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Au fil des pages avec La fin de l’absolumine

J’ai lu, en e-book, La fin de l’absolumine de Coralie Bru (éd. Librinova, février 2025, 392 pages), un roman choral d’anticipation dans lequel l’usage d’une puce (implant cérébral) reliée à une intelligence artificielle afin de réguler et contrôler les émotions des personnes (les douleurs, les peurs comme les joies) est de plus en plus répandu et même favorisé, les sociétés privées comme l’Absolute en vantant les bienfaits et les États légiférant en ce sens. Après avoir perdu leur enfant à naître, un couple se déchire autour de la question de savoir si leurs deux autres enfants en bas âge doivent ou non être dotés de cette puce afin de mieux supporter ce deuil périnatal. Alice y est totalement opposée mais ne peut empêcher son mari de commettre cet acte d’implantation.

Presque deux années plus tard, elle obtient l’aide d’un Comité afin de désimplanter la puce de ses deux enfants et fait ainsi la connaissance de Meriem et Laura. Ces militantes font partie de celles et ceux qui refusent cette nouvelle technologie qui aliène les individus en les privant d’une part de leur humanité et de leur libre-arbitre, en informant et en aidant et accompagnant du mieux possible ceux touchés de loin ou de près par ces puces. Pendant ce temps-là, un groupe anonyme d’opposants revendique des actions plus radicales et brutales. Serait-ce bientôt la fin de l’absolumine?

On suit tour à tour ces trois femmes, Alice, Meriem et Laura, de leur point de vue, en apprenant un peu plus sur chacune d’elle ainsi que sur la société dans laquelle elle vit. Qui ne rêverait pas de ne plus souffrir ou de ne plus voir souffrir ses proches? Sur ce point, cela m’a fait penser à la série Severance

Au-delà de l’aspect d’anticipation, ce roman questionne la nature humaine et les choix parentaux qu’on peut être amené à prendre dans l’intérêt supérieur de son enfant et leur répercussion sur le reste de la fratrie. C’est tout à la fois des questions éthiques, politiques et sociétales qui sont abordées, tant au niveau de l’individu lui-même que de la société toute entière. Qu’est-on prêt à accepter au nom du bien-être et du bonheur? Le débat soulevé par ce roman m’est apparu très actuel, face à l’envie de favoriser le bien-être de ses enfants, que ce soit pour des raisons privées ou familiales comme un deuil, une déception amoureuse, un échec scolaire, la puberté, les conditions de travail ou sociétales comme le changement climatique et l’éco-anxiété, entraînant comme dans le roman, de fortes chaleurs et privations kilométriques… 

Les implants cérébraux existent d’ailleurs déjà, même s’ils sont très récents et au stade de recherches médicales et de premiers essais cliniques, mais dans un cadre strictement thérapeutique, pour soigner par exemple les maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson, maladie de Charcot…), neurologiques (épilepsie…), psychomotrices… Sans parler d’implants cérébraux, de tels questionnements peuvent déjà se poser pour des traitements moins invasifs comme la prise de médicaments (lexomil, ritaline, rispéridone…) pour traiter des dépressions, états suicidaires, troubles de l’attention, anxiété… Des patients, qu’ils soient adolescents ou majeurs, notent d’ailleurs souvent un impact sur leur humeur ou l’impression d’une vie devenue fade, linéaire et sans reliefs, comme « lobotomisé » avec la prise médicamenteuse qui peut aller jusqu’au refus de soin, certains faisant même le choix, en cas de décompensation ayant entraîné un délit de purger une peine de prison.

Hors de cette fiction, des sociétés privées de biotechnologies souhaitent déjà aller encore plus loin en envisageant l’humain augmenté, non plus seulement pour guérir mais pour améliorer les capacités cognitives des individus par exemple, ce qui nous plongerait dans la société fictive imaginée par Coralie Bru et ses possibles dérives et nouvelles inégalités sociales avec des surhumains ou le contrôle d’autres « non augmentés », nécessitant de protéger l’Homme de lui-même, de rester vigilant et de faire évoluer, sans cesse, la législation autour de la bioéthique… Un bon voire très bon moment de lecture avec ce roman à la fin ouverte et dont les thématiques me sont chères, me renvoyant à mon sujet de mémoire de DEA de philosophie ou à des dossiers judiciaires se terminant avec des injonctions de soins!

