Étiquette : Londres (Page 1 of 2)

Au fil des pages avec Blood & Sugar

J’ai lu Blood & Sugar de Laura Shepherd-Robinson (éd. 10/18, 2022, 546 pages), un roman policier historique se déroulant en juin 1781 en Angleterre. Le capitaine Harry Corsham enquête entre Londres et Deptford sur le meurtre de son ami, Tad Archer, avocat et militant abolitionniste qui était sur le point de dévoiler un secret pouvant mettre un terme à la Traite négrière. Qui a tué son ami? Et quel était ce secret?

Entre fausses pistes, mises en garde, silences et difficultés à pouvoir accorder sa confiance, Harry tente de démêler le vrai du faux, en cachant ses propres opinions et faisant fi de mettre en péril sa famille, sa future carrière politique et même sa vie. Mais son enquête dérange jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir soumises au lobby des Caraïbes et bien hypocrites quant au sort réservé aux esclaves noirs considérés comme de simples marchandises dont il ne faut en tirer que du profit, morts ou vivants. En effet, c’est tout le système économique de la ville portuaire de Deptford basé sur le commerce triangulaire et ses nombreux bateaux négriers faisant commerce d’esclaves et de sucre (Afrique, Angleterre et Caraïbes) qui est mis à mal par l’enquête d’Harry. Ce dernier ne peut compter ni sur le juge local, Peregrine Child ni sur le maire, Lucius Stokes, lui-même marchand d’esclaves.

L’écriture est fluide et addictive, les personnages nuancés. L’autrice s’est largement documentée pour écrire ce roman et dépeindre le calvaire des esclaves noirs, s’inspirant de terrifiants faits divers malheureusement bien réels, comme le massacre d’esclaves à bord du Zong en 1781. Elle décrit ainsi une société anglaise corrompue et hypocrite, permettant aux marchands d’esclaves de prospérer et de posséder des esclaves même sur le sol britannique, malgré l’affaire « James Somersett » de 1772.  En effet, il faudra attendre une loi de 1833 pour qu’enfin soit votée en Angleterre l’abolition de l’esclavage. Un très bon moment de lecture qui nous plonge dans un contexte social anglais du XVIIIe siècle dur et éprouvant!

Et je coche au passage la case « La victime en savait trop » du Cherche et Trouve proposé cette année par Hilde et Lou dans le cadre de leur challenge British Mysteries.

Participation #12 Challenge British Mysteries 2022 de Hilde et Lou #Roman policier historique

Participation #84 Challenge Le tour du monde en 80 livres de Bidib #Royaume-Uni

Au fil des pages avec Le serveur de Brick Lane

Lors du RAT indien et gourmand, j’ai lu Le serveur de Brick Lane d’Ajay Chowdhury (éd. Liana Levi 2021, 301 pages), un roman policier se déroulant à l’époque contemporaine. Après avoir été démis de ses fonctions de sous-inspecteur de police à Calcutta à la suite de l’enquête dont il était chargé sur le meurtre d’Asif Khan, un acteur star de Bollywood trois mois plutôt, Kamil, trentenaire, pense avoir mis de côté son passé en devenant serveur dans le restaurant tenu par les époux Saibal et Maya Chatterjee, dans le quartier londonien de Brick Lane et chez qui il vit avec leur fille Anjoli. Mais le décès d’un riche entrepreneur et ami de son père et de Saibal, Rakesh Sharma lors de sa soirée d’anniversaire pour laquelle il est de service vient tout changer. Très vite, Neha, la seconde épouse de Rakesh est arrêtée par la police. A la demande de la famille Chatterjee qui considère Neha comme leur fille, Kamil commence à enquêter sur Rakesh, assisté par Anjoli; ce qui l’amène à remettre en question l’image qu’il portait sur son père dont il a embrassé comme lui la même carrière de policier. Et si les deux affaires étaient liées?

Les chapitres alternent entre le passé trois mois plus tôt à Calcutta de Kamil alors policier et fiancé à  et son présent ou passé proche à Londres en tant que serveur dans un restaurant indien. Je me suis laissée prendre par l’intrigue qui permet d’aborder des thèmes actuels comme par exemple la corruption en Inde des élites politiques et de la police, les violences policières, le poids des traditions familiales, les préjugés ou bien encore la double culture indienne/anglaise sur les jeunes générations…

J’ai également apprécié le duo formé par Kamil, un sous-inspecteur de police intègre, honnête, un brin naïf, fleur bleue et amateur d’Hercule Poirot dont il partage avec lui la moustache et par Anjoli, diplômée d’un Master de psychologie, parfois un peu trop directe et fonceuse, vivant dans sa double culture tout en s’assumant comme en témoignent ses tee-shirts à messages.

