Étiquette : inégalités sociales (Page 3 of 3)

Au fil des pages avec Après l’océan

J’ai lu, en e-book, Après l’océan de Laurence Peyrin (éd. De l’épée, avril 2022, 346 pages), un roman historique qui suit la vie fictive de deux sœurs rescapées du Titanic. En avril 1912, Letta Alistair Keegan, âgée de 24 ans et sa jeune sœur, Molly, surnommée Le P’tit Chou et âgée de 15 ans ont survécu, comme passagères de deuxième classe, au naufrage de Titanic. Les deux sœurs ont tout perdu, leur famille et leur argent. Letta, désormais veuve, tente de survivre dans New York, cette ville qu’elle n’apprécie guère et qui ressemble si peu à ce qu’elle a connu à Portsmouth et d’aider Molly qui, depuis le drame, est plongée dans un profond mutisme au point d’être considérée comme folle. Parviendront-elles à faire leur deuil et se remettre d’une si éprouvante épreuve? Et si New York était finalement le lieu de tous les possibles?

J’ai apprécié l’idée de départ de mélanger la petite histoire fictive dans la Grande Histoire même si j’ai trouvé le rythme inégal, tout s’enchaînant très rapidement dans la première partie pour ensuite ralentir et se concentrer sur le sort de Molly, lorsque celle-ci est enfermée à Blackwell. L’intrigue s’est révélée un peu trop convenue et avec des facilités scénaristiques, même si partant d’un fait historique dramatique, elle finit sur une note d’espoir. En effet, une fois installée avec sa sœur dans un hôtel huppé de New York, Letta enchaîne les rencontres, que ce soit la gouvernante de l’hôtel, Dorothy Woodford qui fournit du laudanum à Molly et qui permet à Letta d’avoir un emploi dans une prestigieuse pharmacie-apothicaire, C.O. Bigelow, Anthony Collins, un journaliste travaillant au New York Times et à qui elle raconte son histoire pour 40 dollars ou bien encore sa collègue de travail et ancien médecin qui a perdu une jambe après un accident de tramway, Natalie et son frère cadet Jacob, cette dernière étant de bons conseils et une aide amicale précieuse pour aider Letta à faire sortir Molly…  

Il y est ainsi question du traitement des rescapés du naufrage, de voyeurisme, du rôle de la presse dans la couverture médiatique du naufrage, de la condition de la femme, d’inégalités sociales, du stress post-traumatique, du traitement des maladies mentales au début du XXe siècle avec l’utilisation de laudanum ou des écrits de Nellie Bly, journaliste d’investigation, de résilience, de seconde chance, d’amitié et d’amour, d’entraide… Un bon moment de lecture dans l’ensemble!

J’ai enfin noté de nombreux passages gourmands, la famille de Letta ayant tout quitté en Angleterre pour ouvrir une nouvelle boulangerie à New York, un riche américain, Charles Newton III ayant assuré au père de Letta qu’il ferait fortune avec ses tourtes. Il y a les plats sur le pouce pris dans les rues new-yorkaises comme les hot-dogs, les recettes de tourtes (salées ou sucrées comme les apple pies, charlotte aux fraises)  de la famille Alistair ou les plats russes de Natalie comme des pirojkis (p.197/199)…

Challenge Petit Bac d’Enna #6 Catégorie Paysage: « Océan »

Participation # Challenge Des livres (et des écrans) en cuisine 2023 de Bidib et Fondant #Cuisine anglaise, américaine et russe

Au fil des pages avec Une perfide performance

Dès le jour de sa parution, j’ai lu en e-book, le tome 5 d’Une enquête de Beatrice Hyde-Clare, Une perfide performance de Lynn Messina (éd. Les Escales, octobre 2023, 392 pages), une romance cosy mystery reprenant le lendemain des évènements du tome précédent. Désormais fiancée à Damien Matloc, Duc de Kesgrave, Beatrice entend bien l’épouser le plus rapidement possible, quoiqu’en dise son entourage, chacun ayant une raison de vouloir retarder les noces, au grand dam des deux fiancés. La jeune femme se voit confier une enquête par Melle Brougham, son ennemie jurée qui viendrait d’hériter de son grand-père d’un mystérieux joyau. Mais ne devrait-elle pas se méfier? Cette nouvelle enquête pourrait-elle compromettre sa réputation et par suite son mariage avec le duc?