Pour d’autres avis sur ce roman: Enna (et son fils Bastien).

Au fil des pages avec L’Étoile du soir

J’ai lu L’Étoile du soir de Siècle Vaëlban (éd. Albin Michel Jeunesse, octobre 2023, 144 pages), un roman jeunesse à partir de 8 ans selon l’éditeur mais que je conseillerai pour les adolescents au vu des thèmes abordés. Chaque soir après l’école, Kinjal, une fillette de 9 ans rentre chez elle, auprès de ses parents et de sa sœur aînée Chadna,  en empruntant un périlleux chemin à travers la montagne qu’elle chérit tant, vivant sur le plateau d’Hemadri, en Inde. Mais son quotidien est bientôt bouleversé: Chadna, sur le point de se marier à 17 ans tombe soudainement malade des fleurs de chair, sa mort étant inéluctable. Comment Kinjal arrivera-t-elle à surmonter cette épreuve? Pourra-t-elle compter sur deux bébés panthères des neiges et une amitié inattendue à l’école?

Il y est ainsi question de quête initiatique, de deuil, de résilience, de famille, de jalousie, de religion à travers les esprits de la montagne, de Nature, de la portée symbolique des noms, de courage… Un très bon moment de lecture avec ce court roman poétique et touchant dont pour une fois je relèverai une citation: « Le vrai courage, c’est de dire au revoir. Si on ne sait pas dire au revoir, on n’ose jamais aimer »!

Enfin, malgré la frugalité de leurs repas en ce début de printemps, j’ai noté quelques passages gourmands lorsque Kinjal est obligée de travailler avec sa mère: pour le déjeuner, « en guise de repas, elles mangent des fruits sur l’étal. L’œuf de dragon, rose et cornu, est le préféré de Kinjal. Elle le colle contre son oreille pour entendre l’esprit de la bête siffler à l’intérieur. Leur cousine prépare du chaï: le lait danse d’une casserole à l’autre, les épices cuisent dans la mousse brune. Trois cuillères de sucre et elles peuvent déguster la boisson réconfortante dans de minuscules tasses en terre cuite » ainsi que les gourdes de lait de chèvre qu’utilise la fillette pour nourrir les bébés panthères des neiges.

Pour d’autres avis sur ce roman jeunesse: Fondant (qui l’a chroniqué comme roman young adult).

Participation #2 Challenge Les Étapes Indiennes 2025 de Hilde #Roman jeunesse

Challenge Petit Bac d’Enna #1 Catégorie Objet: « Étoile »

Participation #10 Challenge Des livres (et des écrans) en cuisine 2025 de Bidib et Fondant #Cuisine indienne

Au fil des pages avec Peter Pan de Kensington

Après avoir grandement apprécié son interprétation d’Un chant de Noël, une histoire de fantômes (éd. Dargaud, novembre 2022, 80 pages), à Noël dernier, j’ai lu, en version numérique via ma médiathèque, Peter Pan de Kensington  de Jose Luis Munuera (éd. Dargaud, août 2024, 96 pages), une BD jeunesse selon l’éditeur mais que je conseillerai pour les adolescents et qui adapte Le Petit Oiseau blanc de James Matthew Barrie paru en 1902 et qui mentionnait pour la première fois le personnage de Peter Pan, avant la pièce de théâtre de 1904 et le roman éponyme de 1911.

Dans les jardins de Kensington, à Londres, Maimie Mannering, une fillette de six ans s’est perdue à la nuit tombée et ne sait pas comment rentrer chez elle. Elle demande de l’aide à Peter Pan qui la conduit auprès de la Reine des fées qui leur soumet une énigme improbable. Le temps est compté. Ils ont jusqu’au lever du jour pour la résoudre sinon la fillette restera bloquer dans le parc à tout jamais. Y parviendront-ils à temps?

