Étiquette : patriarcat (Page 1 of 2)

Au fil des pages avec La maîtresse de Bhatia House (T4)

J’ai lu la quatrième enquête de Perveen Mistry, La maîtresse de Bhatia House de Sujata Massey (éd. Charleston, septembre 2025,  560 pages), un roman policier se déroulant à Bombay, en été 1922, peu de temps avant le début des pluies de mousson. Sa belle-sœur venant d’accoucher d’une petite fille, Perveen se charge d’apporter son don lors d’une levée de fonds en vue de la construction d’un hôpital pour femmes et organisée au domicile de la famille Bhatia, une riche famille gujaratie dont le patriarche, Sir Dwarkanath a fait fortune dans la pierre de construction et vivant à Ghatkopar, en dehors de Bombay. Mais lors de la réception, un incident se produit: les vêtements du petit-fils et héritier de la famille Bhatia prennent feu. Le jeune garçon est sauvé par son ayah, Sunanda. Mais le lendemain, Perveen est surprise de la découvrir parmi un groupe d’individus arrêtés, la jeune femme de 20 ans étant accusée d’avoir bu une tisane censée provoquer un avortement. La procédure lui paraît inhabituelle d’autant que le plaignant à l’origine de son arrestation est introuvable. Pourra-t-elle prouver l’innocence de Suranda?

J’ai apprécié retrouvé Perveen Mistreen, juriste et associée dans le cabinet d’Avocat de son père, qui se retrouve une nouvelle fois mêlée à une affaire de complots et d’enjeux familiaux et politiques qui mettent sa vie en danger. En voulant aider la jeune ayah, la jeune femme se retrouve à enquêter sur une précédente réception de la famille Bhatia, un empoisonnement, des faits de corruption, un incendie volontaire… Pourquoi s’en est-on pris à Suranda? Quelle information si importante détient-elle sans le savoir?

J’ai trouvé l’enquête mieux ficelée que dans le tome précédent avec de multiples ramifications qui touchent au fonctionnement même de la société indienne de l’époque. Nous découvrons le Bombay cosmopolite et patriarcal des années 20, sous domination britannique, avec les communautés parsie, gujaratie ou juive avec le personnage Miriam Penkar, première femme gynécologue et choisie pour être directrice du futur hôpital pour femmes. Il y est ainsi question de la condition de la femme, de ses droits, de sa place dans la société (maternité, criminalisation de l’avortement, accès aux soins et à la Justice en cas de violences faites aux femmes, dépression post-partum, émancipation…), de corruption, de chantage, d’inégalités sociales au sein d’une Inde marquée par l’expansionnisme britannique se heurtant aux États princiers, d’hypocrisie…

Perveen est toujours tiraillée entre les conventions sociales et familiales et ses aspirations d’émancipation féminine, tant sur le plan professionnel que privé. Elle ne peut toujours pas exercer pleinement comme Avocate pour défendre Sunanda au point de ne pas respecter, au départ, toutes les règles déontologiques de sa profession et pouvant mettre à mal sa réputation et celle de sa famille. Elle doit aussi taire ses sentiments à l’égard de Colin Sandringham, leur relation mixte se faisant en secret, ce dernier ayant tout quitté pour rejoindre Perveen. Un bon moment de lecture avec cette nouvelle enquête, malgré quelques longueurs et même si j’ai parfois trouvé le ton et des réflexions de Perveen un peu trop modernes pour l’époque! Je serai au rendez-vous pour le tome 5.