Un très bon moment de lecture qui se termine sur une fin à la Hercule Poirot où la famille prime sur la vérité et la Justice! J’ai lu qu’une adaptation par la BBC était prévue et que ce roman pourrait très bien faire partie d’une série livresque mettant en scène le duo Kamil/Anjoli.

Curry indien

Pour le challenge Des livres (et des écrans en cuisine), j’ai enfin noté beaucoup de références à la cuisine indienne tout au long du roman, notamment les passages dans le restaurant des époux Chatterjee, le Tandoori Knights comme par exemple le menu pour la fête d’anniversaire de Rakesh Sherma (p.12) composé d’amuse-gueules (beignets de pomme de terre aloo tikki chat, beignets de fromage poneer pakoda, beignets de poissons et brochettes de poulet boti), de plat principal (côtelettes d’agneau tandoori, agneau biryani, poulet tandoori, pommes de terre mutter, brochettes malai, daal makhani avec des naans, de la raita pour la sauce) et de desserts (shahi tukda, gulab jamun et gajar ka Halwa…), ou bien encore dans un restaurant de Calcutta, chez Nizam et dans lequel Kamil fait découvrir à Anjoli des duto mutton Kathi roll accompagnés de nimbu pani c’est-à-dire des brochettes roulées et de la citronnade sucrée-salée (p.263/264). Cela m’avait d’ailleurs donné envie de manger un curry indien à base de poulet.

Participation #2 Les Étapes Indiennes 2022 de Hilde et Blandine #Roman policier

Participation #4 Challenge British Mysteries 2022 de Hilde et Lou #Roman policier

Participation #11 Challenge Des livres (et des écrans) en cuisine 2022 de Bidib et Fondant #Cuisine indienne

Participation #25 Challenge Le tour du monde en 80 livres de Bidib #Inde

Challenge Petit Bac d’Enna #2 Catégorie Lieu: « Brick Lane »

Au fil des pages avec le tome 2 de la BD des Enquêtes d’Enola Holmes

Fin juin pendant le Mois Anglais 2021, j’ai emprunté à la médiathèque et lu dans la foulée le tome 2 des Enquêtes d’Enola Holmes, L’affaire Lady Alistair de Serena Blasco (éd. Jungle, 2016), une BD jeunesse à partir de 9 ans, d’après le roman de Nancy Springer. L’année dernière, j’avais lu les 6 romans des Enquêtes d’Enola Holmes de Nancy Springer dont le tome 2, L’affaire Lady Alistair mais seulement le premier tome de son adaptation girly en BD jeunesse.

En janvier 1889, quelques mois après son arrivée à Londres, Enola Holmes tente d’échapper à ses frères, en étant Ivy Meshle, assistante du Dr. Leslie T. Ragostin ou la jeune épouse de ce dernier le jour et une nonne muette venant en aide aux pauvres des bas-quartiers la nuit. Un matin, elle reçoit le Dr. Watson qui vient engager le Dr. Ragostin pour enquêter sur sa disparition tout en lui parlant d’une autre disparition, celle de Lady Cecily Alister, une fille de Baronnet à peine plus âgée qu’elle. Et voilà Enola qui part à la recherche de la jeune fille. Fugue ou enlèvement?

Comme je l’avais déjà dit dans mon billet sur le roman, il  y est question de la condition de la femme, de l’essor des grands magasins, du marxisme, des rapports entre classes sociales… L’histoire aborde également le regard porté sur les gauchers, Cecily étant une gauchère contrariée (regard qui perdure malheureusement encore aujourd’hui dans certaines familles, la main gauche étant considérée comme celle du Diable ou a minima celle d’un être maladroit ou peu intelligent).

Condensée en format BD jeunesse, l’intrigue se résout un peu trop vite, Enola Holmes identifiant bien plus facilement le ravisseur de la jeune Cecily. De même, lorsqu’elle est agressée, elle s’en remet en très peu de temps alors que dans le roman originel, elle en ressort très perturbée au point de rester enfermée chez sa logeuse sans sortir de sa chambre. Pour autant, Serena Blasco reste fidèle au roman de Nancy Springer.  Notre jeune héroïne est toujours aussi perspicace et ingénieuse, détournant, pour mieux s’émanciper, comme dans le tome précédent, les tenues contraignantes de l’époque victorienne réservées aux femmes comme le corset et jouant au jeu du chat et de la souris avec Sherlock Holmes.

Enfin, j’ai apprécié le petit plus de la BD avec une nouvelle fois à la fin un carnet secret d’Enola Holmes rempli d’annotations, de croquis et de messages codés. Encore un bon moment de lecture jeunesse!