J’ai une nouvelle fois bien apprécié cette lecture, même si je n’ai pas lu le roman originel de 1902, seulement Peter Pan dont on retrouve le côté sombre et cruel dans sa façon de se comporter, par moment, avec la fillette. J’ai également apprécié ce petit peuple de la nuit qui prend vie dans le parc, la Reine des fées étant le double nocturne de la Reine Victoria dans une version reprenant les caricatures satiriques des journaux de l’époque victorienne et qui apporte une touche de légèreté et d’humour au récit bien sombre.

Il y est ainsi question d’enfance, de la place de l’enfant au sein de la famille, en particulier de la perte d’un enfant, de deuil, d’oubli, d’amour parental ou filial, de mortalité enfantine… Le monde de l’enfance peut basculer à tout moment, tout tenant dans un équilibre précaire entre merveilleux et cruauté, à l’image de la vie, théâtre de la tragédie humaine. Les illustrations sont magnifiques, entre réalisme et onirisme, entre innocence enfantine et peurs nocturnes, la mort hantant les lieux. Comme le lui demande Peter Pan, que peut bien être Maimie? Et même Peter lui-même? Un très bon moment de lecture bien que les thèmes abordés soient sombres et tristes! Cela m’a donné envie de lire l’œuvre illustrée par Arthur Rackham, Peter Pan dans les jardins de Kensington (éd. Bibliothèque nationale de France, rééd. décembre 2021, 128 pages), une version réduite de  James Matthew Barrie, n’ayant pas réussi à dénicher Le Petit Oiseau blanc.

Je coche au passage ma première case du bingo du Challenge Contes et Légendes « une BD ».

Participation #1 Challenge Contes & Légendes 2025 de Bidib #Classique jeunesse anglais

Challenge Petit Bac d’Enna #1 Catégorie Prénom: « Peter »

Participation #1 (Parcours illustré) Challenge Le tour du monde en 80 livres 2025 de Bidib #Espagne (Dessinateur) et Royaume-Uni/Écosse (Auteur)

Participation #1 Challenge 2025 sera classique aussi! de Nathalie #Adaptation BD

Au fil des pages avec Je vais bien, ne t’en fais pas

L’été dernier, j’ai lu, en e-book, Je vais bien, ne t’en fais pas d’Olivier Adam (éd. La dilettante, janvier 2000, 192 pages), un roman court contemporain. Cela faisait un moment que je voulais le lire, ayant bien apprécié son adaptation en film réalisé par Philippe Lioret et sorti en 2006 avec Mélanie Laurent dans le rôle d’Élise « Lili » et Kad Merad dans le rôle de son père, Paul Tellier mais également la chanson « U-turn (Lili) » d’AaRON tirée de la bande originale du film.

Dans le roman, la jeune femme se prénomme Claire et non pas Lili. Caissière à Shopi et âgée de 22 ans, elle sombre depuis le départ deux ans plus tôt de son frère, Loïc, de 2 ans son cadet après une dispute avec leur père. Après un très long silence, elle reçoit de brèves cartes postales de sa part. Quand elle prend une semaine de congés, en été, elle se rend dans le dernier endroit dont elle a reçu une lettre de Loïc. Arrivera-t-elle à le retrouver?

Le style est cru, bref et centré surtout sur les états d’âme de Claire, ses parents étant peu présents. Il y a beaucoup de non-dits, malgré l’amour qui les unit. La tension est à son comble tout comme la peur de ses parents que Claire découvre le secret autour de la disparition de Loïc est palpable. 

J’ai trouvé le film bien plus abouti et plus marquant émotionnellement que le roman éponyme, bien qu’il prenne des libertés scénaristiques et en laissant par exemple plus de place aux parents, en particulier à la relation père/fille. Premier roman de l’auteur, il n’est pas sans défauts. On y retrouve des thèmes chers à Olivier Adam. Il y est ainsi question de secrets de famille, de deuil, de suicide, d’anorexie, de dépression, du mal-être de la jeune femme dans sa routine quotidienne au sein d’une société de surconsommation et dans laquelle elle n’arrive pas à trouver sa place et qui fait cruellement ressortir le manque de son frère… Pourtant, elle continue inlassablement de rechercher tout signe de vie et donc d’espoir de le revoir. Peut-être est-ce dû au format court du roman mais j’en attendais un peu plus, la fin arrivant un peu trop de façon précipitée.

