Étiquette : libre-arbitre

Au fil des pages avec La poupée de bois tendre

J’ai lu La poupée de bois tendre de Claude Clément et Isabelle Forestier (éd. Grasset Jeunesse, coll. Lecteurs en herbe, septembre 2003, 32 pages), un album jeunesse à partir de 4 ans selon l’éditeur. Un grand marionnettiste a créé la plus belle des poupées qui fait pendant des années le plaisir des spectateurs. Mais un jour, la marionnette lui réclame sa liberté et emportée par les vents, trouve refuge chez un pêcheur, loin du castelet. Un cœur peut-il battre dans le bois tendre?

Il y est ainsi question de création artistique, de liberté et de libre-arbitre, des rapports de l’artiste créateur envers sa création/créature et d’émancipation de son œuvre. Les illustrations apportent une touche poétique et onirique à cette histoire qui pourra être le point de départ d’un débat philosophique avec les jeunes lecteurs. Comme Pinocchio, la poupée de bois tendre tend à devenir humaine et à se défaire de ses fils de soie et du diktat du marionnettiste. Pourtant faite de bois, on ressent toute sa détresse à être à la merci du marionnettiste, sa lassitude à participer, année après année, aux représentations théâtrales qui font salle comble et son désir de voler de ses propres ailes, les fils de soie du marionnettiste en étant une jolie métaphore. Un bon moment de lecture avec ce conte philosophique!

Participation #8 Challenge Contes & Légendes 2024 de Bidib #Conte

Challenge Petit Bac d’Enna #2 Catégorie Objet: « Poupée »

Au fil des pages avec le tome 1 de Ténébreuse

J’ai lu le tome 1 du diptyque Ténébreuse de Hubert et Vincent Maillé (éd. Dupuis, 2021, 80 pages), une BD fantasy à partir de 15 ans selon l’éditeur et qui a été classée en adulte par ma médiathèque. Arzhur, un chevalier déchu est engagé par trois mystérieuses vieilles femmes pour sauver une jeune princesse en détresse. Mais la réalité est tout autre, Islen s’étant retirée de son plein gré dans le château noir avec ses animaux monstrueux. Les deux jeunes gens partent alors pour le château du père d’Islen. Quelle destinée les attend?

Côté scénario, l’histoire est bien moins classique qu’il n’y paraît, même si certains personnages sont un peu stéréotypés comme la belle-mère marâtre jalouse ou les parents d’Islen… J’ai retrouvé des thèmes récurrents chez Hubert dont j’avais lu l’année dernière Peau d’Homme. Il y est question du poids du regard de l’autre, d’héritage familial, de déterminisme, de libre arbitre, de rédemption ou bien encore de seconde chance. Le scénariste s’est amusé à prendre le contrepied des codes traditionnels des contes et légendes: un chevalier ingénu et bien naïf, une princesse féministe… Les trois vieilles m’ont fait penser aux Moires (les trois divinités grecques du destins) et aux trois sorcières de Macbeth, la mère d’Islen à la fée Mélusine et Islen entourée de rats au Joueur de flûte de Hamelin.

J’ai beaucoup apprécié les illustrations de Vincent Maillé qui m’ont rappelé le coup de crayon de Régis Loisel avec une ambiance médiévale, sombre et fantastique ou bien encore le film Willow de Ron Howard sorti en 1988. J’ai d’ailleurs lu après ma lecture que Vincent Maillé a illustré deux tomes du deuxième cycle de La Quête de l’oiseau du temps, Avant la quête. Il se dégage une grande complexité et expressivité du duo Arzhur/Islen, chacun devant vivre avec le poids de son passé et ses démons intérieurs. Un très bon moment de lecture dont les péripéties et rebondissements s’enchaînent rapidement et qui se finit en plein suspense épique! Le passé va-t-il se reproduire? J’ai hâte de découvrir le second et dernier tome qui paraîtra en septembre 2022, Hubert ayant pu l’écrire avant son décès en 2020.

Pour un autre avis sur ce tome 1: Bidib.

Participation #18 Challenge Contes & Légendes 2022 de Bidib

Participation #40 Challenge Le tour du monde en 80 livres de Bidib #France

Au fil des pages avec Pax et le petit soldat

J’ai lu, fin octobre, Pax et le petit soldat de Sara Pennypacker et illustré par Jon Klassen (éd. Gallimard Jeunesse, 2017, 318 pages), un roman jeunesse à partir de 10 ans et qui a reçu le Prix Sorcières 2018 dans la catégorie « Carrément passionnant mini ». Au vu de l’illustration de couverture, je pensais que l’histoire se déroulait en automne or elle se passe au printemps, lors d’un mois d’avril, une guerre étant sur le point d’éclater.