C’est avec un grand plaisir que je retrouve ce duo très attachant et toujours aussi complice. Alors que dans le tome précédent, le duc était en retrait afin de faire prendre conscience à Beatrice Hyde-Clare leurs sentiments réciproques sincères et profonds, cette fois, le jeune homme prend une part active dans l’enquête de sa fiancée. Plus amoureux et complices que jamais, les deux enquêtent de concert, ce qui donne lieu à de savoureuses joutes verbales dans la conduite à mener pour enquêter ou bien encore dans leurs hypothèses pour démêler le vrai du faux, surtout lorsqu’un meurtre est commis. Encore un très bon moment de lecture! Il me reste à patienter désormais plusieurs mois (sans doute jusqu’en mai 2024) pour la parution du tome suivant.

Participation # Challenge British Mysteries de Hilde et Lou #Romance cosy mystery

Participation #11 (Parcours littéraire) Challenge Le tour du monde en 80 livres 2023 de Bidib #États-Unis

Au fil des pages avec Les ombres de Big Ben

Pour le thème « Roman noir/thriller/policier » du Mois Anglais 2023, j’ai choisi Les ombres de Big Ben de Michelle Salter (éd. L’Archipel, 2023, 350 pages), un roman policier historique que j’ai lu en mars dernier, intriguée par l’illustration de couverture et les thèmes abordés dans le résumé.

En 1920, Iris Woodmore est une jeune journaliste stagiaire qui couvre la campagne des législatives partielles de sa circonscription avec trois candidats dont pour la première fois deux femmes au poste de Député d’Adlershot: Sybil Siddons pour les Libéraux,  Lady Delphina Timpson pour les Conservateurs et Donald Anstey pour les Travaillistes. En suivant cette campagne, elle est amenée à enquêter sur le décès de sa mère. En effet, sa mère était décédée en 1914, peu avant la Première Guerre Mondiale, des suites d’une chute accidentelle dans la Tamise au cours d’une manifestation de suffragettes. Les candidats à cette élection semblent d’ailleurs liés au passé de sa mère tout comme la disparition non résolue d’une autre suffragette, Rebecca qui était femme de chambre chez les Timpson.

J’ai apprécié cette enquête, surtout la première partie, dans une société anglaise en pleine mutation après la Première Guerre Mondiale. Dans un premier temps, nous sommes plongés dans l’univers des suffragettes et leur lutte pour gagner le droit de vote. Puis l’enquête de la jeune femme prend un autre tournant en découvrant les sombres secrets de la famille Timpson. Il est alors toujours question des droits de la femme mais dans la sphère privée, au sein du couple ou plus largement des violences intrafamiliales. Le roman prend  alors un ton que j’ai trouvé trop moderne pour l’époque d’après-guerre, faisant écho à des préoccupations actuelles du lecteur.

Il y est aussi question d’inégalités sociales (comme entre aristocrates et domestiques…), de condition de la femme, des luttes d’émancipation féminine face au fort conservatisme patriarcal, de secrets de famille, du travail des enfants, d’éthique journalistique, de corruption des politiques, du sort des anciens combattants…

Un bon moment de lecture malgré le rythme lent du récit et le fait que je m’attendais à être encore plus plongée dans le combat des suffragettes! Il s’avère que ce roman est le premier d’une nouvelle série livresque mettant en scène Iris Woodmore, une jeune femme de 21 ans au tempérament curieux, ouverte d’esprit, déterminée et indépendante bien qu’encore un peu immature dans certains domaines compte-tenu de son jeune âge. Un deuxième tome est déjà paru au Royaume-Uni. Je le lirai volontiers lorsqu’il sera traduit, ayant également apprécié les personnages secondaires qui entourent la jeune femme comme son mentor et rédacteur en chef du journal Walden Herald, Elijah, le propriétaire du journal, Horace Laffaye et son nouvel ami fort attachant, Percy Baverstock.