Participation #9 Challenge Les Étapes Indiennes 2025 de Hilde #Indes britanniques

Challenge Petit Bac d’Enna #4 Catégorie Métier: « Maîtresse »

Participation # (Parcours littéraire) Challenge Le tour du monde en 80 livres 2025 de Bidib #États-Unis

Au fil des pages avec Green Witch Village

J’ai lu, en version numérique via ma médiathèque, Green Witch Village de Lewis Trondheim et Franck Biancarelli (éd. Lombard, septembre 2025, 104 pages), une BD adulte (même si classée à partir de 12 ans selon l’éditeur). L’esprit d’une femme de 30 ans, venant de 2025, a pris possession du corps de Tabatha Sands, une jeune libraire new-yorkaise vivant en octobre 1959, en colocation avec deux autres jeunes femmes aspirant à être comédiennes. Par un concours de circonstances, elle est choisie pour devenir l’ambassadrice des commerçant de Greenwich Village et se retrouve mêlée dans une sombre affaire d’espionnage, opposant espion russe et CIA, avec la menace d’une bombe atomique menaçant la ville et un groupe de terroristes nazis. Est-elle en plein cauchemar ou sera-t-elle à tout jamais piégée dans cette époque sexiste et patriarcale bien loin de sa vraie vie?

On est tout de suite plongé, comme l’esprit de l’héroïne, dans une autre époque, celle de 1959 (j’ai même pensé au début ne pas avoir un one-shot mais un tome 2). J’ai apprécié ce décalage ressenti par la trentenaire et sa volonté de montrer la voie à ses colocataires vers l’émancipation féminine face à un sexisme omniprésent ainsi que le temps d’adaptation nécessaire pour retrouver ses marques. Avec une logique propre à un songe ou un cauchemar, les interactions entre les personnages s’enchaînent, fort à-propos, jusqu’au dénouement final. Graphiquement et comme l’a souhaité le duo scénariste/illustrateur français dans le dossier graphique à la fin du livre, c’est un bel hommage aux comics des années 50, avec de l’humour, de l’espionnage et une dimension fantastique dans un décor automnal et halloweenesque. Un bon voire très bon moment de lecture rythmé et farfelu!

J’ai relevé également plusieurs passages gourmands, que ce soit des papotages autour d’une tasse de thé, des confidences autour d’un café et de croissants, de hot-dog ou bien encore de de barbes à papa à la fête foraine… 

Participation # Challenge Halloween 2025 de Hilde et Lou #Esprit, sorcière et médium

Challenge Petit Bac d’Enna #4 Catégorie Sport/Loisirs: « Green »

La BD de la semaine chez Moka pour cette semaine

Participation # Challenge Des livres (et des écrans) en cuisine 2025 de Bidib et Fondant

Au fil des pages avec Hollywoodland

J’ai lu, en e-book, Hollywoodland de Zoé Brisby (éd. Albin Michel, février 2025, 306 pages), un roman revenant sur les derniers mois Peg Entwistle, une jeune comédienne de théâtre new-yorkais aspirant à jouer au cinéma, avant son suicide du haut de la lettre « H » du célèbre panneau publicitaire, Hollywoodland, dans la nuit du 16 septembre 1932, pendant la Grande Dépression. La jeune femme de 24 ans semble pourtant, quelques mois plus tôt, avoir devant elle un avenir prometteur, se liant d’amitié avec deux starlettes et aspirantes comédiennes comme elle: Maggie et Joyce et tombant amoureuse de Joe, un acteur de 30 ans qui commence à se faire un nom à Hollywood, ancien fermier d’Oklahoma qui survit dans l’un des bidonvilles qui s’est formé derrière la RKO, un des grands studios de l’âge d’or d’Hollywood.

J’ai beaucoup apprécié ma lecture même si dès le premier chapitre, l’histoire ne peut pas bien se terminer. Malgré le décompte fatal, je me suis attachée à la courte vie de la jeune femme broyée, comme tant d’autres, par un monde de l’industrie cinématographique impitoyable et misogyne pour toutes celles et ceux qui pensent y voir se concrétiser leur rêve californien, le profit passant avant l’humain, d’autant plus que les studios et les plateaux de tournage commencent à être secoués par les prémisses du code de censure du Sénateur Hays. Entre rivalités, superficialité, pressions et désillusions, peu réussiront à percer. Mais à quel prix? Certains sont prêts à tout donner, comme Wanda, une des starlettes qui prend en grippe Peg. Il est bien difficile également de garder à distance et de prouver son talent ou de protéger sa vie face à des producteurs ou réalisateurs qui abusent de leur pouvoir, faisant fi du consentement et qui en demandent toujours plus, que ce soit sur les plateaux de tournage ou dans l’intimité. 

