féminine, de soif de liberté, de mariage, de maternité, d’homosexualité, de sororité, d’adultère, de violences conjugales, du poids des apparences et du statut social… Un bon voire très bon moment de lecture avec ce roman historique dramatique, à l’écriture fluide, aux courts chapitres rythmés et qui se termine sur une fin ouverte abrupte! 

Participation # Challenge Des livres (et des écrans) en cuisine 2023 de Bidib et Fondant #Cuisine américaine « atomique »

J’ai enfin noté quelques passages gourmands pour le Challenge Des livres (et des écrans) en cuisine avec les « thés trop chauds/fumants » et les « biscuits trop cuits » de Mrs. Burns (et sa belle amitié avec Summer et Penny), les barbecues « atomiques » et soirées cocktails où les épouses rivalisent entre elles pour être la meilleure hôte possible et proposer les meilleurs mets à la mode « atomique » (roulés à la saucisse, cupcakes, petits fours, coktails…) afin que leur mari puisse être bien vu de leur hiérarchie en retour.

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