Au fil des pages avec Cosy Christmas Mystery, Retour à St Mary Hill

J’ai lu le tome 1 de Cosy Christmas Mystery, Retour à St Mary Hill de Carine Pitocchi (éd. Robert Laffont, coll. La Bête noire, octobre 2023, 342 pages), une romance contemporaine cosy mystery à la jolie illustration de couverture et se déroulant au moment de Noël. Après avoir quitté son conjoint qui l’a trompée et producteur de la série à succès dont elle est scénariste et étant ruinée, Jo-Ann Brown se réfugie loin de la presse à scandale et de son ex dans le cottage dont elle a hérité avec son frère de leur grand-tante Gladys à St Mary Hill, village anglais dans lequel vit aussi son meilleur ami, Lawrie qui suite à son veuvage, à quitter son métier d’avocat pour devenir pasteur. Elle est bientôt rejointe par son neveu Alex âgé de 14 ans, youtubeur et qui s’est fait exclure de son pensionnat ainsi que par son ancienne assistante et amie, Daisy. Alors qu’elle tente de remettre un sens à sa vie, des décès inquiétant s’enchaînent et remettent en cause le décès de sa propre grand-tante. Serait-ce l’œuvre d’un tueur en série? Jo-Ann et Lawrie décident de mener leur propre enquête. 

Cela s’annonçait comme une enquête façon Agatha Christie avec le « couple » emblématique Jo et Laurie des Quatre filles du Docteur March de Louisa May Alcott. Mais je n’ai pas accroché au style d’écriture de l’autrice que j’ai trouvé un peu trop familier et issu du langage parlé ni le jeu du chat et de la souris entre les deux personnages principaux qui m’a paru un peu trop répétitif et bien long et qui n’a même pas avancé d’un pouce à la fin du tome, Lawrie étant l’amoureux transi de Jo-Ann mais celle-ci, de peur de perdre leur amitié, refuse de ressentir le moindre sentiment amoureux, seulement amical envers lui.

Il y est ainsi question de famille, de la difficulté à concilier vie professionnelle et vie privée, d’amitié qui perdure au-delà des années ou intergénérationnelle, d’amour de jeunesse ou de premiers émois amoureux, de secrets de famille, de solitude, de deuil…

Ce roman m’est apparu avant tout comme un tome introductif, l’enquête qui avance d’elle-même, sans véritables enjeux dramatiques et qui sert surtout de prétexte pour  présenter Jo-Ann et la galerie de personnages l’entourant, animaux domestiques compris. Il m’a manqué un peu plus de profondeur dans l’enquête et un peu plus de consistance dans des personnages maintes fois vus et revus, la jeune femme trompée et qui regrette de ne pas avoir passé plus de temps auprès de ceux qu’elle aime vraiment, le neveu geek, le meilleur ami amoureux transi et veuf qui met en émoi les paroissiennes de son presbytère, les deux vieilles filles commères et entremetteuses, les policiers incompétents de Scotland Yard…

Une lecture rigolote mais mitigée! J’ai été bien moins emballée que Chicky Poo et Hilde qui l’avaient lu l’année dernière. J’ai toutefois bien apprécié les personnages secondaires comme Alex, le neveu de l’héroïne et les deux sœurs McPherson, voisines et commères septuagénaires du village. Je tenterai toutefois de lire le tome suivant, Murder Party au manoir, le pitch me plaisant, sans doute pour Noëlloween prochain.

Pour d’autres avis: Chicky Poo, Hilde, Samarian, Bianca, Belette

Participation #8 Challenge Il était 12 fois Noël de Chicky Poo et Samarian #Romance cosy mystery de Noël

Participation #6 Challenge Christmas Time 2024 de MyaRosa #Romance cosy mystery de Noël

Participation #1 Challenge British Mysteries 2025 de Lou et Hilde #Romance cosy mystery de Noël

Challenge Petit Bac d’Enna #1 Catégorie Lieu: « St Mary Hill »

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