Orphelin de mère, Peter, un jeune garçon âgé de 12 ans abandonne en pleurs et à contrecœur dans un bois Pax, son renard apprivoisé pour aller vivre, très loin de chez lui, chez son grand-père paternel, son père s’étant enrôlé. Mais dès la première nuit, regrettant son geste, le jeune garçon s’enfuit pour retrouver son renard. Après une mauvaise blessure, il trouve refuge chez Vola, une ancienne militaire vivant dans une ferme isolée, encore traumatisée d’avoir perdu une jambe au combat et qui accepte de le soigner. De son côté, le renard attend le retour de son petit garçon si différent des autres hommes et fait connaissance de renards sauvages, Hérissée et son petit frère Avorton qui l’aideront à survivre dans la nature et ses dangers. Peter retrouvera-t-il à temps et en vie Pax avant le début de la bataille?

Accompagnée de jolies illustrations en noir et blanc, l’histoire alterne à chaque chapitre entre le point de vue du renard et celui du petit garçon, chacun faisant des rencontres déterminantes pour leur vie future et qui permet au jeune lecteur de s’interroger sur les conséquences de la guerre tant sur les êtres humains (« malades de guerre ») et en particulier les enfants que sur la faune et la flore. Il y est aussi question d’aventures, d’amitié, de courage, de libre-arbitre, de culpabilité et de quête d’identité. Que ce soit Peter, Vola ou Pax, chacun doit apprendre à vivre avec la guerre. Il y a de la colère chez Peter qui ne veut pas ressembler à son père violent et de la culpabilité chez Vola qui s’est repliée sur elle-même, dans ses souvenirs douloureux, loin du monde extérieur et de ses rêves.

J’ai toutefois été gênée par le fait de ne pas réussir à fixer le lieu du récit que je pensais en France, avec un conflit entre Français et Italiens, compte-tenu de certains passages et références culturelles de l’intrigue mais avec un garçon qui pratique un sport typiquement américain, le baseball. Mais j’ai apprécié l’idée de décrire la guerre et ses conséquences à travers les yeux du renard Pax, avec une certaine innocence qui atténue les passages sombres du récit tout comme la relation entre Peter et Vola, chacun apprivoisant l’autre. Un très bon moment de lecture avec ce roman d’apprentissage!

Participation #2 Challenge Le tour du monde en 80 livres de Bidib #États-Unis (autrice) et Canada (illustrateur)

Au fil des pages avec L’ombre du Golem

J’emprunte à la médiathèque L’ombre du Golem d’Éliette Abécassis et Benjamin Lacombe (éd. Flammarion Jeunesse, 2017), un roman illustré à partir de 13 ans.  La légende du Golem nous est contée par une petite fille d’alchimistes, Zelmira, témoin des persécutions subies par la communauté juive de Prague en 1552 et de la naissance du Golem pour les protéger. Zelmina devient, en effet, la protégée du grand rabbin, le Maharal de Prague et de sa femme Perl, ce qui lui permet d’approcher au plus près le Golem nommé Joseph et qui agit mécaniquement, se rasseyant sur son banc après chaque tâche de défense effectuée.

Mais il est bien difficile pour la petite fille de comprendre la nature du Golem décrit comme « machine animée » par son créateur. Elle interpelle sans cesse le Maharal à ce sujet, allant jusqu’à lui demander de doter le Golem de la parole, d’une conscience. Mais bientôt, la présence du Golem remonte aux oreilles de l’Empereur Rodolphe mais surtout à celles du moine Thadée qui entend bien le capturer en s’emparant de Zelmira comme monnaie d’échange. Entre quête de liberté et assujettissement, le Golem tiendra-t-il son rôle de protecteur? Et de son côté, Zelmina en apprendra-t-elle un peu plus sur elle?

Cette histoire sombre et qui fait malheureusement encore écho à notre époque actuelle est magnifiquement illustrée par Benjamin Lacombe. Il alterne des doubles pages d’illustrations en couleurs et en contre-plongée, le premier plan étant flouté – ce qui me donne l’impression d’observer l’histoire de la même façon que la jeune narratrice curieuse qui observe de loin – avec des illustrations en noir et blanc très expressives.

Il y est question de la nature humaine, de religion, de libre-arbitre et d’assujettissement, ce qui me fait penser à Frankenstein de Mary Shelley, le Dr. Frankenstein dotant sa créature de conscience. Il est également question de fanatisme religieux incarné par le moine Thadée qui entend massacrer tous les Juifs du Ghetto de Prague y compris les enfants mais aussi les scientifiques comme l’ami du Maharal, l’astronome Tycho Brahé qui de par ses découvertes remet en cause les croyances de l’Église catholique. Ce roman jeunesse peut ainsi permettre d’ouvrir la discussion historique et/ou philosophique avec les lecteurs adolescents, l’histoire reprenant des faits et des figures historiques du XVIème siècle derrière la légende.

Challenge Halloween de Hilde et Lou #Contes et Légendes

Participation #50 Contes & Légendes 2020 de Bidib

Challenge Petit Bac d’Enna #10 Catégorie Personne réelle: « Golem »

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