Étiquette : conte philosophique

Au fil des pages avec Shamisen

J’ai lu, en version numérique via ma médiathèque, Shamisen de Guilherme Petreca et Tiago Minamisawa (éd. Ankama, avril 2023, 160 pages), un roman graphique s’inspirant de la vie de la musicienne itinérante non-voyante, Haru Kobayashi (1900/2005), l’une des dernières Gozes célèbres ayant vécu au Japon. Abandonnée à sa naissance par sa mère en plein hiver, Haru est recueillie par un musicien itinérant qui lui apprend à jouer du shamisen, un instrument de musique traditionnel à cordes pincées avec un long manche. Au décès de ce dernier, elle continue à vivre de sa musique, à travers la campagne japonaise, toute sa longue vie durant, après avoir perdu petite fille la vue, s’arrêtant devant la porte des habitants contre gîte ou couvert en échange de quelques notes.

J’ai apprécié la découverte de cette musique traditionnelle japonaise à travers ce récit onirique et poétique, sous forme de conte philosophique, au cours duquel la musicienne itinérante fait de nombreuses rencontres avec des Yōkai et divinités japonaises, certaines bienveillantes et d’autres malveillantes: un kappa qui, séduit par sa musique, lui offre la clé de la dimension divine, Benzaiten, la déesse du bonheur ou bien encore Yuki-onna, la sorcière des neiges qui lui jette un sort. Haru va également jouer et chanter pour un peintre mourant à qui elle sauve la vie (peintre qui s’inspire de Katsushika Hokusai)…

J’ai également apprécié la douceur des illustrations au charme suranné et invitant à la contemplation ainsi que les réflexions philosophiques de la musicienne. Il y est ainsi question du sens de la vie, de la beauté de l’Art et plus particulièrement de la musique, de liberté artistique, de la musique comme vecteur de lien social… Un bon moment de lecture qui se termine par un dossier thématique à la fin de l’ouvrage fort instructif pour en découvrir plus sur les gozes et leurs chants, un QR-code au début de l’ouvrage permettant d’accéder à leurs musiques!

Pour d’autres avis sur ce roman graphique: Katell.

La BD de la semaine chez Noukette pour cette semaine

Participation #5 Un Mois au Japon 2025 de Lou et Hilde #Roman graphique

Participation #8 (Parcours illustré) Challenge Le tour du monde en 80 livres 2025 de Bidib #Brésil (scénariste et illustrateur)

Participation #7 Challenge Contes & Légendes 2025 de Bidib #Yōkai

Challenge Petit Bac d’Enna #2 Catégorie Sport/Loisir: « Shamisen » (Instrument de musique japonais)

Au fil des pages avec La poupée de bois tendre

J’ai lu La poupée de bois tendre de Claude Clément et Isabelle Forestier (éd. Grasset Jeunesse, coll. Lecteurs en herbe, septembre 2003, 32 pages), un album jeunesse à partir de 4 ans selon l’éditeur. Un grand marionnettiste a créé la plus belle des poupées qui fait pendant des années le plaisir des spectateurs. Mais un jour, la marionnette lui réclame sa liberté et emportée par les vents, trouve refuge chez un pêcheur, loin du castelet. Un cœur peut-il battre dans le bois tendre?

Il y est ainsi question de création artistique, de liberté et de libre-arbitre, des rapports de l’artiste créateur envers sa création/créature et d’émancipation de son œuvre. Les illustrations apportent une touche poétique et onirique à cette histoire qui pourra être le point de départ d’un débat philosophique avec les jeunes lecteurs. Comme Pinocchio, la poupée de bois tendre tend à devenir humaine et à se défaire de ses fils de soie et du diktat du marionnettiste. Pourtant faite de bois, on ressent toute sa détresse à être à la merci du marionnettiste, sa lassitude à participer, année après année, aux représentations théâtrales qui font salle comble et son désir de voler de ses propres ailes, les fils de soie du marionnettiste en étant une jolie métaphore. Un bon moment de lecture avec ce conte philosophique!

Participation #8 Challenge Contes & Légendes 2024 de Bidib #Conte

Challenge Petit Bac d’Enna #2 Catégorie Objet: « Poupée »

Au fil des pages avec Le maître des estampes

En cherchant des albums jeunesse pour Un mois au Japon à la médiathèque, j’ai jeté mon dévolu sur un album de Thierry Dedieu, un auteur/illustrateur que j’apprécie beaucoup et au style très varié et pour tous les âges comme par exemple, en tant qu’illustrateur, sa série hilarante avec Frédéric Marais, Bob & Marley ou sa série des comptines en noir et blanc pour les tout-petits ou bien encore ses albums avec le bonhomme de neige…  Il a d’ailleurs reçu le Prix Sorcières 2010 dans la catégorie Prix spécial pour l’ensemble de son œuvre. Mais revenons à l’album jeunesse lu cette fois: il s’agit du Maître des estampes (éd. Seuil Jeunesse, 2010), un un album jeunesse pour les 6/9 ans selon l’éditeur.

Dans un Japon médiéval, ou à tout le moins ancien, un riche mandarin commande auprès d’un maître des estampes un dessin. Mais l’artiste accepte à deux conditions qui choquent l’acheteur: un prix a priori conséquent et un délai d’attente de six mois. Les jours passent et le mandarin s’impatiente de plus en plus, prenant le maître des estampes pour un dilettante. En effet, ce dernier semble prendre son temps, contemplant des écureuils et d’autres beautés de la Nature plutôt que d’exécuter sa commande. Et si la réalité était tout autre?

L’histoire se présente comme une fable ou un conte philosophique: des personnages sous forme d’animaux (un cochon pour le riche mandarin et un renard pour le maître des estampes) et à la fin une morale pleine de sagesse à méditer: « des deux vies du papillon, ce n’est pas celle de la chenille que l’on retient, mais celle du papillon ».  Thierry Dedieu arrive également à distiller du suspense dans l’acte de création d’un artiste.

Après l’histoire, l’auteur a mis un carnet de croquis qui reprend les différentes illustrations d’estampes qui étaient, à bien y regarder, déjà présentes sous les pinceaux du maître des estampes et qui nous renvoient à nos propres observations d’écureuils lors de nos balades en forêt. Comme quoi ma digression initiale sur Dedieu m’a peut-être été inconsciemment dicté par ma lecture, Thierry Dedieu étant maître de changer son style suivant son propos. Ici, par des illustrations peu colorées, épurées et sobres, il reprend l’idée philosophique que la Nature est par essence la plus belle des œuvres d’art et que le rôle de l’artiste est de la reproduire le plus fidèlement. Pour autant, il arrive à la sublimer. Un très bon moment de lecture avec cet album jeunesse qui pourra ouvrir le débat philosophique avec les plus jeunes!

Participation #14 Un mois au Japon 2021 de Hilde et Lou #Album jeunesse

Participation #37 au Challenge Contes & Légendes 2021 de Bidib #Fable/Conte philosophique

Challenge Petit Bac d’Enna #8 Catégorie Objet: « Estampes »

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