Étiquette : consentement

Au fil des pages avec Poucette

J’avais relu l’année dernière avec mon mini lutin, sans prendre le temps de le chroniquer, Poucette, d’après Hans Christian Andersen et illustré par Charlotte Gastaut (éd. Flammarion Jeunesse, coll. Père Castor, 2011, 32 pages), un album jeunesse pour les 3/6 ans selon l’éditeur. Il était une fois Poucette, une toute petite fille qui n’était pas plus haute qu’un pouce qui vivait paisiblement jusqu’au jour où elle rencontra une vieille grenouille. Commence alors pour elle un long voyage aux multiples dangers. Arrivera-t-elle à trouver le bonheur et finir sa vie en compagnie d’un prétendant à sa hauteur et qu’elle aimera en retour?

J’apprécie toujours autant les illustrations de Charlotte Gastaut qui apportent une touche asiatique/japonaise au long voyage initiatique de la petite fille. On ressent les émotions de Poucette, que ce soit la solitude, la faim, le froid de l’hiver ou la peur à chaque pression exercée sur elle afin qu’elle prenne, sans son consentement, un mari, que ce soit le fils de la vieille grenouille ou la taupe, voisin de la souris qui la recueille l’hiver venu. On est loin du modèle rousseauiste de l’éducation des jeunes filles aux XVIIIe et XIXe siècles décrit dans Émile ou De l’éducation (1762) selon lequel les femmes devraient tout faire pour plaire et faire honneur à leur mari, en leur rendant la vie agréable et douce, même si c’est dans la souffrance. Toutefois, le choix d’un mari reste important jusqu’à la fin du conte, comme l’était la condition de la femme du XIXe siècle, l’histoire s’achevant par la rencontre avec le prince des fleurs. Il y est également question d’entraide, la petite fille se liant d’amitié avec une hirondelle qu’elle a soigné pendant l’hiver. Poucette se révèle forte face à l’adversité et bienveillante à l’égard de ses amis. Un très bon moment de lecture avec cet album magnifiquement illustré et qui est paru pour la première fois en 1835!

Participation #7 Challenge Contes et Légendes 2023 de Bidib #Conte traditionnel

Participation #3 Challenge 2023 sera classique de Blandine et Nathalie #Conte traditionnel

Au fil des pages avec Les enfants sont rois

J’ai lu Les enfants sont rois de Delphine de Vigan (éd. Gallimard, 2021, 348 pages), un roman policier se déroulant dans l’univers des réseaux sociaux et en particulier des très jeunes enfants influenceurs. Le 10 novembre 2019, Kimmy Diore, âgée de 6 ans, a disparu alors qu’elle jouait avec son frère aîné, Sammy, âgé de 8 ans et d’autres enfants de la résidence. Très vite, les enquêteurs en charge de l’enlèvement comme Clara Roussel, une « procédurière », s’intéresse aux activités de la famille, la mère des deux enfants, Mélanie Claux mettant en scène les deux jeunes enfants sur une chaîne YouTube et son compte Instagram. L’enlèvement est-il en lien avec cette surmédiatisation de leur vie privée? Kimmy était-elle si heureuse, comme le soutient la mère, d’être ainsi mise à nu sur les réseaux sociaux? 

J’avais vu passé de nombreux avis très élogieux de ce roman et pourtant, je l’ai trouvé sans plus, malgré le propos que je peux partager (la nécessité de la protection de la vie privée des enfants, les dérives de la surmédiatisation de leur vie, le problème de consentement, de choix, de libre-arbitre et de soumission au diktat de leurs parents qui à travers eux peuvent combler un vide affectif, un besoin de reconnaissance et d’être aimé, de droit à l’oubli, le poids du regard de l’autre dans la construction de sa personnalité ou bien encore la question d’une vie avec ou sans réseaux sociaux…). Cela rappelle déjà les critiques à l’égard des enfants comédiens, musiciens ou mannequins (les concours de Mini Miss, les castings…) avec le destin parfois tragiques des anciens enfants stars et leur mal-être affectif/social (troubles psychologiques, dépendance affective, à l’alcool, aux drogues ou bien encore inadaptation sociale…).