Petit aparté judiciaire: Il faut attendre les années 90 pour que la législation sur le viol conjugal progresse au niveau européen et pour qu’enfin le viol conjugal soit reconnu pénalement répréhensible. C’est le cas par exemple avec l’arrêt de la CEDH du 22 novembre 1995, S.W. c/ Royaume-Uni: ici mettant fin à un des principes de la Common Law iss de la thèse du juge Matthew Hale de 1736 d’immunité conjugale, à savoir « Lépoux ne peut être coupable dun viol commis par lui-même sur sa femme légitime, car de par leur consentement et leur contrat de mariage, lépouse sest livrée à son époux, et elle ne peut se rétracter ». En France, ce n’est que depuis 1994 que c’est inscrit dans le Code pénal et que depuis 2014 qu’a été retiré du Code civil le terme « bon père de famille » avec la théorie napoléonienne du « pater familias » comme figure de moralité.

Pour d’autres avis sur ce roman: Light and Smell et Bianca.

Participation # Le Mois Anglais 2023 de Lou et Titine #Roman Policier

Participation #8 (Parcours littéraire) Challenge Le tour du monde en 80 livres 2023 de Bidib #Royaume-Uni

Participation # Challenge British Mysteries de Hilde et Lou #Roman policier

Au fil des pages avec De fâcheuses fiançailles

J’ai lu, en e-book, le tome 4 d’Une enquête de Beatrice Hyde-Clare, De fâcheuses fiançailles de Lynn Messina (éd. Les Escales, 2023, 363 pages), un cosy mystery se déroulant sous la Régence anglaise sous fond de romance historique et qui reprend là où s’était arrêté le tome précédent, quelques instants après « le dernier scandale » de la jeune femme lors d’un bal en compagnie du duc. Contrairement aux tomes précédents où il fallait attendre (trop) longtemps avant que l’enquête démarre, l’autrice nous rappelle ici de façon plus concise les enquêtes précédentes et ayant amené aux fiançailles.

Beatrice Hyde-Clare tente d’assimiler qu’elle est désormais fiancée à Damien Matloc, le duc de Kesgrave et qu’elle va devenir une future duchesse, au grand désarroi de sa tante Vera. Afin de gérer la situation au mieux, elle ne voit rien d’autre que de mener une nouvelle enquête pour le compte de la comtesse d’Abercrombrie qui la touche intimement puisqu’il s’agit d’en savoir plus sur le décès de ses parents survenus 20 ans auparavant. Leur naufrage était-il un tragique accident ou au contraire ont-ils été tués en raison de leur qualité d’espions au sein de The English Correspondence Guild, une association de radicaux prônant le droit de vote pour tous les hommes désormais dissoute? Cela pourrait-il compromettre son propre mariage?

Pour mener à bien son enquête, la jeune femme est toujours aussi audacieuse et pleines de ressources que dans les tomes précédents, reprenant son apparence de jeune homme afin d’approcher le fondateur de The English Correspondence Guild ou bien des amis de ses parents comme le comte de Wem ou le vicomte Braxfields. Au travers de ses recherches, il y est ainsi question de condition de la femme, d’homophobie, d’inégalités sociales et de questions politiques (avec l’apparition d’un personnage fort sympathique, Madame Palmer avec son plaidoyer autour des impôts) ou bien encore de relations amoureuses (infidélité, jalousie maladive…).