Malgré son jeune âge, Peg est une jeune femme qui a déjà bien vécu: orpheline très tôt ayant été adopté, avec ses deux jeunes frères, par son oncle et sa tante puis divorcée à 19 ans de Robert Keith, un acteur-scénariste violent, elle se veut combattive et résiliente. Ses deux nouvelles amitiés semblent l’aider à affronter la dure réalité des castings au cours desquelles elle n’est qu’une parmi les autres femmes au physique parfait avec ses cheveux blonds, ses yeux bleus et sa frêle silhouette. De même, elle retrouve la même honnêteté et combativité auprès de Joe qui a lui-même un dur vécu derrière lui et qui est venu tenter sa chance à Hollywood après avoir perdu sa ferme pendant le Dust Bowl. Mais cela sera-t-il suffisant? Maggie, Joyce et Joe réussiront-ils également à s’en sortir?

En s’inspirant de ce fait divers, l’autrice dresse un portrait sans concessions de Hollywood. Il y est question de l’industrie cinématographique aspirant les rêves et espoirs, de la condition de la femme dans les années 30 et de leur difficile émancipation, de soif de liberté, de seconde chance… J’ai une nouvelle fois bien apprécié ce roman comme les deux autres qui font partie du triptyque américain de l’autrice, même si Les mauvaises épouses et La double vie de Dinna Miller se passent dans les années 60 pour le premier et les années 50 pour le deuxième. Un très bon moment de lecture!

Au fil des pages avec A petit feu

J’ai lu À petit feu d’Elizabeth Jane Howard (éd. La Table Ronde, coll. Quai Voltaire, mai 2025, 336 pages), un roman choral paru pour la première fois en 1969. On y suit, sur plusieurs mois, la vie d’une famille recomposée plutôt aisée dans l’Angleterre des années 60, chacun se retranchant derrière des non-dits, apparences, hypocrisies et ambitions qui s’entrechoquent, entre Londres, la campagne anglaise, la Côte d’Azur et la Jamaïque, à l’image du chat Claude de l’histoire.

May, la mère se retrouve seule avec son second époux, le colonel Herbert Browne-Lacey, un homme autoritaire, pingre et qui la pousse à rédiger son testament, dans une maison, au cœur de la campagne anglaise, qu’il lui a fait acheter et qu’elle ne supporte plus, après le mariage de sa belle-fille, Alice et le départ à Londres de ses deux enfants, Oliver et Elizabeth. Elle tait sa solitude et sa tristesse en se tournant vers un charlatan spirituel, le Dr. Sedum. De son côté, Alice a fui un père qui l’a traitée comme une domestique pour un époux tout aussi détestable, Leslie Mount et déprime au sein d’une belle-famille envahissante. Quant à Elizabeth et Oliver, ce dernier sans ambition professionnelle se laisse vivre, enchaînant les conquêtes à la recherche d’une riche héritière et profite de la gentillesse et de la naïveté de sa sœur, âgée de 20 ans qui l’entretient en devenant cuisinière à domicile et qui entame une relation amoureuse avec un homme riche de 45 ans, John Cole divorcé et père d’une fille de son âge, Jennifer avec qui il entretient des rapports conflictuels. 