Le style d’écriture de Delphine de Vigan est très plat, sans envolée romanesque et bien trop sommaire et descriptif, plus proche de l’article de presse ou d’un mémoire de sociologie d’un étudiant en licence… Les personnages sont sans réelle nuance et peu approfondis, même lorsque le roman se projette dans le futur, dans les années 2030 lorsque Sammy et Kimmy sont devenus adultes et doivent vivre avec leur célébrité et les choix parentaux, en particulier de leur mère. Je ressors de ma lecture très mitigée, l’autrice n’ayant pas réussi, à mon sens, à choisir entre l’essai et la fiction.

Petit aparté judiciaire: Il est question de la Loi du 19 octobre 2020 visant à encadrer l’exploitation commerciale de l’image d’enfants de moins de 16 ans sur les plateformes en ligne. Toutes ces mesures étaient applicables dans les 6 mois de la publication de cette loi, soit en avril 2021. Or plusieurs de ces mesures nécessitaient un décret d’application qui n’est paru que récemment, à savoir le Décret n°2022-727 du 28 avril 2022.

Challenge Petit Bac d’Enna #5 Catégorie Famille: « Enfants »

Participation #78 Challenge Le tour du monde en 80 livres de Bidib #France

Au fil des pages avec Anatomie d’un scandale

Pour la lecture commune du 26 juin 2021 dans le cadre du Mois Anglais, je lis Anatomie d’un scandale de Sarah Vaughan (éd. Librairie générale française, Préludes, 2019), un thriller psychologique se déroulant dans les milieux politico-judiciaires en Angleterre.

En 2016, Kate Woodcroft, une avocate pénaliste quadragénaire défend une jeune femme, Olivia Lytton, victime de viol. Cette dernière prétend avoir été violée par James Whitehouse, quadragénaire, Sous-secrétaire d’État, ami intime du Premier Ministre, marié à Sophie et père attentionné de deux enfants. Olivia était, au moment des faits poursuivis, son assistante parlementaire et James venait de rompre avec elle une semaine avant, après avoir entretenu avec elle une relation adultérine de 5 mois environ. Olivia soutient qu’il l’a violée dans un ascenseur juste avant de se rendre à une réunion au Parlement. Lui clame qu’elle était consentante. Qu’en est-il réellement, chacun ayant sa vision de la vérité? Et quelle sera l’issue du procès? Chacun pourra-t-il se remettre du verdict et continuer sa vie comme avant le scandale?

L’histoire avance en alternant les points de vue entre l’avocate, l’homme politique et sa femme et aussi les époques, 2016/2017 (au moment du procès londonien opposant Olivia et James) et 1992/1993 (au moment des années d’études à l’Université d’Oxford de Sophie, James et d’une certaine Holly), ce qui permet de découvrir les parts d’ombre de chacun, entre non-dits, apparences, privilèges, faux-semblants, subjectivité, mensonges et désillusions. Sarah Vaughan décortique, en effet, la personnalité de chacun de ses personnages: Kate très investie professionnellement mais sans vie personnelle, James, homme politique charismatique, plaisant aux femmes, ambitieux et arrogant et Sophie, ne pouvant croire à la culpabilité de son mari, pour sauver son mariage et protéger leurs enfants. 

Il y est question des rapports Homme/Femme, de classes sociales (jeunesse dorée qui se sent intouchable et toute-puissance d’une élite au pouvoir), de consentement, de mariage, de résilience et des droits à un procès équitable. Au fil des pages, le doute s’installe. Qui manipule qui? Olivia se venge-t-elle de James qui l’a quittée? James n’a-t-il fait qu’un écart de conduite dans sa vie maritale? Sophie s’est-elle cachée à elle-même la vraie nature de son mari? Et Kate ne fait-elle pas une affaire personnelle de ce dossier en étant déterminée viscéralement à voir condamner James, au point de manquer à ses obligations déontologiques? Et qui est Holly qui a croisé la vie de James et de Sophie à l’université d’Oxford?