La jeune femme menant seule son enquête, le duc de Kesgrave est beaucoup moins présent dans ce tome. Mais, à l’instar de Béatrice, j’avais hâte de voir apparaître le duc à ses côtés, leurs échanges étant tout aussi savoureux, complices et sarcastiques que dans les tomes précédents. Avec un style introspectif et sarcastique bien particulier qui pouvait être déstabilisant de prime abord dans le premier tome, l’autrice rend bien vivant et attachant les sentiments amoureux liant les deux fiancés, leurs réparties et leur confiance mutuelle.

Encore un très bon moment de lecture avec ce tome qui permet à Beatrice Hyde-Clare d’en apprendre plus sur ses parents et de se préparer à sa manière à se marier! Il est vrai que j’avais découvert très vite l’identité du coupable mais cela ne m’a pas du tout gâché ma lecture, me demandant comme la jeune femme allait finalement le démasquer à son tour. J’ai hâte de pouvoir lire les tomes suivants lorsqu’ils paraîtront en français.

Participation # Challenge British Mysteries de Hilde et Lou #Cosy Mystery

Participation #6 (Parcours littéraire) Challenge Le tour du monde en 80 livres 2023 de Bidib #États-Unis

Au fil des pages avec De larmes, de rouille et d’acier

Ayant bien apprécié Jadis, je t’aime de Romane Clessie, j’ai lu un autre roman de cette autrice: De larmes, de rouille et d’acier de Romane Clessie (éd. Bookmark, coll. Onirique, 2023, 476 pages), un roman steampunk mêlant espionnage, enquête policière et romance. Pour pouvoir soigner sa jeune Poly très malade, Violette a choisi de devenir une prétendante au sein de l’institution de Néo-Terra tenue par Madame Bihorel et ainsi pouvoir devenir l’épouse d’un riche Néo-Terrien. Mais à la suite d’une effroyable agression qui l’a laissée pour morte, elle est recyclée et sous une nouvelle identité, Rose devient une espionne et en colère, souhaitant à tout prix retrouver ses agresseurs et venger la mort de Poly faute de soins payés.

Pour sa première mission, elle est envoyée comme l’une des 4 prétendantes au sein d’une riche et influente famille Néo-Terrienne, les Delorme afin de séduire Jules, le fils dont les parents veulent lui trouver une épouse et enquêter sur des activités très controversées du père et sur une série de meurtres dont les victimes sont retrouvées sans leurs globes oculaires. La jeune femme arrivera-t-elle à ses fins et à rester en vie, les prétendantes non retenues étant tuées les unes après les autres? Pourra-t-elle faire confiance au neveu de la famille, Édouard?

Même s’il y a quelques facilités scénaristiques dans la résolution de l’enquête, l’écriture est fluide et addictive. On cherche, comme Violette, à percer les mystères de chacun et les liens qui unissent les personnages entre eux, leurs parts d’ombre. L’enquête tient en haleine même si la fin qui prend une dimension politique et sociale est à mon goût un peu trop rapide et simple et un peu trop en happy end (je m’attendais à un peu plus de morts et moins de rédemption et pardon). Quant à la romance entre Violette et Edouard, elle est toute mignonne et apporte une touche de légèreté.

J’ai apprécié l’univers steampunk et rétrofuturiste inspiré de l’ère victorienne imaginé par l’autrice, en particulier avec les personnes et animaux recyclés et dont les corps sont réparés avec du métal, la maison « vivante » dont les pièces changent de place chaque jour ou bien encore les machines robotiques inventées par Édouard. J’ai également apprécié cette revisite en quelque sorte de La Machine à voyager dans le temps de H.G. Wells en mode steampunk, Néo-Terra étant le lieu de fortes inégalités sociales entre pauvres vivant sous terre et riches vivant à la surface. Un bon voire très bon moment de lecture riche en révélations, secrets de familles, intrigues politiques et révolte!

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