Participation #33 Challenge A year in England pour les 10 ans du Mois Anglais de Lou, Titine et Cryssilda #Enola Holmes

Participation #16 Challenge British Mysteries de Hilde et Lou #BD jeunesse

challenge 2021 lire au féminin

Participation #44 au Challenge Lire au féminin de Tiphanya #Autrice française

Challenge Petit Bac d’Enna #10 Catégorie Être humain: « Lady »

Au fil des pages avec le tome 1 de la BD Miss Charity

J’emprunte à nouveau à la médiathèque le tome 1 de Miss Charity, L’enfance de l’art de Loïc Clément et Anne Montel (éd. Rue de Sèvres, 2020), l’adaptation en BD du roman éponyme de Marie-Aude Murail, ayant déjà lu les deux l’année dernière.

Ce premier tome reprend la première partie du roman d’apprentissage jusqu’au départ de la gouvernante, la veille des 15 ans de l’héroïne, en ouvrant l’histoire non comme le roman aux 5 ans de Charity mais sur un événement survenu à Londres, en 1886. Alors qu’elle sort furieuse de chez Monsieur Dampf à qui elle a vendu des aquarelles, Miss Charity Tiddler évite de peu l’accident de la circulation et se replonge dans son passé, vers l’âge de 5 ans. C’est à cet âge qu’elle a commencé à élever sa première souris, Miss Petitpas pour rompre sa solitude de fille unique avant d’avoir une véritable ménagerie d’animaux blessés et/ou sauvés (ou non) des mains de la cuisinière. La petite fille est d’ailleurs couverte par sa bonne écossaise Tabitha puis aussi plus tard, à ses 10 ans, à la gouvernante française, Mademoiselle Blanche Legros.

Vivant librement son enfance dans la Nature et les livres, la petite fille grandit selon ses envies, loin des contraintes sociales imposées aux jeunes filles de la haute société victorienne et avec toute une ménagerie d’animaux qui inspireront plus tard ses aquarelles. Nous sommes loin de l’éducation rigoureuse imposée alors aux jeunes filles de son rang. Ici, il est question d’autonomie, de liberté et d’épanouissement personnel qui poseront les fondements de sa vie d’adulte, une jeune femme émancipée.

Comme dans le roman, le thème de la mort est présent et est partie prenante de la vie de l’héroïne et ce dès les premières pages avec une discussion sur la religion entre Charity alors âgée de 5 ans et sa mère. La petite fille a pour amies imaginaires ses petites sœurs décédées avant de les remplacer par sa ménagerie. Les morts nombreuses des animaux recueillis par Charity dans sa nursery sont traitées à hauteur d’enfant et comme objets d’expériences scientifiques, sans l’empathie qu’un adulte y mettrait et bien qu’elle soit effrayée par les histoires terrifiantes de sa bonne Tabitha.

Outre ses recherches scientifiques sur la faune et la flore de son jardin, Charity voue une autre passion aux oeuvres de Shakespeare, les apprenant par cœur.  Il est ainsi aussi question de théâtre, de vie et de passion amoureuse, comme par exemple lorsque Charity s’immisce dans la relation entre sa gouvernante et Herr. Schmal, le précepteur allemand de son cousin.

Je retrouve ainsi dans cette BD jeunesse toute l’espièglerie de la petite fille, sa candeur enfantine tout comme son imagination débordante qui rompe sa solitude et qui assouvit sa curiosité insatiable et sa soif de connaissance, comme cela ressort notamment de sa relation avec Kenneth Ashley qu’elle a rencontré un soir de Noël chez ses cousins et qu’elle croque dans ses dessins sous les traits d’un renard anthropomorphe. Ce n’est d’ailleurs pas le seul à être croqué sous forme d’animaux mais c’est celui qui accapare le plus les pensées de Charity, la relation Charity/Kenneth étant, je trouve, plus appuyée dans cette adaptation en BD.

Les illustrations à l’aquarelle, douces et colorées rappellent celles  naturalistes de Beatrix Potter qui a inspiré cette histoire à Marie-Aude Murail. La mise en page est aérée et dynamique, reproduisant le tourbillon des idées et pensées enfantines de Charity. J’ai trouvé cette adaptation fidèle et réussie au roman originel avec ce petit brin de fantaisie, d’insouciance et de fraîcheur propre au personnage de l’héroïne et aussi avec l’humour déjà présent dans le roman. Un bon moment de lecture avec cet ode à l’enfance, à la Nature et à la lecture et qui appelle à lire les deux tomes suivants, un triptyque étant prévu!

Pour d’autres avis sur ce premier tome: Bidib et Enna.