L’intrigue devient alors plus addictive quand commence les chapitres ayant trait au procès, procès que j’ai trouvé bien plus protecteur et bienveillant à l’égard de la partie civile que ce qui se passe en France. Je me souviens d’un cas où un adolescent victime d’une agression sexuelle devant attendre plusieurs heures dans la même salle d’audience, aux extrémités du même banc que le prévenu comparaissant libre.

Un bon moment de lecture avec ce roman judiciaire qui s’inscrit dans l’air du temps, malgré des longueurs à la fin et même si j’ai tiqué lorsque l’autrice fait dire à Kate que son habit d’Avocat est un déguisement (non, la robe d’Avocat n’est en aucun cas un artifice mais contribue à être le porte-parole/le porte-voix d’un client)! Je m’étais également imaginée une fin plus sombre et cynique, notamment pour Kate, l’autrice ayant opté pour une fin plus résiliente. Et je terminai en rappelant que oui, le doute profite toujours au prévenu/accusé (même si cela peut être blessant et très dur à entendre pour la victime) et que la vérité judiciaire n’est pas la Vérité.

Petit aparté judiciaire: Certes cette histoire fictive d’un procès se passe en Angleterre mais elle m’a rappelé des cas d’affaires traitant de viols en France où le système judiciaire est bien différent. En Angleterre, la procédure pénale anglaise est accusatoire, le juge agissant plus comme un arbitre entre les parties d’un procès et non comme en France en instruisant le dossier. Le rôle de l’Avocat de la partie civile est également bien éloigné. Dans cette histoire, Kate a le rôle dévolu en France à l’Avocat général (Cour d’assises si faits de viol retenus par le Juge d’Instruction) ou au Procureur de la République (Tribunal correctionnel en cas de correctionnalisation des faits de viol, ce qui arrive très souvent).

Puisque le procès du roman se cristallise autour de la notion de « consentement » pour retenir ou non le viol, j’évoquerai ici deux cas ayant eu lieu avant le mouvement #metoo: celui d’un jeune homme de 19 ans placé en garde à vue pour viol sur mineur de moins de 15 ans, la jeune fille ayant 12 ans mais se faisant passer pour plus âgée, disant avoir 16 ans et faisant partie d’une bande d’amis de 15/16 ans (infraction insuffisamment caractérisée et par suite, classée sans suite  à l’issue de la garde à vue) ou encore celui d’un jeune homme d’un peu plus de 20 ans et moniteur sportif poursuivi pour viols avec deux circonstances aggravantes: sur mineur et par personne ayant autorité puisque faits commis sur plusieurs de ses élèves âgées de 16 ans et qui vivait en concubinage avec une autre élève et amie des victimes, avec l’accord des parents (renvoi en Cour d’assises).

Pour d’autres avis sur ce roman judiciaire: Enna et Sylvie (toutes les deux en lecture audio).

Participation #14 au Mois Anglais de Lou, Titine et Cryssilda #LC

Participation #30 Challenge A year in England pour les 10 ans du Mois Anglais de Lou, Titine et Cryssilda #Roman judiciaire

Participation #14 Challenge British Mysteries de Hilde et Lou #Roman judiciaire

challenge 2021 lire au féminin

Participation #46 au Challenge Lire au féminin de Tiphanya #Autrice anglaise

Au fil des pages avec J’aime pas les bisous

Nous empruntons à la médiathèque J’aime pas les bisous de Nadine Monfils et Claude K. Dubois (éd. Mijade, 2010), un album jeunesse à partir de 3 ans dont l’illustration de couverture est toute adorable. Une petite fille ne supporte plus les bisous incessant de sa mère et se demande bien qui en voudrait à volonté. Et pourquoi pas adopter un chien?

La première partie de l’histoire nous rappelle de façon simple et rigolote le fait que chaque enfant, même tout-petit, est maître de son corps et que c’est son choix de faire ou non – ou de recevoir ou non – des bisous. Les illustrations pastel de Claude K. Dubois sont toujours aussi jolies que dans les autres albums jeunesse que nous avions pu lire. Un bon moment de lecture même si nous nous attendions pas à une telle chute quelque peu déroutante!

Participation #154 Je lis aussi des albums

Challenge Petit Bac d’Enna #4 Catégorie Mot au pluriel: « Bisous »

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