J’ai été charmée par le style d’écriture de l’autrice à l’humour so english et très caustique, le titre français et la façon dont elle amène les rebondissements allant dans le sens d’un roman plus noir que ne le laisse supposer l’illustration de couverture. On compatit pour des personnages qui sont pourtant loin d’être attachants de part leur faiblesse ou leur caractère odieux comme Oliver, bien trop frivole, manipulateur avec sa sœur qu’il rabaisse sans cesse et si peu mature, malgré ses 24 ans, en rentrant dans l’intimité de chacun. Les trois femmes (May, Alice et Elizabeth) tentent à leur manière de s’émanciper mais le poids de leur éducation et des conventions sociales semblent bien trop prégnant pour elles. Ne peuvent-elles pas vivre pour elles-mêmes? Le mariage n’est-il que l’unique solution pour une meilleure vie? Chacune, à leur façon, vont en faire l’amère expérience, entre mariages ratés, isolements, libertés de choix de vie et espoirs envolés. Les apparences s’effritent et les tensions s’accroissent, chacun affichant une image de bonheur inexistant. Il y est ainsi question de la condition de la femme dans les années 60, de leur difficile revendication d’émancipation, de la complexité des relations amoureuses, de choix de vie possibles… Un bon voire très bon moment de lecture! Je ne manquerai pas de lire d’autres romans de l’autrice comme par exemple La longue vue ou sa saga des Cazalet

Participation #4 Le Mois Anglais 2025 de Lou et Titine #Roman

Participation #7 Challenge 2025 sera classique aussi! de Nathalie #Roman anglais

Participation #17 (Parcours littéraire) Challenge Le tour du monde en 80 livres 2025 de Bidib #Royaume-Uni (Angleterre)

Au fil des pages avec Poussière blonde

En janvier dernier, j’ai lu Poussière blonde de Tatiana de Rosnay (éd. Albin Michel, février 2024, 320 pages), un roman qui faisait écho à ma précédente lecture sur Ava Gardner avec une autre icône de l’âge d’or du cinéma hollywoodien, Marilyn Monroe.

En janvier 2020, Pauline Bazelet assiste à la destruction du Mapes Hotel, palace réputé mais fermé et à l’abandon depuis plusieurs décennies, à Reno, dans le Nevada, avec sa meilleure amie Billie-Pearl. C’est l’occasion de se souvenir d’une rencontre qui a changé son destin, pendant l’été 1960, lors du tournage du film Les Désaxés de John Huston. En ce temps-là, Pauline était une jeune mère célibataire discrète et effacée de 20 ans vivant chez ses parents et qui travaillait comme femme de chambre au Mapes Hotel, ayant dû laisser de côté ses rêves de devenir vétérinaire. Lorsqu’elle est appelée pour nettoyer la suite 614, elle ne s’attendait pas à faire la connaissance de Mrs Miller, une femme hagarde dont elle ne comprend pas tout de suite qu’elle est Marilyn Monroe.

J’ai apprécié découvrir la vie de Pauline et son émancipation à travers des flashbacks et ses échanges avec l’actrice qui se montre tout à la fois fragile et à fleur de peau, sous l’emprise des médicaments et pourtant si gentille et bienveillante à l’égard de la jeune femme. Même si l’illustration de couverture est une photographie de Marilyn Monroe, ce livre n’en est pas une biographie romancée, l’actrice étant un personnage qui permettra à l’héroïne du roman, Pauline, de reprendre sa vie en main. On y découvre cependant l’actrice à un moment particulier de sa vie, quelques mois avant son décès en 1962, la fin de son mariage désastreux avec Arthur Miller qui l’a pourtant choisi comme actrice de son film et son nouvel amour pour son amant Yves Montand rencontré lors du tournage du Milliardaire et qui ne quittera pas sa femme pour elle.

Il y est ainsi question de quête initiatique, d’émancipation féminine, de choix de vie… J’ai apprécié le style d’écriture de l’autrice, à la fois délicat et immersif. Un très bon moment de lecture avec cette rencontre amicale, improbable, libératrice et touchante entre deux femmes que rien ne prédestinait à se côtoyer, à l’image des mustangs, ces chevaux sauvages qui ont également leur importance dans le récit! Cela m’a rappelé Au prochain arrêt de Hiro Arikawa (éd. Actes Sud, mai 2021, 192 pages), un court roman choral avec les rencontres fortuites de passagers empruntant la ligne ferroviaire reliant Takarazuka à Nishinomiya.

Pour d’autres avis sur ce roman: Enna (en version audio).

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