Participation #15 au Mois Anglais de Lou, Titine et Cryssilda #Adaptation en BD

Participation #31 Challenge A year in England pour les 10 ans du Mois Anglais de Lou, Titine et Cryssilda #Adaptation en BD

Participation #13 au Challenge Cottagecore 2021 de MissyCornish #Les propriétés et jardins dissimulés

Challenge Petit Bac d’Enna #9 Catégorie Être humain: « Miss »

Au fil des pages avec L’étrangleur de Cater Street

Pendant le British Mysteries Month 2021, j’ai lu L’étrangleur de Cater Street d’Anne Perry (éd. France Loisirs, 1998), le premier tome de la série « Charlotte et Thomas Pitt » paru pour la première fois en 1979. Il s’agit d’un roman policier se déroulant dans un quartier d’ordinaire tranquille et huppé de Londres, à l’époque victorienne, au printemps 1881.

Une jeune femme, à peine âgée de 19 ans et domestique de la famille Ellison est retrouvée étranglée dans Cater Street. L’inspecteur Pitt est chargé de cette délicate enquête, d’autant que ce n’est pas la seule jeune femme à avoir été retrouvée ainsi. Lors de son enquête, il en vient à interroger la maisonnée de la famille Ellison et fait ainsi connaissance de l’une des filles, Charlotte Ellison dont il en tombe amoureux. L’assassin ferait-il partie des riches familles de Cater Street ou serait-ce l’œuvre d’un rôdeur? La peur et le soupçon s’installent alors dans le quartier, les jeunes femmes de toute condition sociale pouvant être victimes de cet étrangleur.

Il est question de la condition de la femme et de classes sociales à travers la résolution des meurtres mais aussi dans les rapports entre l’inspecteur Pitt et Charlotte Ellison. La famille Ellison est l’archétype de l’aristocratie anglaise, le père travaillant à la City et rabaissant son épouse et ses filles à leur rang inférieur de femme: interdiction de lire la presse, chercher à obtenir un bon mariage, bien se tenir en toutes circonstances, obéir à son père et/ou à son mari… Anne Perry réussit à bien décrire ce milieu aristocratique de l’époque victorienne et son cadre patriarcal, avec ses non-dits, ses apparences, ses secrets et ses hypocrisies comme par exemple lorsque Monsieur Ellison rejette la faute des décès des jeunes femmes sur elles, compte-tenu de leur mauvaise vie supposée et non sur le meurtrier (ce qui est malheureusement encore trop souvent le cas encore à l’heure actuelle en cas de viols, même lors des auditions de la victime/partie civile)…

D’autre part, la question de l’identité du meurtrier amène chaque membre de la famille Ellison à s’interroger sur les agissements des uns et des autres au point de mettre à mal leur amour pour leur conjoint ou parent en les soupçonnant du pire: Charlotte ou sa mère vis-à-vis de son père/mari, sa sœur aînée Sarah vis-à-vis de son mari Dominic… Cette question amène alors à une réflexion plus large de la part de l’autrice sur la façon dont les autres peuvent ou non voir si quelqu’un s’est rendu coupable d’un meurtre ou si la folie meurtrière peut s’identifier facilement ou bien encore si on peut continuer à aimer une personne en la sachant assassin. Connaissant le passé d’Anne Perry, je me suis demandée si cette réflexion concernait l’acte criminel qu’elle avait commis dans sa jeunesse ou celui imaginé dans l’histoire.

Enfin, à la fin de ce premier tome, je comprends pourquoi de nombreux lecteurs de la série « Lizzie et Ben Ross » d’Ann Granger ont trouvé qu’elle ressemblait beaucoup à celle des époux Pitt. Mais ayant déjà commencé à lire le tome 2 d’Anne Perry, Le mystère de Callander Square, je nuancerai le propos, le couple Lizzie et Ben Ross étant plus moderne (se parlant d’égal à égal) et avec une dose d’humour, surtout dans leurs rapports avec leur bonne. D’ailleurs, le caractère de Lizzie Ross ressemblerait plus à la jeune sœur de Charlotte Ellison, Lady Emily.

Un bon moment de lecture avec ce premier tome même si j’avais deviné rapidement l’identité de l’étrangleur! Je vais essayer de poursuivre, petit à petit, cette série terminée et qui comprend pas moins de 32 tomes.

Participation #12 Challenge British Mysteries de Hilde et Lou #Roman policier

Participation #12 Challenge A year in England pour les 10 ans du Mois Anglais de Lou, Titine et Cryssilda #Roman policier

Challenge Petit Bac d’Enna #8 Catégorie Lieu: « Cater Street »

challenge 2021 lire au féminin

Participation #19 au Challenge Lire au féminin de Tiphanya #Autrice britannique

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